[#PRÉSIDENTIELLE2017] Ni les sondages, ni les médias n’empêcheront Barthélemy D. de défendre ses convictions. Déçu par « les grands candidats », ce jeune comptable de 25 ans ira voter pour celui qui est crédité de moins de 1% des intentions de vote, François Asselineau, candidat de l’UPR (Union Populaire Républicaine). Rencontre.

Poings fermés, carrure droite, Barthélémy D. ne reviendra pas sur son choix. Le 22 avril prochain, il votera François Asselineau. Pourtant, il y a cinq ans, le jeune comptable soutenait celui qui aujourd’hui est à deux pas du podium : Jean-Luc Mélenchon. “J’ai toujours soutenu les idées de gauche. Lors de la présidentielle de 2012, je trouvais que François Hollande était celui qui était le moins à gauche alors que Jean-Luc Mélenchon prévoyait d’augmenter le SMIC à 1 700 euros. C’était quelque chose qui m’a beaucoup intéressé”, confie-t-il. Aujourd’hui, les choses ont changé. Même si Barthelemy continue d’apprécier le candidat de la France Insoumise, il ne le soutiendra pas : “La France a besoin d’une nouvelle tête et d’idées nouvelles. On ne sait pas trop ce qu’Emmanuel Macron veut faire. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il a pratiquement le même programme qu’en 2012. Et je ne pense pas que Benoît Hamon soit fiable. Il est revenu sur sa réforme du revenu universel avant même d’être élu président de la République. Imaginez-vous donc ce qu’il fera une fois à l’Élysée”.

Diplômé d’un DUT de Gestion des entreprises et des administrations (GEA) et d’un DEUG d’économie et de gestion à l’Université du Havre, Barthélemy se définit comme passionné par tout ce qui l’entoure. “Je m’intéresse beaucoup à l’actualité, à l’économie et à l’histoire. Sur internet, je me renseigne beaucoup sur Jacques Sapir, Maurice Allais ou encore Franck Lepage. Sur YouTube, je cherche de chaînes d’opinion, notamment Thinkerview” explique-t-il. C’est d’ailleurs ainsi qu’il découvre les idées de François Asselineau.

La France donne plus à l’Europe, qu’elle n’en reçoit »

Parmi les propositions qui attirent le jeune homme, chez le candidat de l’Union populaire républicaine (UPR), figure la sortie définitive de l’Union européenne. “Avec une dette publique estimée à plus de 90%, je ne souhaite pas me retrouver comme la Grèce, où les banques ne servent même plus les citoyens, explique Barthélemy. De plus, la France en donne plus à l’Europe, qu’elle n’en reçoit. Les autres candidats à la présidentielle proposent des référendums. Résultat : ils ne sont pas sûrs de sortir de l’UE, alors qu’Asselineau reste fidèle à ses objectifs ». Conscient des conséquences d’un éventuel Frexit, le jeune homme reste serein. « Lorsque j’étais étudiant, j’ai pu apprendre l’histoire de l’économie. Et le système d’une monnaie commune n’a jamais fonctionné », assure-t-il.

« Je trouve déplorable que François Asselineau soit le seul à évoquer des grandes orientations de politique économique (GOPE) », souligne Barthélemy. Les GOPE sont les feuilles de route rédigées par la Commission européenne. Chaque année, celles-ci déterminent les nouvelles réformes à adopter dans les Etats membres. « Dans son dernier rapport, la Commission européenne veut réduire le taux d’imposition des sociétés et veiller à ce que les réductions du coût du travail soient pérennisées. Je ne suis pas sûr que cela va résoudre le problème du chômage en France par exemple », finit-il.

J’ai le sentiment de vivre dans une société Big Brother”

Lorsqu’il s’agit de s’informer sur ce qui l’entoure, Barthélémy D. a une préférence pour les réseaux sociaux : Twitter, YouTube, Facebook… tous les moyens sont bons pour puiser son savoir. Cependant, le jeune homme opte pour l’anonymat sur ces derniers. « Je refuse de laisser toute trace de moi sur internet. J’ai le sentiment de vivre dans une société Big Brother, où tout est contrôlé. Je veux me préserver », avoue-t-il. C’est d’ailleurs à ce moment que le jeune comptable nous a demandé de ne pas divulguer son nom, ni sa ville de résidence.

Pour Barthélemy, François Asselineau est le candidat qui défend le mieux la sécurité numérique des Français. « Dans son programme législatif, il est contre la surveillance généralisée. Il prône le respect de la vie privée des Français ». En effet, le candidat de l’Union Populaire Républicaine propose dans son programme présidentiel une réduction des dispositifs de vidéosurveillance, une neutralisation d’internet, ou encore une limitation des plans vigipirates à deux mois. “Je ne suis pas sûr que l’état d’urgence, qui dure depuis déjà plus d’’un an, ait un impact sur le terrorisme, souligne-t-il. J’ai plus le sentiment qu’ils ont utilisé l’état d’urgence pour intervenir dans les manifestations ».

Référendums d’initiative populaire, reconnaissance du vote blanc, sortie de l’OTAN 

Au-delà de ces deux propositions, Barthélemy apprécie que François Asselineau attribue un rôle aux Français dans son programme. « Ce qui m’intéresse chez lui, c’est qu’il accorde plus d’importance au peuple. Il propose par exemple l’instauration de référendums d’initiative populaire, la reconnaissance du vote blanc ou encore le fait qu’il veuille se séparer de l’OTAN et de tout conflit… Les idées qu’il propose pourraient vraiment régler la plupart de nos problèmes », assure-t-il.

Quant aux médias, le jeune homme a l’impression “qu’on ne nous dit pas toute la vérité ». Pour lui, « il est important que les médias puissent dire la vérité aux Français. Le problème, c’est qu’ils sont souvent dirigés par de grands bussinessmans et donc manipulés », assène-t-il dans une formule un brin complotistePour être bien informé,« il faudrait nationaliser des médias comme TF1, professionnaliser davantage le CSA, ou encore diversifier les rédactions et le contenu qui passe à la télé”, comme le propose le candidat à la présidentielle dans son programme.

Même si les sondages prédisent une défaite assurée de François Asselineau au premier tour, Barthélemy ne perd pas espoir : “Les sondages ne sont pas assez représentatifs. Si on prenait en compte tous les militants qui le suivent sur internet, François Asselineau ferait bien plus que 0,3% ». Quoi qu’il en soit, une chose est sûre, le jeune homme votera par conviction. « S’il perd, j’espère que mon vote aura servi à porter ses convictions. J’aimerais que le prochain président de la République fasse quelque chose de ses idées ».

Sabrina ALVES

Articles liés