[#PRESIDENTIELLE2017] Au quartier Floréal de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, les électeurs se sont levés tôt pour aller voter. La maison de quartier qui sert de bureau de vote ne désemplit pas. Reportage. 

La maison de quartier de Floréal se niche au milieu des tours HLM dans ce quartier plutôt tranquille isolé à l’est de Saint-Denis. Habituellement, le lieu accueille les habitants pour des cours de danse ou d’initiation à l’informatique, mais en ce jour d’élection, c’est ici que les Français viennent accomplir leur devoir civique. En ce dimanche matin, on vient voter en couple ou en famille, les générations se croisent mais peu de jeunes se sont levés de bon matin pour voter. Ce sont surtout des plus de 50 ans et des retraités que l’on croise.

« J’ai découvert le mot ‘prafiste’ et je me reconnais plutôt bien dedans »

A Floréal, les votants n’expriment pas vraiment de crise de confiance envers les politiques. Samuel, 36 ans, est venu voter avant d’aller travailler, un café à la main. « Je m’étais promis de venir voter seulement le jour où le vote blanc serait reconnu, j’ai découvert le mot « prafiste » [pour « plus rien à foutre »] et je me reconnais plutôt bien dedans. En fait, je suis venu parce que ma mère m’a saoulé ces derniers jours pour que j’aille voter ! J’ai donc voté Mélenchon, pour lui faire plaisir« . Mariam 21 ans, a, elle, voté pour François Asselineau. « Il m’a plutôt convaincue lors des débats télévisés. J’espère qu’il passera au second tour, sinon j’irais voter contre la droite et surtout l’extrême-droite« .

Pour une majorité de votants, cette élection est plus importante que les autres. Le flux d’électeurs est permanent, celles et ceux qui n’habitent plus le quartier mais qui y sont toujours inscrits sont nombreux à s’être déplacés, parfois même depuis le Val d’Oise voisin. En 2012 déjà, le bureau avait enregistré une participation supérieure à la moyenne de la ville. Acquis à la gauche, François Hollande y avait remporté plus de 80% des suffrages au second tour. Ici, à 11h, le taux de participation s’élevait à 14% : 130 électeurs ont voté sur les 924 inscrits. Un chiffre satisfaisant selon la présidente du bureau.

Mélenchon et Macron plutôt qu’Hamon

Un seul primo-votant a fait le déplacement sans être accompagné par ses parents : Zakaria 18 ans. À première vue, le jeune homme a plutôt l’allure du jeune abstentionniste désintéressé du débat politique, bonnet vissé sur la tête et sacoche en bandoulière. « Je suis venu pour voter Jean-Luc Mélenchon. C’est le seul qui sort du lot, autrement je ne serais pas venu voter. C’est le seul qui est pour la paix en voulant sortir de l’OTAN et qui défend les musulmans« . Quand on lui demande s’il voit le candidat de la France insoumise au second tour, il répond que « c’est possible, de toute façon s’il ne passe pas, je ne viendrais pas au second tour, à moins que Benoît Hamon passe« .

Le candidat socialiste semble être en effet délaissé par les électeurs du quartier qui lui préfèrent un candidat plus en posture d’être finaliste. Antonio, 28 ans, est venu voter avec son frère de 19 ans et sa mère : « J’ai toujours voté depuis que j’ai ma carte d’électeur. C’est mon père qui m’y a incité. On a tous les trois voté Macron. À la base, on penchait plus pour Hamon mais Macron est le seul à pouvoir faire barrage à la droite.« 

Plutôt qu’un vote d’adhésion, on retrouve ce vote utile chez Judith, 49 ans, et sa mère Simone, 78 ans. « On a besoin de stabilité. J’ai toujours voté mais là, c’est vrai que cela a été compliqué de choisir. Cette campagne a été très instable. Je n’ai pas beaucoup écouté les informations dans les médias pour faire mon choix« . Michelle, 67 ans, jeune retraitée à l’allure sportive, acquiesce. « Je pense que les événements récents, les révélations sur les candidats, les affaires, l’attaque sur les Champs Elysées cette semaine… vont avoir une influence sur le vote. Il faut quelque chose de ferme pour la France, un grand changement« . La question est désormais de savoir lequel.

Victor MOUQUET

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