[#LÉGISLATIVES2017] Candidat dans la 10ème circonscription de Seine-Saint-Denis, François Asselineau doit lutter pour exister face à des candidats plus ancrés dans le territoire que lui. Mais c’est l’occasion pour l’ancien candidat à l’élection présidentielle de mesurer sa notoriété dans les quartiers et de savoir si les thématiques qu’il défend font mouche parmi les électeurs du 93. Et ce n’est pas gagné. Reportage.

La météo est estivale à Aulnay-sous-Bois et la chaleur supportable pour des familles voulant profiter du grand air en allant dans les parcs ou sur les terrasses des cafés. Une occasion pour parler des élections législatives avec les Aulnaysiens qui, disons-le, ne passionne pas les foules. Ici, une candidature a le mérite de ne pas passer pas inaperçue, celle de François Asselineau. L’ancien candidat de l’Union populaire républicaine (UPR) à l’élection présidentielle a jeté son dévolu sur la 10ème circonscription de Seine-Saint-Denis, qui comprend Aulnay-sous-Bois, Les Pavillons-sous-Bois et Bondy sud-est. Le choix ne doit rien au hasard : c’est là où il a réalisé un de ses meilleurs scores le 23 avril dernier, tout particulièrement à Aulnay-sous-Bois, avec 2,2 % des voix. Sur le papier, c’est un score faible, mais François Asselineau compte bien capitaliser sur sa petite notoriété médiatique de candidat à l’élection présidentielle.

Le moins que l’on puisse dire c’est que son image diffère selon les générations ici à Aulnay-sous-Bois. « Il vient d’un autre âge », assène sèchement Abdel A. Ce chauffeur de taxi se montre assez critique sur le principal axe du programme d’Asselineau qu’est la sortie de l’euro, « irréalisable » à ses yeux. Rémi, ancien employé de la RATP à la retraite, est encore plus tranchant : « Il ne m’intéresse pas« . En revanche, quand on s’adresse à des Aulnaysiens plus jeunes, la présence d’Asselineau dans la circonscription est plutôt bien perçue. « Ça donne un peu plus de considération à la ville. Ce n’est pas n’importe quel candidat. C’est quelqu’un qui s’est présenté à la présidentielle » souligne Mehdi Bouaoudia. « Les gens ne s’attendaient pas à ce qu’il soit candidat ici. C’est une bonne surprise pour eux » indique Yves Teixeira, suppléant de François Asselineau dans la circonscription.

Asselineau parachuté 

Pour certains, la candidature du leader de l’UPR n’est pas autre chose qu’un parachutage. « Il n’habite dans aucune ville concernée par l’élection », souligne Rémi. « Il n’a aucune chance », renchérit, pour sa part, Abdel A. « Le député n’est pas le représentant de la circonscription » mais de « l’ensemble du peuple français« , se défend François Asselineau qui indique que c’est dans cette circonscription qu’il a eu « la plus forte augmentation de voix par rapport aux élections régionales de 2015″ et que la loi l’autorise à candidater où il veut. « Il est traditionnel que les candidats essaient de choisir des circonscriptions où ils peuvent faire le meilleur score » se justifie-t-il, prenant les exemples de Jean-Luc Mélenchon, candidat à Marseille ou de Daniel Goldberg, le député socialiste sortant, qui y a été parachuté – avec succès – en 2012.

Les militants UPR croient aux chances de leur leader. « On peut faire un score qui va étonner tout le monde » prévoit Teixeira. « Ça va dépendre de l’abstention, de la division des concurrents, avec une candidate de la France insoumise face à un candidat du PC, de l’état du PS ici« , précise, pour sa part, Yves Jennan, candidat UPR dans la neuvième circonscription voisine de Seine-Saint-Denis.

François Asselineau sur tous les fronts

Débat organisé avec les candidats le 26 mai, à La Rose des Vents à Aulnay-sous-Bois.

Toutes les opportunités sont bonnes pour Asselineau de marteler son message auprès des électeurs. Le voici participant à un débat, vendredi 26 mai, organisé dans le quartier La Rose des Vents, par l’Espérance musulmane de la jeunesse française (EMJF), une association musulmane basée à Aulnay-sous-Bois depuis une vingtaine d’années, lieu de débat culturel et citoyen. Objectif de cette rencontre : « faire sortir les familles au maximum afin de faire développer un esprit critique et une ouverture culturelle », explique Mounir Bouabdellah, membre de l’association.

Sur les 11 candidats, seuls 4 ont honoré l’invitation : Daniel Goldberg, le baron local et Billel Ouadah, candidat d’En Marche avaient, nous disent-ils déjà prévu des rencontres avec des électeurs tandis que les autres étaient injoignables. François Asselineau était bien là lui. Il en a profité pour marteler un discours de défense de la souveraineté nationale et des « grands services publics à la française« , en lançant des piques au passage contre le président Macron, lié, dit-il aux décisions prises par la Commission européenne à Bruxelles, qui transformera les Français en « esclaves d’une oligarchie financière » selon le candidat. Rien que cela ! Les coups fusent aussi contre une zone euro qui provoque une « paupérisation générale » et fustige l’importation du modèle culturel anglo-saxon, à travers la télévision, remettant en cause le modèle universel français. « Un modèle où tout le monde, quel que soit le citoyen, quelle que soit sa religion, quelle que soit son orientation sexuelle, le garde dans sa sphère privée », déclare François Asselineau à la tribune, assez applaudi dans la salle. Néanmoins, à l’applaudimètre, c’est Ambre Froment, candidate de la France insoumise dans la circonscription, qui l’emporte.

Un discours anti-européen qui s’oppose aux réalités locales

La ligne anti-européenne d’Asselineau, partisan de la sortie de l’Union européenne et de l’euro, qui a pu à certains moments être son point fort, est apparue comme un point de faiblesse lors de ce débat. Ses adversaires s’en sont donnés à coeur joie. Alain Ramadier par exemple, le candidat de l’alliance LR-UDI, par ailleurs adjoint au maire d’Aulnay-sous-Bois, ne manque pas de rappeler que plusieurs programmes sociaux à Aulnay-sous-Bois, aboutissant à des emplois, ont été grandement financés par le Fonds social européen.

Chahuté, François Asselineau veut y croire, persuadé qu’il peut tirer profit d’une vie politique en peine mutation et d’un éparpillement des candidats dans cette circonscription : crise au FN, « Debout la France » bousculé, sans oublier les Républicains profondément divisés, un Parti socialiste en état de mort clinique et une France insoumise en guerre ouverte avec le Parti communiste français qui présentent chacun un candidat. Il nous assure que son parti l’UPR enregistre de nouveaux adhérents. « En un mois, 1 600 nouveaux se sont enregistrés. C’est beaucoup. Et donc, je suis assez confiant sur le fait qu’on va poursuivre notre ascension ». Il est comme ça François Asselineau, adepte de la méthode coué, affirmant qu’il serait « la surprise du premier tour » et « qu’il pourrait être au second tour » . L’histoire lui a donné tord avec avait ses 0,9% des voix mais sur la planète politique, comme ailleurs, l’espoir fait vivre.

Jonathan BAUDOIN

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