#LaRentréeDesBâtisseurs Anina Ciuciu, 27 ans, est élève avocate et militante pour les droits humains. Aujourd’hui, elle est candidate aux élections sénatoriales en Seine-Saint-Denis. Avec sa liste « Notre avenir » composée d’élus locaux et de personnalités de la société locale de la Seine-Saint-Denis, elle souhaite ancrer son combat sur le terrain de l’égalité.

« J’ai découvert ce secret qu’après avoir gravi une haute colline, tout ce qu’on découvre c’est qu’il y en a encore beaucoup d’autres à gravir(…) Mais je ne peux me reposer que pour un moment, car avec la liberté viennent les responsabilités, et je n’ose pas m’y attarder car ma longue promenade n’est pas terminée », Nelson Mandela

A l’heure où on se nomme par communautés, appartenances ethniques, religieuses ou raciales, nous avons aussi tendance à diviser nos combats. Que fait-on pour les Roms? Pour les musulmans? Pour les asiatiques? Pour les réfugiés?  « Que fait-on pour notre avenir? « . Concrètement. Je dis « notre » parce que la réalité du terrain c’est que dans les quartiers populaires, la misère des un.e.s fait la misère des autres. Forcément, en tant que romni qui a grandi dans les bidonvilles puis dans des quartiers populaires, c’est de là que je parle. La misère, le statut d’étranger et la violence des discriminations à l’éducation, à l’emploi, au logement et à la santé, celle de la pollution, de la malbouffe, je les connais bien pour les avoir vécues directement. Mais en grandissant et en parvenant, grâce à mes efforts et aux sacrifices de mes parents à sortir de la condition à laquelle cette violence nous condamne, j’ai pu constater que nos conditions de vies affectait celle des autres – et inversement.

On peut se tourner les uns contre les autres, se battre « chacun pour soi « , chacun chez soi. On peut regarder les familles mendier, les mineurs isolés et réfugiés dormir dans la rue, les sans domicile fixe mourir de froid. On peut fermer les yeux sur les violences que subissent les femmes, qui en tuent une tous les trois jours en France ; sur les conditions dans lesquelles les enfants des quartiers les plus défavorisés sont scolarisés ; sur l’eau qui devrait être potable mais qui en empoisonne de milliers ; sur les discriminations à l’embauche, les inégalités salariales, les violences policières, les conditions de travail déplorables et les associations qui tentent de ramasser les pots cassés sans moyens. Et se dire : « ce n’est pas mon problème parce que ça ne nous est pas encore arrivé ». Mais ce déni collectif, ce déni d’humanité, c’est le déni de notre propre humanité.

Il y a des solidarités sur le terrain, des savoirs qui en ressortent pour combattre ces fléaux. Des solutions venues d’autres pays européens, d’associations, d’entrepreneur.e.s. Il y a des voix qui s’expriment, mais qui ne sont pas entendues, ou devrais-je dire pas relayées.

C’est pour remédier à cela qu’avec un groupe d’ actrices et acteurs de terrain séquano-dionysien.ne.s, des hommes et femmes qui partagent la vie réelle et les combats des habitants du 93, nous avons décidé d’abattre des cloisons qui nous séparent et nous affaiblissent, qu’on les appelle ethniques, religieuses, raciales ou partisanes. Nous avons choisi de montrer qu’il est possible de nous protéger, non pas les un.e.s des autres, mais les un.e.s les autres. Nous faisons le pari de présenter une liste pour les élections sénatoriales, non pas contre les partis, mais au delà, pour pouvoir être force de proposition pragmatique, issue des expériences et savoir-faire, des voix que l’on n’entend jamais.

Cette liste s’appelle « Notre Avenir ». Parce que nous savons que les plus précaires, les plus marginalisé.e.s, les plus stigmatisé.e.s vivent ensemble et que nous devons inventer ensemble le chemin qui nous mènera vers l’amélioration d’un sort qui, si nous ne prenons pas ensemble nos vies en main, s’aggravera encore.

Ensemble, nous tenterons de soigner ce qui nous cause les douleurs les plus immédiates. Nous écouterons et observerons les expériences et les savoir-faire, toutes les idées qui sauront nous aider à faire que notre travail au Sénat, nos propositions de loi, nos amendements, nos votes, nos interpellations du gouvernement et nos participations aux commissions d’enquêtes servent à rendre la vie de tous meilleure.

Une campagne électorale n’est pas le fait d’une seule personne. Elle doit porter haut la voix et le désir de tous ceux, qui habituellement, ne sont pas, mal ou peu entendu.e.s. Elle doit porter notre rêve d’un pays qui appartient à tous et qui fait à chacun la promesse qu’il pourra devenir ce qu’enfant il rêvait d’être. Notre vision d’un avenir où l’autre quel qu’il soit n’est plus un danger anonyme, mais un(e) prochain(e), un(e) ami(e), un(e) voisin.e dont le sort nous est aussi précieux que le notre. Nous rêvons d’un pays qui soit tel que celui rêvé par nos parents qui l’ont choisi pour y faire naître leurs enfants.

Peut-être que ce chemin nous conduira au Sénat. Peut-être pas. Quoi qu’il advienne l’issue ne sera jamais qu’une étape car notre chemin ne s’arrêtera pas. Un mandat électoral est un moyen et non une fin. Plus que de gagner, il s’agit de réussir. Il doit servir à nous conduire ensemble plus loin vers ce que nous voulons : que la République soit concrètement fidèle à chacun, tout le temps et partout à sa promesse originelle, celle de permettre à chacune et chacun de devenir une femme ou un homme libre, heureux-se, de réaliser le meilleur de la puissance d’avenir que tout être humain contient. Quelle que soit l’issue de cette élection, la campagne est déjà une victoire puisqu’elle nous emmène plus loin et plus nombreux sur ce chemin que par tout moyen nécessaire nous poursuivrons !

Anina CIUCIU, tête de liste « Notre avenir » avec Mehdi Bouteghmes, Véronique Decker, Vassindou Cissé, Claire Nicolas, Lionel Brun, Fatou Meite, Sébastien Freudenthal

Crédit photo : Mohammed BENSABER

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