Il est dix-neuf heures ce mardi soir et les locaux de l’association sont en pleine effervescence. On entend des rires d’enfants, certains arrivent, d’autres s’en vont. C’est le quotidien d’Asad (pour « Action de solidarité pour l’autonomie durable »), une structure active depuis vingt ans au milieu du quartier des 4000, à La Courneuve.

Chaque soir, ils sont une quarantaine d’enfants et d’adolescents de tous âges à faire vivre la structure. Et si ce sont des rires que nous avons entendus, ne vous méprenez pas : les enfants que l’on entend sont bien en train de travailler. « Nous avons décidé de faire travailler les élèves qui viennent ici de façon ludique, explique Aly Diouara, le secrétaire général de l’association. Cela correspond à notre état d’esprit : stimuler par l’épanouissement. Par exemple, là, ils jouent à l’épervier mais on y a rajouté des règles de calculs mentaux. »

160 adhérents, 75 bénévoles, 0 salarié !

Les locaux sont grands, suffisamment pour recevoir beaucoup d’enfants. Il y a une salle de jeux, une salle de classe et une salle de vie. Ce soir-là, les élèves présents sont de tous niveaux, du CE1 au CM2. Dix adultes les accompagnent, bénévoles ou volontaires en service civique. Pas de salarié car, malgré ses 160 adhérents, l’association n’en compte pas.

Aly et les autres, pourtant, ne comptent pas leurs efforts. Les locaux d’Asad sont ouverts du lundi au dimanche et reçoit plus de 150 bénéficiaires au total, répartis entre la grande section de maternelle et le baccalauréat. « L’ouverture du niveau grande section existe depuis l’année dernière, détaille l’homme à tout faire d’Asad. Nous avons pu constater une différence entre un élève qui passe par chez nous avant d’entrer au CP et un autre. »

Si l’ambiance est plutôt joviale en salle de jeux, elle est bien plus calme et studieuse en salle de classe. Ces élèves de primaire sont accoudés sur leurs tables, dans le silence. Aly explique l’investissement de chacun d’entre eux : « Il y a un temps pour tout. Là, visiblement, ils sont au calme. Ils connaissent les règles. Ils viennent d’eux-mêmes. »

Je me suis dit que je pouvais apporter quelque chose à mes petits frères et sœurs

Depuis sa création, ASAD a pour but d’offrir des perspectives d’avenir et une réussite plurielle aux jeunes de La Courneuve. Aly a commencé jeune en tant que bénévole. Il raconte : « J’avais 17 ans, j’ai vu de la lumière, j’étais curieux, je me suis dit que je pouvais apporter quelque chose à mes petits frères et mes petites sœurs. Au fil des années, je suis resté et mon investissement personnel a évolué avec le temps. »

L’investissement dont il parle, c’est une des valeurs essentielles à Asad. Et son secrétaire général est bien placé pour en parler : « Nous avons en tout 75 bénévoles qui participent au bon fonctionnement de l’association. Ce sont des professionnels de l’enseignement, des étudiants ou des anciens élèves qui veulent nous rendre la pareille en s’investissant à leur tour. Sans oublier les 10 volontaires en service civique. »

Le « Bac-Permis-Bafa », dispositif-phare

Une recette qui a fait ses preuves en vingt ans d’existence. Exemple avec le dispositif-phare d’Asad : le « Bac-Permis-Bafa ». Sorte de « salade-tomate-oignons » de la réussite, ce projet permet chaque année à des jeunes triés sur le volet de préparer, dans la même année, le baccalauréat, le permis de conduire et le Bafa (Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur), et tout ça à moindre coût.

La perspective est alléchante et elle attire de nombreux jeunes. Mais pour y entrer, il faut d’abord faire ses preuves. « Nous leur imposons une sorte de test à la rentrée, explique Aly. Ils doivent lire pendant l’été un certain nombre de livres qu’on leur impose. » S’ensuivent environ quatre séances par semaine auxquelles l’assiduité est évidemment obligatoire, sous peine d’être écarté du dispositif. Une rigueur qui paie, puisque le dispositif culmine à 100% de réussite au bac.

Au rang des objectifs fixés par Asad, l’épanouissement de tous, l’ouverture à travers la culture, le sport et la citoyenneté ou encore la réussite scolaire. Aly Diouara résume le leitmotiv général : « Asad, c’est comment favoriser l’excellence en conjuguant les talents. »

Des sorties à Disney ou au musée Grévin

Certains élèves font partis de l’association depuis le début de leur scolarité. Les encadrants établissent des liens étroits avec les parents ou encore avec les différents intervenants scolaires. De quoi faire des enfants de vrais petits membres de la « famille Asad ». A l’image d’Ines, 9 ans : « Je suis en CM2 et je viens ici depuis que je suis rentrée au CP. L’année prochaine, je rentre en sixième dans un collège privé. Je continuerai à venir à Asad car on travaille mais on fait aussi des sorties super intéressantes. »

✅ « 7 jours, 7 photos »Tous les groupes ont été de sortie ou en activités…- Grande Section Maternelle & CP à…

Publiée par Asso Asad sur Dimanche 3 mars 2019

En effet, les sorties culturelles sont un point essentiel de ce que propose ASAD. Un moyen de révéler les talents et les centres d’intérêt des enfants. Fouad, 8 ans, raconte avec des étoiles dans les yeux celles qui l’ont marqué : « On est allé à Disney, au Musée Grévin, au musée du chocolat et ça c’était trop bien. » Les responsables d’Asad tiennent à cet alliage entre discipline de travail et sorties pluridisciplinaires : « Les jeunes savent que l’association leur appartient mais elle appartient aussi à tout le monde. Pour eux, en faire partie est une vraie fierté. »

C’est ainsi que, depuis 20 ans, Asad poursuit son travail d’accompagnement scolaire, sur le terrain, avec une structure solide et une machine bien huilée. Au vu des rires et des sourires, des succès passés et présents, l’objectif initial paraît bel et bien rempli.

Audrey PRONESTI

Crédit photo : ASAD

Aly Diouara était l’invité du Bondy Blog et de France Bleu Paris ce vendredi. Pour prolonger cet article, Aly était notre Bâtisseur du mois. 

 

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