#LaRentréeDesBâtisseurs Abdessamad Youssfi, 24 ans, est membre de Ghett’up, une association qui souhaite donner les outils et la confiance en soi nécessaires aux habitants des quartiers populaires. L’objectif : révéler leur potentiel individuel et citoyen.

Fini les dossiers qui s’empilent, les projets vagues et les réunions sans fin, voici les conseils de Ghett’up pour faire de l’associatif à l’ère start-up.

1/ Branding : Tu vois MHD et MC Solaar ? Ils font tous les deux du rap mais impossible de les confondre. Pourquoi ? Leur branding !

C’est pareil pour la perception ou l’image qu’a un public de ton association. Elle ne peut pas être confondue avec une autre.

Chez Ghett’up, on a adopté une communication décalée en reprenant les codes des quartiers (rap, graffiti, streetwear) et en les assimilant aux codes plus traditionnels du monde professionnel avec un message : « la banlieue c’est de la bombe ! »

2/ Lean start-up : T’as déjà fait à manger ? Genre un poulet aux olives ? Comme presque tout le monde, t’as dû tester plusieurs fois la recette de Marmiton (voire Choumicha) pour maîtriser le goût citronné, non ?

C’est la même chose pour l’associatif, il faut tester son projet sur un public restreint avec des moyens limités. Pourquoi ? Pour valider le concept avant de lancer officiellement ton projet à plus grande échelle.

Chez Ghett’up, avant de lancer les afterworks du bendo (soirée de rencontres professionnels en banlieue), on a testé une version-test à Stains dans un cadre plus modeste avec notre réseau proche d’une trentaine de personnes.

3/ Community development : « Qu’est ce qui est jaune et qui attend ? » « Partagez svp » « Despacito » « Chui pas venue là pour souffrir okay ? » Leur point commun ? Ils ont saoulé tout le monde depuis janvier 2017.

A ton tour ! Mets les moyens en place pour parler de soi et fédérer une communauté autour de ton association, utilise les réseaux sociaux, envoi des mails, fais du bouche-à-oreille (pas du bouche à bouche). Bref, développe ton réseau et saoule la terre entière !

Chez Ghett’up, pour initier le développement de la communauté, chaque membre de l’association a communiqué sur nos actions auprès de ses amis et de son réseau professionnel. Ensuite, le bouche-à-oreille a pris le relais.

4/ Relation client : « Bonjour, ici Joséphine, vous avez un problème avec votre free ? vous avez fait reset ? vous avez redémarrer la free ? vous avez enlevé le câble ? » Vous en avez marre des discours robotisés et formatés des services clients ?

C’est l’un des points sans doute les plus importants : offre un contact privilégie à ta communauté avec des échanges humains et personnalisés.

Chez Ghett’up, on a décidé de répondre à chaque mail de manière individualisé. Ça prend du temps mais c’est le seul moyen pour être proche de sa communauté.

5/ L’analytics : Les accros à la muscu comprendront. Quand tu lèves de la fonte et que tu mesures ton biceps chaque jour pour savoir si t’aurais, par hasard, pas pris un millimètre de tour de bras. Sans piqûre bien sûr.

La même dans l’association ça donne ça : mesurer l’impact de toutes les actions que tu entreprends pour développer ton association.

Chez Ghett’up, on a mis en place des questionnaires de satisfaction ainsi que des outils qui permettent d’analyser les statistiques de notre site et de la newsletter. Il y a beaucoup de chiffres, mais on a un pro de l’Excel dans l’équipe. Ouf. D’ailleurs, qui utilise Excel pour suivre l’évolution de ses muscles ?

6/ Le growth marketing : C’est le moment d’être radin(e). C’est comme chez Action, on trouvera bientôt des billets de 20 euros à 6,90 euros… Fais pareil. Un euro doit t’en faire gagner minimum deux !

Si tu as respecté les points précédents, les choses sérieuses commencent maintenant. Le growth marketing, c’est un état d’esprit très pragmatique : tu veux que chacune de tes actions soit la moins coûteuse mais avec l’impact le plus fort possible, le tout en prenant le temps de la réflexion.

Chez Ghett’up, c’est un état d’esprit qu’on essaye d’avoir notamment en optimisant le rapport effort/impact de nos actions.

7/  Pour rester indépendant, un BM est essentiel. Pas les gâteaux. Ni la voiture.

Le Business Model ou comment ton association gagne de l’argent pour s’auto-financer. Les financements auprès des institutions, c’est bien beau mais ça peut s’arrêter à tout moment et les démarches sont souvent longues et fastidieuses. Sans doute le point le plus compliqué de tous dans le secteur associatif. L’argent ne fait pas le bonheur mais quel bonheur d’en avoir, disait Napoléon.

Chez Ghett’up, on essaye d’imaginer et d’envisager tous les types de business model possibles (abonnement, don, crowdfunding…).

8/ Dernier conseil : ne pas succomber aux propositions trop alléchantes et à la récupération. Garde ton cap et rappelle-toi pourquoi tu as lancé ton association. Tu donnerais ton gosse à quelqu’un toi ?

Abdessamad YOUSSFI avec Kozi PASTAKIA

Articles liés