EUROPEENNE 2014. Seuls l’Ile-de-France et l’Ouest ont échappé à la poussé du Front national qui emporte près de 25 sièges au Parlement européen avec 25% des suffrages exprimés. L’UMP arriverait derrière avec 20% et le PS en troisième position, en dessus de la barre des 15%. Réactions.

Ça y est, c’est arrivé. Le FN est en tête à une élection. Les municipales n’ont été qu’un apéritif. Certains voudront minorer cette victoire, 25 sièges, se disant que ce ne sont « que » les élections européennes. Les (ir)responsables politiques, tant ils ont alimenté la bête en reprenant les idées-phares du parti de Jean-Marie, vont s’affoler sur les plateaux télé et ressortir les expressions devenues des classiques depuis le 21 avril 2002 : séisme, coup de tonnerre.

Les médias principaux vont titrer sur la vague bleue marine, servant aux lecteurs sans sourciller les éléments de langage du parti d’extrême-droite. Oui, relooking ou pas, le FN reste un parti d’extrême-droite. Ce n’est pas en repeignant les murs qu’on sauve une maison aux fondations pourries. La haine de l’étranger, de l’islam, des banlieues perdure au pays de Marine Le Pen. La sortie récente du père sur Ebola démontre à quel point il reste fidèle à ses idées, au grand dam de sa fille qui essaie de le faire passer pour un papy gâteux. Lui aussi devrait aller au Parlement européen. Le comble du cynisme reste que ce parti qui abhorre l’UE remporter les élections européennes. Pour mieux la saborder en association avec leurs alliés extrémistes de tous pays.

Ce soir je ne sais pas comment réagir, le dégoût et la déception prédominent. J’ai honte du choix de mes compatriotes. J’en veux aux abstentionnistes qui se trouvent toutes les excuses du monde pour ne pas voter, ouvrant un boulevard au FN. J’en veux aussi aux politiques incapables de tenir une campagne digne de ce nom rendant opaques les enjeux européens.

Depuis 2002, le vote FN est un épouvantail brandi par une minorité silencieuse. A ce vote sanction, personne n’a trouvé d’antidote. Je m’interroge. Quelles alternatives avons-nous ? Manifester ? A quoi bon? Épingler des pin’s à nos vestes pour dire qu’on est contre le racisme ? Déjà fait avec le succès qu’on connaît… En fait la réponse est simple et tient en un mot: sursaut. Les partis politiques doivent enfin devenir responsables, tenir leurs rangs en respectant leurs promesses et leurs électeurs. Vont-ils enfin entendre la détresse du pays ? Les journalistes vont-ils cesser de s’intéresser à l’écume de l’information pour retourner sur le terrain ? Était-ce bien nécessaire de passer quatre jours à spéculer sur la destination de Souad Merah ?

En fait, je ne sais pas si tout ça servirait à quelque chose. Une chose est sûre, ce soir, je me dis que nous je pouvons pas attendre Monseigneur Ebola sans ne rien faire.

Faïza Zerouala

Stop a l’inaction gouvernementale

Ça y est, on y est. Ce soir, le FN a fini premier parti de France aux élections européennes. Je dis bien ce soir. Car malgré son score incroyable, il a clairement profité de l’énorme abstention. Malgré tout, il faut enfin prendre conscience de la situation. A ce rythme là, on se dirige vers un FN au deuxième tour en 2017. Voir pire… Le rabattage médiatique sur leur « programme » et la campagne incroyablement inexistante n’y sont certainement pas pour rien.

Pas un soir sans reportage sur le FN ou leurs électeurs au 20h. Si la théorie du complot médiatique est farfelue, parler de contribution aux résultats de ce soir n’est pas interdit. Maintenant, deux mots : réaction et combat. Stop a l’inaction gouvernementale. Stop aux ministres ou ex-ministres qui se renvoient la balle sur leurs bilans respectifs. Réagissez! Combattez! Faites ce pour quoi on croit encore un peu en vous et bougez vous le cul ! Le gouvernement ne doit pas agir seul. Stop au « Tous pourris » et battons nous pour nos convictions !

Jonathan Sollier

Le coup de fouet n’était qu’éphémère

Il est 20 heures pétantes lorsque l’on apprend que le Front National devient le premier parti de France, avec près de 25% des votes d’après les premières estimations. Un score quatre fois plus élevé qu’en 2009 (6,3%). Le parti mené par Marine Le Pen a raflé la mise dans toutes les régions électorales, sauf dans l’Ouest et en Île de France où le Front se place derrière l’UMP.

Tandis que le Huffington Post en Allemagne titre « Choc en France : le parti d’extrême droite Front National gagne les élections européennes », la question est lancée dans l’espace public français : « à qui la faute » ?

Alors que Jean-Christophe Cambadélis fustige l’abstention qui « fait le lit de l’extrême droite », l’UMP évoque un « besoin de renouveau » dans la gestion de son parti. Le Parti Communiste Français souligne quant à lui le rôle des politiques d’austérités menées à l’échelle européenne tandis que les Verts, par la voix d’Emmanuelle Cosse, dénoncent le fait que les scores des municipales n’ont pas fait réagir la sphère politique française.

Alors à qui la faute ? A la grande gagnante ? L’abstention (56,5% d’après un sondage de TNS Sofres) ? Alors même que les campagnes européennes n’occupent qu’une place reléguée à la périphérie de l’information dans les grands journaux télévisés nationaux ? Alors même que près de 3/4 des français ne connaissent pas le rôle d’un eurodéputé par manque d’information ?

Le FN a percé en se démarquant des deux principaux partis nationaux. Un article de Marianne, publié en 2009, dénonçait le fait que le PSE (Parti Socialiste Européen) et le PPE (Parti Populaire Européen) votaient à 97% pour les mêmes textes de loi. Certains espèrent que cette victoire du FN poussera les autres partis à revoir leurs orientations politiques à l’échelle européenne, prises « loin des citoyens », prônant l’austérité budgétaire.

Trop d’optimisme ? Si en 2002 on avait évoqué l’arrivée du FN au second tour comme un électrochoc dans la sphère politique française, les résultats de ce soir nous ont prouvé que le coup de fouet n’était qu’éphémère.

Tom Lanneau

Devant le Qg du Front national, à Nanterre

Il est 20h00 quand les premiers résultats tombent. Comme les sondages l’avaient prédit, le FN est en tête, 24,95%. A Nanterre (92), au quartier général du Front national la surprise des sympathisants se lit sur les visages. Les militants se précipitent pour entrer dans le bâtiment. A l’intérieur, Marine Le Pen, le père et l’ensemble de l’équipe. De nombreux journalistes ont fait le déplacement. Tous attendent, l’intervention de Marine Le Pen qui se fera d’un moment à l’autre. A la porte deux hommes assurent l’entrer et les sorties de chaque personne. Ils font partis de la sécurité et sont membres du FN.  Avec une feuille à la main, ils demandent à chaque fois l’identité de la personne. Beaucoup de personnes ont dû se résoudre à ne pas franchir les portes.

Qu’à cela cela tienne, une femme habitant le XXième arrondissement parisien, attend devant la grille, dans l’espoir de voir la présidente du Front national. Elle a fait le déplacement dans l’espoir de pouvoir la féliciter, malgré ses béquilles. Le matin même, elle a voté son arrondissement vers 10h00. « Cette victoire du FN, dit-elle, donnera une bonne leçon à François Hollande ». « Le gouvernement actuel n’aide pas les français qui se trouvent dans le besoin. Il y a de nombreux Français qui souffrent et vivent dans les rues. Personne ne fait rien pour les aider. Alors que dès qu’il s’agit d’un sans papier, l’Etat les prend en charge. Marine Le Pen aidera les Français qui ont peu de moyens ». 

Elle a déjà vu Marine Le Pen, le jour ou elle sait rendu lors du 1er mai dernier à Paris. « Elle aurait aimé la revoir ». Mais en vain. Déçue, elle ne comprend pas que la sécurité laisse passer une grande majorité de journalistes. « Ce n’est pas juste que les journalistes puissent entrer alors les militants eux ne peuvent pas. Ce n’est pas eux qui ont voté pour le Front national. La plupart d’entre eux votent à gauche » conclut-elle.

Vincent, commercial, est sympathisant Front National depuis 10 ans: « J’ai voté Front National car je sais que ma voix va compter. Alors que les autres partis ne tiennent pas compte des promesses pour lesquelles ils ont été élu. Ce parti va nous rendre notre souveraineté, la liberté d’exercer un réel pouvoir au sein de notre pays. Aujourd’hui, le pays n’a plus les manettes et les moyens d’agir. C’est la Commission européenne qui agit ». Ce sympathisant souhaite que les « choses changent en France». Durant le discours de Marine Le Pen, cette dernière a demandé à François Hollande la dissolution de l’Assemblée nationale et de nouvelles élections. Le prochain objectif, composer un groupe parlementaire avec les autres partis d’extrême droite au niveau européen. En totalité, ils auront entre 23 à 25 députés qui siégeront au Parlement. Les regards des militants se tournent déjà vers 2017, ils y croient sérieusement à la prochaine élection présidentionnelle : « Marine Le Pen sera la prochaine présidente de la République » déclare une militante dans la rue.

Hana Ferroudj

 

 


 

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