A l’aube d’un Paris qui s’apprête à se changer en métropole, quelles perceptions les Franciliens ont des quartiers populaires, de leur évolution depuis 2005 et de l’action de la rénovation urbaine.

L’institut de sondage ViaVoice et la région Ile de France, dans le cadre du prochain magazine élaboré en partenariat avec le Bondy Blog, a questionné un échantillon de Franciliens (1003 personnes de plus de 18 ans) autour des quartiers populaires. L’Ile de France qui compte près de 12 millions d’habitants est un territoire sur lequel coexiste de fortes disparités : d’emploi, d’âge, de revenues, de mobilité, d’accès à la culture…

Que l’on réside en Seine-Saint-Denis, département où les revenus moyens sont les plus faibles (1384 euros par mois, contre 2043 euros à Paris, en 2010) ou dans le Val d’Oise (qui compte le plus de – de 20 ans, avec 29 % de la population) les perceptions des quartiers populaires restent marquées à la fois par les réalités territoriales et par la représentation que l’on a de ces derniers.

Ainsi, parmi les mots qui illustrent le mieux les quartiers franciliens, « le chômage » arrive en première position avec 53 %. Le chiffre est encore plus élevé chez les sondés résidant dans les Hauts-de-Seine (67 %) et la Seine-et-Marne (64 %), alors que ces départements sont les moins touchés par le chômage avec, respectivement, 7,7 % et 8 % de chômeurs contre 12,7 % en Seine-Saint-Denis. Viennent ensuite les mots « insécurité » (à 36 % pour la région et à 51 % en Seine-et-Marne, département le plus rural d’Ile-de-France), « jeunesse » (à 29 % pour la région et à 42 % pour Paris, ville la plus vieille avec seulement 19,5 % de – de 20 ans contre 25 % en France, selon l’Insee).

Et peu de choses semblent s’être améliorées depuis 2005, date des « émeutes » urbaines. Phénomène qui pour 41 % des sondés est amené à se reproduire et qui prend ses origines, selon les Franciliens, « dans le malaise social des quartiers » (47 %) et dans le « taux de chômage » (46 %, critère encore plus déterminant pour les + de 65 ans, à 60 %). Sur les changements, c’est en Seine-Saint-Denis qu’on est le plus optimiste, puisque 29 % des Dyonisiens estiment que les conditions de vie se sont améliorées (contre 18 % sur l’ensemble de la région). Pour 44 % des sondés, les conditions restent inchangées et 35 % d’entre eux estiment qu’elles se sont détériorées.

Si les quartiers populaires restent majoritairement caricaturés dans les médias, pour 48 % des Franciliens, la perception des politiques publiques est tout aussi négative, 41 % des Franciliens estiment que si les élus tentent de chercher des solutions, ces dernières ont peu de succès.

Rares notes positives sur la perception des changements et la qualité de vie, l’environnement qui pour 55 % des Franciliens est satisfaisant et la qualité des transports en commun, satisfaisante pour 57 % des sondés (73 % pour les Parisiens). Mais la région et le futur Grand Paris pourront compter sur la jeunesse (18-24 ans) qui reste globalement la plus positive sur l’avenir des quartiers populaires.

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