Pour notre blogueur Idir Hocini, Emmanuel Macron n’a pas gaffé en utilisant les grands mots lors de sa visite en Algérie. Le pire n’est pas encore derrière nous… Voici son billet d’humeur.

Les propos d’Emmanuel Macron ne devraient pas choquer. Au contraire. La France a ses casseroles. Bien sûr, elle n’est pas la seule. Un crime contre l’humanité, c’est l’Homme qui tue l’Homme, le respect de l’Homme, la liberté de l’Homme, la grandeur de l’Homme, pour emprunter les mots de Saint-Exupéry. L’histoire de l’humanité est parsemée des innombrables tentatives de suicide de notre espèce.

Je suis persuadé que l’aventure de l’Homo Sapiens a commencé comme dans la Bible par un fratricide. Le grand frère de Néandertal reposant six pieds sous terre, les joyeusetés ont pu vraiment démarrer. On a commencé par s’amputer des deux tiers de nous-mêmes : les femmes. Je les compte double parce qu’elles savent faire deux choses en même temps et qu’elles gagnent toujours à Koh-Lanta. On serait déjà sur Mars si elles avaient touché plus tôt aux mathématiques.

Dès le commencement, on s’est tiré une balle dans le pied et on n’a eu de cesse depuis d’abuser de la mitraille. Nous avons été incapables de construire un Nouveau Monde sans massacrer jusqu’au dernier petit enfant Inca. Le plus pur représentant de notre espèce, l’Homo Sapiens d’Afrique – qui ne s’est jamais mélangé avec les prétendues « sous races » préhistoriques, comme ça a été le cas en Europe – a dû faire avec ses frères métis qui lui ont balancé 400 années d’esclavage sur le dos. Des millions de vies gaspillées dans les plantations américaines ou les harems des sultans. Pourquoi ? Pour du sucre, du coton et de la baise pas cher. Une infamie. Si les extraterrestres débarquent un jour sur Terre et souhaitent entrer en contact avec l’espèce la plus évoluée, c’est sûr, ils enverront un ambassadeur chez les fourmis.

L’Homme pousse toujours plus en avant les pions qui causeront sa perte

Plus on avançait dans le progrès, plus on se surpassait. Un homme né en 1850 et mort en 1945 aura vu le monde passer de la charrue à la bombe atomique. Il aura vu aussi les massacres de la colonisation, le génocide arménien, les millions de morts de Staline et la Shoah. Ça ne nous a pas suffit. Dans ma jeunesse, j’ai vu à la télévision les rues de Kigali, au Rwanda, inondées du sang des Tutsis.

Se demander si la France a commis un crime contre l’humanité pendant la période où elle s’est partagée le monde avec le Royaume-Uni, c’est comme essayer de savoir si le Père Noël existe. L’évidence même. Toutes les nations, ou peu s’en faut, possèdent une histoire avec ses zones d’ombre.

Mais à quoi bon, au fond, parler du passé. Au XXIe siècle, l’Homme pousse toujours plus en avant les pions qui causeront sa perte. Nous avons inventé une chose encore plus terrible que le crime contre l’humanité. La planète se meurt et c’est entièrement de notre faute. Soixante-cinq millions d’années après la chute d’une météorite qui a mis fin au règne des dinosaures non-aviens, nous sommes à l’origine de la sixième extinction de masses du vivant. Les animaux que nous n’exterminons pas parce qu’on a besoin de leur viande ou de leur peau, nous leur faisons vivre l’enfer sur Terre dans les laboratoires ou dans les abattoirs.

Aucune viande n’est casher, halal ou moralement consommable, quand on tue un veau devant sa mère, qui attend son tour des jours entiers serrée dans un box sans jamais respirer l’air du dehors. Si nous n’y prenons pas garde, ce qui a commencé comme dans la Bible finira comme dans la Bible et le dernier livre du Nouveau Testament : l’Apocalypse.

Idir HOCINI

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