En ce dimanche après-midi il y a comme une ambiance de Fête de l’Humanité sur les grands boulevards. De toutes les bouches de métro déferle une marée humaine. Il est 14h et la grande marche pour la VIème République organisée par le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon est sur le point de commencer.

Très vite la place de la Nation est recouverte de cortèges aux couleurs différentes, le rouge dominant largement. Du camion de la fédération corrézienne s’élève le refrain de l’internationale tandis que le char des Jeunes Communistes opte pour les classiques du reggae jamaïcain.

L’objectif est clair : ce 18 mars, jour anniversaire de la Commune parisienne, le peuple de France vient reprendre la Bastille. Les organisateurs ont revendiqué le chiffre de 120 000 mais personne ne saura jamais combien étaient présents ce jour-là. Les manifestants sont montés sur Paris à l’aide de plus de 200 cars et de 8 trains réquisitionnés mais aussi par groupes venus par leurs propres moyens comme ces cinq retraités de la section de Tours venus voir « leur » candidat.

Mais dans le cortège les âges et les couleurs politiques se mélangent allègrement. Bien que les membres du Front de Gauche et notamment les communistes aient répondu en masse à l’appel, la troupe est aussi constituée de personnes dont l’engagement derrière Mélenchon est plus récent.

Ludovic est un jeune étudiant dont l’engagement auprès du Front de Gauche est nouveau : « A l’origine je milite avec les altermondialistes d’Attac. Je suis assez porté sur l’écologie mais je ne voterai pas Eva Joly car ça ne ferai que diviser les voix de la gauche, et que Mélenchon a un programme convaincant en matière d’écologie. Mais je le soutiens surtout car c’est le seul à défendre vraiment la rupture avec le néolibéralisme qui imprègne malheureusement la construction européenne, même si je n’ai pas abandonné l’idée d’une Europe sociale et démocratique »

17h, la place de la Bastille est comble et les militants des rues adjacentes ont du mal à rentrer sur la place. Mélenchon prend la parole, habité de sa verve habituelle : « Génie de la Bastille qui culmine sur cette place, nous voici de retour, le peuple des révolutions et des rébellions en France. Nous sommes le drapeau rouge ». Le candidat de l’autre gauche a par la suite résumé en une vingtaine de minutes son projet de VIème République avant de filer profiter de la séquence médiatique initiée sur les plateaux de télévision (BFM Tv jusqu’à 19h puis 20h de France 2).

Mais alors que l’Internationale s’achève et que les premiers accords de la Marseillaise résonnent je reconnais un Jeune Populaire de mon université. «  Je ne pouvais pas rater ça, c’est un des événements majeurs de la campagne à mon avis ». Le peuple de gauche le sent aussi, il est en train de « se passer quelque chose ». Mais déjà, l’après premier tour divise au sein même des supporters. Au cours de la manifestation un groupe de jeune chantent à pleins poumons : « Hollandréou, ce sera sans nous ». Mais très vite d’autres militants les prennent à parti : « Non les gars, faites pas ça, on  est tous pour une victoire de la gauche » et la réponse du premier, cinglante : « Certes, mais c’est quoi pour toi camarade être de gauche ? ».

NOTE : en référence à l’ancien premier ministre socialiste grec Papandréou qui a imposé au peuple grec plusieurs plans de rigueur. Hollandréou insinue que le candidat Hollande pourrait faire de même si les marchés lui mettaient la pression au début de son mandat.

Rémi Hattingais

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