#PRÉSIDENTIELLE2017 Au tour de Chloé Bonnet d’être à l’honneur de notre série sur ces jeunes qui vont voter pour la première fois à une élection présidentielle. Cette étudiante de 19 ans en école de cinéma est sûre d’aller voter pour ceux qu’on appelle les « petits candidats ». À quelques semaines du scrutin, son coeur balance toujours entre Philippe Poutou et… François Asselineau. Rencontre.

Avec sa coupe garçonne et son style faussement décontracté fait d’une longue veste bleu foncé qui détonne avec des baskets de sport, on pourrait presque dire que Chloé Bonnet, 19 ans, est à l’image de ses hésitations politiques : atypique. Elle préfère de loin les « petits candidats » aux « grands ». Ces derniers ont « un gros problème » selon elle : « ils essayent d’être extrêmement généralistes pour plaire à la majorité de la population ce qui donne des programmes beaucoup trop décousus ».

Notre future scénariste d’histoires pour enfants est intéressée par l’alternative que propose les petits candidats et admet que son vote peut paraître « naïf ». Et elle l’assume. « Je pense que mon vote est plus utile en votant pour un petit candidat que pour un grand car je donne réellement de l’importance à ce dernier ». Issu d’une famille politisée, papa informaticien centriste et maman bibliothécaire de droite, cet intérêt pour la politique, Chloé l’a toujours eu en elle, « inconsciemment« . L’étudiante dit baigner dans un milieu politisé. Dans son école de cinéma du XIXème arrondissement de Paris, tout le monde est intéressé par la politique, d’après elle. « On a tous ce côté très bobo gaucho ! » plaisante-t-elle.

« Ça n’est pas en étant surpayé qu’on comprendra la réalité de ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté » »

À quelques semaines du scrutin, Chloé Bonnet hésite toujours entre François Asselineau et… Philippe Poutou.

C’est le 23 avril, une fois seule dans l’isoloir, que son vote penchera enfin soit pour Philippe Poutou, soit pour François Asselineau. Deux possibilités bien différentes qu’elle tient à expliquer entre deux bouffées de cigarette. Notre jeune électrice, originaire d’Enghien-les-Bains, dans le Val-d’Oise, admire le combat ouvrier du candidat du NPA. « Il veut faire reconnaître la valeur du travail et faire comprendre qu’on ne peut pas augmenter les heures comme on le souhaite. La journée d’un ouvrier est assez dure comme ça. Un homme doit pourvoir avoir du temps pour lui en dehors du travail et surtout il rappelle que le travail ne doit pas être le centre de notre vie », justifie-t-elle.

« C’est aussi un candidat qui a un quotidien similaire à un bon nombre de Français, avance-t-elle, elle qui travaille en parallèle de ses études dans un fast-food. Ce qui le rend plus légitime pour prétendre au poste de président. Je pense que pour mieux comprendre ce monde il faut vivre comme les gens normaux. Et ça n’est pas en étant surpayé qu’on comprendra la réalité de ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté ».

Pour François Asselineau, la jeune étudiante dévoile une autre facette de sa personnalité et de ses idéaux. Elle le dit avec un sourire et sans aucune gêne : « J’aime le côté vieille France d’Asselineau ». À seulement 19 ans, Chloé est attirée par son côté conservateur mais aussi par sa démarche. « Il désire une France forte et retrouver une fierté française qu’on a un peu perdue, pas par le nationalisme mais en revendiquant la France multiple », souligne-t-elle.

« J’aime m’entourer des personnes qui n’ont pas la même opinion politique que moi »

Chloé ne milite pas : ni tractage, ni meeting. Elle préfère la méthode douce : le dialogue. « Si on veut faire passer des idées et si on veut convaincre des gens, ça ne sert à rien d’aller crier sur tous les toits, d’aller faire des meetings. Il suffit juste de le faire par la douceur et par les actes, de d’abord comprendre la personne pour après lui expliquer pourquoi on valorise tel ou tel candidat ». Son goût pour la discussion, elle le retrouve aussi dans son entourage. « J’aime m’entourer des personnes qui n’ont pas la même opinion politique que moi, c’est mieux d’être comme ça parce qu’en traînant avec des gens qui ont les mêmes opinions que toi, tu n’apprendras rien et ça c’est quand même con ».

Alors qu’elle hésite au premier tour entre deux candidats, pour le second tour, son choix est très clair. « Je pars sur un vote blanc. Je n’aime pas voter contre un candidat, je trouve ça stupide parce qu’on n’a pas à choisir un président par dépit, explique-t-elle. Par ce vote blanc, je signifie qu’aucun des deux n’a été convaincant ».

Azzedine MAROUF

Crédit photo : Hortense GIRAUD

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