Chloé Bonnet, 20 ans : « Malheureusement, on a l’impression que la politique ne change rien à nos vies »

« On se sent concernés par la politique uniquement en période d’élections puis on s’y désintéresse. Malheureusement, on a l’impression que la politique ne change rien à nos vies. Maintenant je vais continuer la mienne peu importe la politique menée.

Le gouvernement ne peut pas fermer les yeux sur les grèves parce qu’en les ignorant, il handicape les usagers. Les élites ne sont pas concernées par ces grèves parce qu’elles n’utilisent pas les transports comme nous, mais pour ceux qui travaillent loin de chez eux ou qui font des études, ça nous empêche juste de faire notre vie.

Je pense qu’on a besoin de reformer l’éducation dans le supérieur parce que c’est source de beaucoup de problèmes notamment sur l’orientation. Cependant, l’accès aux études devrait être le même pour tous. Les inégalités scolaires avant l’université sont très fortes en France, si on continue à les étendre après le bac, cela peut handicaper ceux qui ne viennent pas d’une bonne famille ou qui n’ont simplement pas le même rapport à l’éducation.

En France, beaucoup de gens sont mal accueillis, on devrait s’intéresser davantage à la situation des migrants, sur les raisons qui les ont poussés à quitter leurs pays. Il y a les guerres mais il y a aussi les conséquences de nos politiques, les interventions militaires françaises par exemple. La France est dans un cercle vicieux. Il faut aussi s’interroger sur ces identitaires qui veulent devenir la police des migrants. Il faut offrir plus de respect et de dignité à ceux qui ont quitté leur pays pour trouver refuge en France.

Certains propos me choquent de la part d’Emmanuel Macron, notamment sur son rapport à la chrétienté, à la religion. On doit comprendre comment on est arrivé au point où le Président affiche sa volonté de « réparer le lien entre l’Église et l’État » pendant que d’autres religions sont stigmatisées au nom de la laïcité. On dirait que ce principe ne va que dans un sens ».

Corentin Tholoniat, 19 ans  : « Je n’aime pas trop la façon dont Emmanuel Macron considère le Parlement en France »

« Je pense qu’Emmanuel Macron a bénéficié d’un alignement des planètes sans précédent, il a eu beaucoup de chance d’une part avec l’affaire Fillon puis Hamon qui gagne les primaires à gauche. Cela laisse un grand espace au centre qu’il n’aurait pas eu avec Hollande à gauche ou Juppé à droite.

Emmanuel Macron fait ce qu’il a promis, on avait oublié ce que c’était en France avec les précédents présidents. Les réformes avancent à très grande vitesse. Il avait promis de changer le pays en profondeur et vite, c’est ce qui se passe. Je suis en faveur de ce dynamisme. En revanche, je n’aime pas la façon dont Emmanuel Macron considère le Parlement. Il y a moins de débats, les parlementaires de la majorité ont peu le droit de s’exprimer et d’émettre des avis contraires à la ligne du gouvernement. Le problème de démocratie est là.

Je suis pour la sélection à l’université, certaines personnes n’ont pas les acquis pour réussir dans certaines filières. Je suis surtout pour une hausse des moyens dans l’enseignement supérieur, la situation de certaines facs est déplorable. Emmanuel Macron a fait certains gestes concernant le budget en faveur de l’enseignement supérieur mais je pense qu’il faut faire encore plus.

Ce qui m’inquiète beaucoup, c’est le traitement que nous avons à l’égard des migrants. Il y a un mois, une Nigériane enceinte, malade, qui souhaitait venir accoucher en France auprès de sa sœur a été empêchée d’entrer, elle est morte quelques jours plus tard. Jamais je ne m’attendais à ce que cette politique soit menée par Emmanuel Macron ».

Leila Benhamou, 19 ans : « Le gouvernement est plus dur, moins compréhensif  comme s’il ne vivait pas dans le même monde que nous »

« J’ai voté pour Macron par dépit plutôt que par conviction. Comme pour toute élection, on vote pour le moins pire dans l’espoir d’être le moins déçu. Il y a une grande différence entre Macron et Hollande. Emmanuel Macron je le trouve moralisateur, il réexplique tout comme si les citoyens étaient des ignorants.

Je ne suis pas vraiment d’accord avec les réformes qui sont faites, et puis il y en a qui me pénalisent comme celle sur la réforme sur l’accès à l’université. Ma fac est bloquée depuis près d’un mois, on a l’impression qu’une partie de la population seulement est d’accord avec les réformes, c’est dommage. Le gouvernement est plus dur et moins compréhensif  comme s’il ne vivait pas dans le même monde que nous. On décide pour nous mais on ne prend pas en compte notre avis. On en oublie que tout nous concerne.

Je hais de plus en plus la politique. Il y a un renouvellement, de plus en plus de nouvelles têtes, mais j’ai l’impression que ça reste le même modèle. Rien ne change au final et ça me déçoit de plus en plus mais j’essaye de toujours de m’informer parce que c’est important et que ça me concerne.

Je pense qu’en tant que pays développé, on devrait accueillir ceux étant dans le besoin parce que c’est humain, c’est le minimum. Des migrants traversent pieds nus les Alpes, je ne comprends pas pourquoi la France n’en accueille pas plus, n’en aide pas plus alors que pendant la Seconde Guerre mondiale, les colonies françaises se battaient pour la liberté et l’Europe. On devrait faire de même ».

Ahmed El Ouafi, 19 ans : « La France est redevenue une puissance diplomatique »

« On rentre dans une ère un peu plus favorable au pays et je pense que c’est lié au président Macron. Il dégage une bonne image, il est jeune, compétent et ingénieux, ça participe à faire rayonner le pays dans le monde. Les interventions internationales du Président sont parmi les meilleures, pour moi, la France est redevenue une puissance diplomatique.

J’ai quitté le Parti socialiste et j’ai adhéré à En Marche ! Macron est un président qui va donner beaucoup de dynamisme en restant cependant dans ce que j’appelle « la poudre de perlimpinpin capitaliste ». Quand Hollande dit que Macron est le président des « très riche », il a raison, mais n’a-t-on pas besoin en France d’un président des très riches ? La France n’a été puissante que quand elle produisait des richesses.

S’agissant de la réforme de l’université, c’est un modèle par sélection qui n’a aucune légitimité tant que persistent les inégalités, qui tranchent le pays en mille morceaux. Il fallait sortir de cette idée de tirage au sort mais pas de cette manière. Cette réforme est un brouillon, on ne peut pas faire de sélection tant qu’on n’a pas résolu les vrais problèmes de fond. Pour moi, l’éducation a surtout besoin de plus de budget.

La France est une nation forte par son universalité, elle est enrichie par toutes ses cultures, ses origines différentes qui peuvent coexister entre elles. Si la France ne fait pas preuve de solidarité à l’égard de ceux qui souffrent, de ceux qui souhaitent venir pour un avenir meilleur, la France n’est plus la France. L’argent qu’on utilise dans les frappes militaires devrait être utilisé pour accueillir les Syriens ».

Propos recueillis par Azzedine Marouf

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