Esther, Raphaël, Zayneb et Nikita sont tous les quatre élèves en terminale au lycée Marcel Pagnol à Athis-Mons (Essonne). Ils ont 17 ans et sont tous d’accord pour dire que l’Europe a apporté une certaine paix et sécurité. « Il n’y a plus de guerre en Europe, c’est d’ailleurs le seul continent où il n’y a plus de guerres actuellement » explique Raphaël, qui prépare un baccalauréat littéraire. « On se sent bien, on se sent en sécurité en Europe », affirme sa camarade de classe, Nikita. Pour Esther, élève en Terminale ES, l’Europe, c’est une unité et des échanges entre des populations différentes, des cultures différentes mais c’est surtout une puissance économique.

Pourtant, de manière globale, les quatre adolescents font le constat d’un manque d’union dans l’Union. Raphaël est moins alarmiste : « Bien sûr, il y a les populismes en Hongrie ou en Pologne mais ce sont des pays qui sont arrivés récemment dans l’UE et qui ne sont pas au cœur du projet européen, c’est des pays ‘secondaires’ et je trouve qu’un gouvernement comme le gouvernement italien est beaucoup plus inquiétant parce que c’est un pays fondateur. » Esther n’est pas tout à fait d’accord. Pour elle, la marginalisation des petits pays européens est un problème : « On parle beaucoup d’Europe mais sur 28 pays on s’intéresse aux 10 principaux, les autres sont mis à l’écart. Et je pense qu’ils demandent à être plus considérés et c’est peut-être à cause de cela aussi les populismes. »

On habite plus en France qu’en Europe

Quand on leur demande si elles se sentent européennes, Esther, Zeyneb et Nikita ne rivalisent pas d’enthousiasme. « Je me sens plus française qu’européenne », affirme Nikita. Pour elles, l’Europe est une entité lointaine. « Moi personnellement je dirais que je viens de France, d’Occident mais je ne dirais pas que je viens d’Europe, appuie Esther. C’est un sentiment trop éloigné. » Zeyneb ne dit pas autre chose : « On ne sent pas qu’on est européen. On habite plus en France qu’en Europe. Même à l’école, on ne dit pas qu’on est européen. » Esther s’appuie sur l’enseignement qu’elle suit de « section européenne » en langue anglaise : « On étudie des évènements européens mais plus liés à la France, à la Grande Bretagne ou aux Etats-Unis qu’en lien avec l’Union Européenne. »

Raphaël est l’exception qui confirme la règle : « Je me sens européen, différemment du sentiment français mais je me sens européen parce que pour moi ça a une signification concrète, plus que des traités et autres. Ça a une signification personnelle car j’ai des amis en Allemagne avec qui je parle tous les jours. » Grâce à sa famille et aux voyages qu’il a pu faire, il se sent très lié à l’Allemagne. Il y a voyagé dès son plus jeune âge. Il a pu rencontrer dans le cadre de la section européenne allemand des jeunes de Roumanie, du Luxembourg et d’Allemagne. Et il souhaite continuer dans cette lancée, en candidatant à des formations comme Sciences Po Paris, où il est obligatoire de partir un an à l’étranger.

Erasmus, Interrail… Des dispositifs pas toujours connus

Les trois jeunes filles, elles, n’ont pas ce même rapport au continent. Zeyneb a voyagé en Espagne… le temps d’un trajet pour aller au Maroc, son pays d’origine. Le Pass Interrail, qui permet de voyager en train dans toute l’Europe à moindre coût ? Elles n’en ont jamais entendu parler. Même Erasmus, le programme d’échanges entre étudiants européens, ça ne leur parle pas forcément.  « On entend parler des initiatives pour les jeunes en France mais pas assez à l’échelle européenne », appuie Esther.

Même constat sur les élections européennes à venir. Ils sont tous au courant de l’échéance du 26 mai mais ils n’en savent pas beaucoup plus que cela. Zeyneb découvre tout juste qu’il s’agit d’une élection où tous les citoyens de plus de dix-huit ans peuvent voter.  « Pour l’instant ce dont on parle, ce sont des sujets politiques : est ce que les gilets jaunes vont se présenter, qui va s’allier avec qui, qui va prendre la tête de liste pour tel ou tel parti mais on reste un peu en surface, on ne parle pas des projets de fond. » Il reste aux différents mouvements politiques huit semaines avant le scrutin pour faire de la pédagogie et une campagne concrète. En 2014, 27 millions de Français s’était abstenus aux élections européennes, soit 57% des inscrits.

Amina CHAGAR

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