8:05 AM. Un petit local. Obama tapisse la vitrine. A l’intérieur, quelques personnes font connaissance. Il est tôt, il fait un froid glacial. Tout le monde se réchauffe autour d’un café. Tout le monde s’apprête au départ. Harlem for Obama s’est réuni à l’aube pour rejoindre Philadelphie, en Pennsylvanie. « C’est un état important, nous devons le gagner. C’est pour ça que tous ensemble, nous devons y aller pour mobiliser les gens. Faire du porte à porte, parler avec les habitants dans la rue » dit Chet Whye, directeur du groupe Harlem for Obama.

8:18 AM. Harlem for Obama est un collectif d’habitants, mobilisés des pieds jusqu’aux bouts des oreilles. L’un d’eux : « En 2008, nous avons fait l’histoire. En 2012, nous devons protéger l’histoire ». Il porte tout l’attirail. Ici, les autres l’appellent Mister Obama. Il continue : « Obama gagnera l’Ohio, c’est mathématique, c’est indiscutable. Et si les gens veulent retourner en arrière, qu’ils votent Romney. Romney, c’est Bush. Il veut être président pour sa propre histoire ». Il répète, sans cesse : « Obama gagnera l’Ohio, c’est mathématique ».

8:29 AM. Dans un coin, il parle à peine. Il s’efface presque. Et puis, il s’approche, il serre nos mains. « Je travaille dans la finance. Beaucoup sont pour Romney, parce qu’il est connu pour être un grand businessman  Mais pour résoudre les problèmes, ce n’est pas de ça dont nous avons besoin ». Chet Whye fait tonner sa grosse voix : « Pour le retour, soyez à 17h devant le car. Si vous n’êtes pas là, ce sera votre faute ». Tout le monde abdique.

8:42 AM. Le groupe s’agglutine autour d’un car. Le moteur vrombit. Une légère odeur d’essence embaume l’air. Toute la clique s’engouffre dans le car. Chet sourit : « Vous verrez mardi, les chiffres parleront à Harlem. Même s’il y a quelques républicains, la majorité sera démocrate ». Ces mots sonnent comme une évidence.

8:57 AM. Le bus s’éloigne. Vers l’ailleurs.

10:26 AM. Devant l’église, chacun attend d’entrer. Une longue file d’attente, étirée jusqu’à très loin, se dessine. Il y a des fidèles, il y a des touristes venus gouter à la messe de Harlem.

10:47 AM. Les bancs en bois, l’autel d’un blanc immaculé, quasi-mystique. Et tout là-haut, la croix, ancrée. Au balcon, les touristes s’installent. En bas, les habitués du dimanche se claquent des baisers. Tout le monde se connait un peu près. « Bienvenue », salue une dame, installée juste devant. « Ici, c’est mon église, je viens chaque dimanche. Vous verrez, le pasteur parlent de pleins de choses. C’est une église où l’on apprend beaucoup », conclut-t-elle.

10:59 AM. La même dame se retourne, elle lance : « Profitez de ce moment ».

11:01 AM. Tout s’élance d’un coup. La chorale se lève d’un bloc. Il y a un batteur, un guitariste, deux pianistes. Les voix portent. Et le public est déjà debout. Tout le monde claque des mains.

11:08 AM. Rapidement, une dame tombe en transe, on la recouvre d’un drap blanc. Et puis, une autre. Les deux convulsent dans l’allée.

12:12 PM.


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1:32 AM. Le pasteur reprend place. S’assoie. Suant. Il a parlé de la tempête dévastatrice, tout le monde l’a écouté. Tout le monde l’a adoubé.  Et puis, il dit, comme une dernière consigne : « Mardi, allez voter ». Dans un sourire, il rajoute : « Je ne vous dis pas pour qui, mais vous savez très bien où ira mon vote ». Une habitante de Harlem glisse, timidement : « D’autres pasteurs, à Harlem, donnent une consigne de vote. Parfois, des églises peuvent compter 10 000 fidèles, c’est un vote très recherché par les partis politiques ».

1:48 PM. La messe est dite. C’était comme un voyage. Les chants comme des paysages. Les transes comme des images, saisies à la volée. Et tous ces cris, pêchés dans la foule. Et tous ces hurlements. Tous ces « Jésus, nous t’aimons ». Et toutes ces mains qui volent. Toutes ces femmes, tous ces hommes. Toutes les larmes, tous les rires.

1:50 PM. Sur scène, un homme de la chorale s’abaisse, entrouvre une boite à bijoux. Une femme est devant lui, elle y croit à peine. Elle se perd dans les sanglots. Les fidèles applaudissent.

10:42 PM. Ensuite, tout s’enchaînera. Il y aura, demain, le jour-j. Après-demain, le jour d’après. D’ici là, la nuit s’est posée. Et Harlem s’apprête à rêver.

Par Mehdi Meklat et Badroudine Abdallah.

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