Il est 12h45 quand l’auditoire sort d’une conférence matinale sur le business social. L’heure de la pause déjeuner a sonné, le lunch comme on dit ici. Il s’agit peut-être du moment le plus important de la journée. Lors de la cérémonie d’ouverture, c’était nouilles pour tout le monde. Assis dans tous les recoins de la salle des congrès, les jeunes avaient pris possession des lieux et entamaient les présentations. Aujourd’hui ils sont unanimes: le repas est le moment le plus propice pour refaire le monde.

D’ailleurs ce midi we make a better world autour d’une assiette de carottes râpées et de petits club sandwich, un menu pas vraiment exotique contrairement aux  gens qui se sont naturellement agglutinés autour des tables. À l’une d’elle, Fatema des Émirats arabes unis, Albert et Cyril du Ghana et Chris et Robert d’Angleterre  échangent à un rythme effréné sur les différences culturelles. Pour Chris, “ici, on met des visages sur des noms, on sort du virtuel, de Facebook. C’est comme une famille, des frères, des sœurs.”

Plus loin, assises par terre, trois filles originaires du Canada, d’Argentine et de Pologne grignotent tout en confessant que c’est ici qu’elles trouvent les meilleures idées. “C’est très inspirant. On échange sur des sujets qui nous passionnent, pour lesquels nous avons un intérêt en commun. Parfois vous avez des idées mais pas la force ou les moyens de les faire aboutir. Ici on repart avec quelque chose entre les mains.

Le repas est  à l’image de l’objectif fixé par le sommet du One Young World : réunir des jeunes  du monde entier dans un même lieu et au même moment pour faire naître les meilleures idées.  Pendant que la totalité de la salle échange dans la bonne humeur, un coin silencieux du buffet échappe à l’effervescence générale, un bout de  table ravagé comme après le passage d’une tornade, où une poignée de jeunes de tous les continents boivent religieusement les paroles d’un grand sage discourant la bouche pleine : « un buffet s’attaque toujours par le centre, mais gardez toujours une ouverture sur les ailes, ça m’a permis tantôt de déborder Concuélla sur la droite pendant que j’empêchais Chang d’atteindre les petits fours à revers. Quant au petit coup de coude au moment opportun qui a fait volé ton assiette, mon petit  Eto, ça s’appelle la planchette Al Bundy, ça permet de vider l’assiette du voisin dans la tienne mais faut de la bouteille pour la placer celle-là». Idir maître ès buffet…

Joanna Yakin, Idir Hocini (Zurich Bondy Blog)

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