« Il va dans quel sens le vent? ». Il a demandé : « Hein, il va dans quel sens? ». D’est en ouest, ou l’inverse. La salle sèche. « De là à là », tente une voix, cachée. Le vent va de là à là, ce n’est pas très important. L’important, c’est lui, Michel Gondry qui répond aux questions et ose en poser. « Il va dans quel sens le vent? ». La salle se plie, puis se tord de rire. Puis, tout s’éteint, tout devient obscur.

Le festival des pépites du cinéma, lancé en 2007, pourrait se résumer si simplement : un festival où les talents sont des pépites, où le cinéma est un rêve souvent réel, où les voyages se font si près, comme très loin. Le festival des pépites du cinéma, porté à même le dos par Aicha Belaidi, a cassé les frontières. Il n’y plus de Paris, il n’y plus de banlieue, il n’y a qu’un ensemble relié par l’art, relié par la rue. Parce que ça se passe un peu là-bas (Paris 6), un peu ici (Saint Ouen et la Courneuve).

Ce soir là, c’est le lancement de l’édition 2012. Il y a Michel Gondry, son film « The We and The I », projeté en avant-première. « Vu le sujet, je voulais faire l’avant première en banlieue. Et puis, j’avais promis de venir ». Il n’a pas résisté aux pépites. Un festival qui, en deux ans, a fait émerger des perles. Notamment ce film fuerie, « Donoma » de Djinn Cerrenard l’année dernière. Depuis, le film a fait le tour. Il a fait craquer les cœurs critiques et public.

Cette année, tout s’élance ce soir avec le cri de Rachid Djaidani, « Rengaine ». Il y a de la magie dans ce film, de la beauté, il y a surtout de la force, de la tension captée par une caméra qui filme jusqu’aux grains de peaux. Rengaine n’est déjà plus une pépite, c’est un trésor. Et au générique, Aicha Belaidi tient la première place. « On a essayé d’aider Rachid », tente-t-elle modestement. Depuis, le film a été récompensé au dernier festival de Cannes (quinzaine des réalisateurs), au festival de Deauville et, la semaine dernière, au festival du film indépendant de Bordeaux. La route est encore truffée de prix. Mais tout part de là, souvent.

Alors, dès ce soir au cinéma l’Etoile, et pendant une semaine, le festival des pépites du cinéma fera découvrir, aimer ou détester, des films encore discrets, mais au futur prometteur. Comme le court-métrage de Julien Paolini, projeté juste avant celui de Gondry. Un voyage qui emmène en Afrique. Et, comme un éclair, un court sans paroles qui parle. Jusqu’à la semaine prochaine, il y a des tas de choses à voir, des films d’hier et de demain. Des tas de documentaires, des tas de fictions de chez nous. Des tas de choses à dire et apprendre, grâce aux master-class organisées à Saint Ouen. Des tas et des tas. Des tas de pépites cachées. A vous de fouiller. C’est un festival, comme une quête.

Mehdi Meklat et Badroudine Said Abdallah

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