Le 5 et 6 mars se tenait la quatrième édition du mondial du Tatouage dans la grande Halle de la Villette (XIX° arrondissement). L’occasion pour les visiteurs du salon de rencontrer les tatoueurs en vogue et de passer sous leurs aiguilles.

Sous la grande verrière de 20 000 mètres carrés, 350 tatoueurs internationaux sont réunis pour pratiquer leur art. Le bruit strident et incessant des aiguilles témoigne de l’effervescence de cette mode, devenu depuis une vingtaine d’années une « norme ». Selon le Mondial du tatouage, un français sur dix est désormais tatoué.

Les artistes, concentrés, enchainent client après client, tatouage après tatouage. Les clients adaptent leur pose en fonction de l’emplacement choisi pour marquer leur peau. Assis, allongés, tout nus ou juste légèrement dénudés, ils intériorisent plus ou moins bien la douleur de l’aiguille. Environ 6 heures après le passage à l’acte, le résultat est là. De plus petits tatouages en noir et blanc à la grande fresque picturale, il y en a pour tous les styles.

sans titre-25Les simples visiteurs eux déambulent devant les stands, admirent les maitres d’ouvrage, jouent de la guitare, ou discutent simplement autour d’une bière. Le salon, organisé par le célèbre tatoueur français Tin-Tin, existe depuis 3 ans et le nombre de visiteurs est, depuis sa création, exponentiel. Environ 32 000 personnes étaient attendues ce week-end.

Morgane, piercing au nez, tient un stand dans le salon depuis sa création. Comme la plupart des tatoueurs, elle s’est formée sur le tas, de « shop » en « shop ». « On m’a appris à tenir une machine, à tracer un trait droit, et puis j’ai commencé ». Selon elle, le tatouage est devenu une course, une sorte de concours à celui qui aura le plus gros tatouage. Par principe, elle refuse de tatouer les jeunes de 18 ans, qui ont une approbation souvent résignée des parents « Quand ils sont jeunes et qu’ils veulent se tatouer sur les parties du corps visible, ou bien qu’ils veulent se tatouer des petits oiseaux parce qu’ils ne savent pas quoi faire, on refuse. »

sans titre-11Pour cette jeune professionnelle, se faire tatouer nécessite une certaine maturité. Sa conception du tatouage est plus une question de rencontre que de symbolique. Comme Morgane, les tatouages de Jean-Marc marquent des instants de sa vie « chaque tattoo à sa petite histoire ». Tatoué de la tête au pied, mais pas tatoueur, il participe depuis son plus jeune âge à tous les salons dédiés à cet art corporel. Il déplore les symboles que les gens mettent dans leur dessin. « Je me suis fait tatouer, pour la première fois, à l’âge de 14 ans pour être différent. Aujourd’hui je ne me reconnais plus dans le tatouage. C’est devenu une mode, mais la mode est en opposition avec le tatouage puisqu’elle change tout le temps alors que le tattoo, lui, est indélébile ».

sans titre-43Marion aka Yonmar participe, elle, pour la première fois au salon. Originaire de Belgique, elle sait depuis l’âge de 12 ans qu’elle veut faire du tatouage sa vie. Elle aussi déplore la démocratisation du tatouage « pour moi le tattoo c’était être marginal, mais aujourd’hui si tu veux vraiment être marginal il ne faut pas être tatoué. » Elle avoue tout de même qu’en tant que professionnel c’est une chance puisqu’il y a beaucoup de travail. La preuve en est, elle est obligée de refuser des clients pour cause d’un agenda trop chargé.

Professionnels et amateurs du tatouage font le même constat. Le tatouage est désormais une norme. Chacun met une symbolique, une histoire différente dans son propre dessin, mais le résultat est le même. Le tatouage n’est plus un marqueur de marginalité.

Pénélope Champault

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