Parvenir à changer la société est leur quotidien. Chaque année, des associations et organismes de solidarité défendent les droits des communautés LGBT. À l’occasion de la journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, le Bondy Blog revient sur le combat capital de ces structures.

En 2016, plus de 1 400 personnes ont été victimes de LGBTphobie. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter selon le dernier rapport de SOS homophobie. “Même si les sondages d’opinion tendent à nous faire croire que notre société est plus tolérante vis-à-vis des communautés gay, lesbienne, bisexuelle et transgenre, on constate que les discriminations ne cessent d’augmenter”, explique Virginie Combe, porte-parole de l’association SOS Homophobie. Au rang des discriminations recensées, on compte les agressions physiques et verbales, mais aussi l’exclusion sociale.

Des personnes que nous accueillons dans notre organisme, toutes ont étés victimes d’insultes ou d’agressions physiques au moins une fois dans leur vie. Certains sont exclus de leur domicile, d’autres dans le cadre de leur travail ou au sein de leur voisinage”, explique Frédéric Gal, directeur général du Refuge, une association qui propose un hébergement et un accompagnement social des jeunes victimes d’homophobie et de transphobie.

Des témoignages majoritairement jeunes et masculins

Parmi les communautés concernées par la LGBTphobie, plusieurs constats. D’abord, « on se rend compte que l’âge moyen des victimes d’homophobie et de transphobie ne fait que baisser. Nous avons recensé les appels de notre numéro d’urgence et nous avons constaté que la discrimination en milieu scolaire est de plus en plus présente. Beaucoup de mineurs et de parents nous appellent », confie la porte-parole de SOS Homophobie. Une situation confirmée par Frédéric Gal : « Nous hébergeons énormément de mineurs qui se retrouvent exclus de chez eux après avoir annoncé leur orientation sexuelle à leurs parents ».

Ensuite, on s’aperçoit que les personnes qui appellent à l’aide sont majoritairement des hommes. Par exemple, 70% des jeunes hébergés par le Refuge sont des garçons, contre 19% de filles et 11% de transsexuels.  Selon Virginie Combe, ce chiffre se justifie : « Les femmes et les personnes trans ont plus de mal à s’ouvrir, car leur place est déjà assez dénigrée dans la société. Comment parler lorsque la société qui vous entoure est majoritairement sexiste ? »

« La société veut cacher la phobie par une autre phobie”

Selon Chloé*, militante à Femmes en lutte 93, le frein majeur à cette lutte anti-LGBTphobe, c’est l’institution française. « D’un côté, l’État a tendance à instrumentaliser les questions LGBT à des fins racistes et islamophobes. Je suis d’orientation lesbienne et j’enseigne au sein d’un collège dans un quartier populaire du Val-d’Oise. Lorsque je propose à mes collègues de faire venir une association comme SOS homophobie dans notre école, certains me répondent “C’est sûr que dans ce genre de quartier, on a besoin d’en parler”, tout ça parce que la majorité de nos élèves sont de confession musulmane ou issus de l’immigration post-coloniale. Ce sont des remarques qui montrent à quel point la société veut cacher la phobie par une autre phobie”

Du côté des pouvoirs publics, l’État ne facilite pas la vie des communautés LGBT. L’État manque de moyens dans le recensement des données. Aucun observatoire national contre la LGBTphobie n’existe. Le seul rapport qui existe, c’est celui de SOS homophobie. Pour les couples “la limite, est de fonder une famille”.  Tout d’abord, la question de la PMA (Procréation médicalement assistée) reste irrésolue.  “Il y a un contrôle de la formation des familles chez les lesbiennes. Pour avoir accès à la PMA, il faut avoir beaucoup de moyens. Or la majorité des femmes lesbiennes sont issues de milieux populaires. Elles doivent donc aller en Espagne ou en Belgique, explique Chloé. Ensuite, si une femme a eu un enfant grâce à la PMA, sa partenaire pourra difficilement l’adopter ».

À la quêted’un équilibre social”

Face à cette situation, les associations et organismes font un travail considérable tout au long de l’année. Le Refuge par exemple agit contre l’isolement social auprès des jeunes : “Les jeunes qui viennent nous voir nous contactent beaucoup par téléphone. L’an dernier nous avons reçu plus de 3 000 appels et échangés plus de 50 000 sms. Lorsque nous les recevons, nos travailleurs sociaux essaient de définir la situation de chacun d’eux. Selon les situations, nous proposons ou non un hébergement. Puis, un accompagnement psychologique et social est mis en place. Nous faisons tout pour qu’ils puissent retrouver un équilibre social », rapporte le directeur de l’association.

D’autres structures misent davantage sur la prévention. “Pour résoudre l’homophobie et la transphobie en France, l’accompagnement de la victime ne suffit pas. Il faut aussi se mobiliser au sein des établissements scolaires et des entreprises. En dehors de notre numéro d’urgence, nous sensibilisons beaucoup d’écoles. L’an dernier par exemple, nous avons sensibilisé 25 000 élèves. En entreprise, nous essayons de mettre en place une formation pour les adultes” développe la porte-parole de SOS Homophobie.

Enfin, d’autres organismes s’engagent de façon politique. “Femmes en lutte 93 est une organisation féministe qui combat la lutte des classes, l’impérialisme et toutes les formes de discriminations, précise Chloé. Notre collectif soutient beaucoup la cause LGBT à travers des manifestations et des évènements. Nous essayons aussi d’apporter un discours politique qui fasse réagir l’État ».

Sabrina ALVES

*N’a pas souhaité révéler son nom de famille

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