Vendredi 1er mars 2013, Nanterre. L’association Zy’Va a reçu Latifa Ibn Ziaten, mère d’Imad Ibn Ziaten, tué par Mohamed Merah le 11 mars 2012. Les locaux sont bondés de jeunes et de parents. De nombreux journalistes sont aussi au rendez-vous.

C’est dans le cadre de son association, « l’association Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et la paix », créée en avril 2012, que Latifa Ibn Ziaten sillonne la France pour délivrer un message de paix et de tolérance auprès des jeunes afin qu’aucune mère ne vive le drame qu’elle a vécu et qu’elle continue de vivre puisque la perte de son fils est « une souffrance qui ne se refermera pas. »

 Celle que certains médias ont qualifié d’ « icône des temps modernes », se définit simplement comme une mère en deuil mais qui ne laisse pas le chagrin l’abattre. Au fil des questions qui lui sont posées sur les difficultés de la vie en banlieue et le sentiment d’inégalité et d’injustice que peuvent ressentir les jeunes de ces quartiers, elle rappelle que le 19 septembre dernier, c’est pour eux qu’elle a demandé de l’aide au président François Hollande. Pour autant, elle affirme que « ce n’est pas parce qu’on ne réussit pas qu’on doit faire du mal, oui, la vie est dure mais moi aussi j’ai vécu en banlieue. Je me levais tous les matins à 6h pour aller à l’usine mais c’est par le travail et la volonté que l’on s’en sort, pas par la violence. »

 Mais le message principal qu’elle veut véhiculer, devant ces parents qui lui expriment la difficulté d’élever des enfants dans un quartier dit « difficile », c’est que « l’éducation est à la base de tout. » Et pour elle, c’est parce que Mohamed Merah n’a pas eu cette éducation qu’il a sombré dans la délinquance, la drogue mais surtout l’horreur. Certains parents, dit-elle, ont oublié d’éduquer leurs enfants, pensant qu’ils n’en sont plus responsables. C’est pour cela qu’elle rappelle des choses simples, comme le fait de prendre le temps de dîner ensemble chaque soir et de parler à ses enfants.

Ainsi, elle ne met pas en cause l’État, en déclarant : « je ne peux pas dire que les policiers ou les autorités n’ont pas fait leur travail », à l’heure pourtant, où Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, estime dans un entretien, qui sera diffusé mercredi sur France 3, qu’il y a une faute de la Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI).

Et lorsqu’on lui demande d’où elle tient toute cette force, elle répond : « c’est la foi, je suis très croyante. C’est le destin mais mon fils m’accompagne partout et c’est lui qui me donne toute cette force. Vous savez, il est mort debout, il n’a pas voulu s’allonger alors moi, aujourd’hui, je n’ai pas le droit de m’asseoir. » Et c’est sa foi qui lui fait dire à chacune de ses interventions qu’ « on ne mélange pas l’islam avec la haine. Merah était un assassin, un terroriste mais sûrement pas un musulman, il a sali l’Islam. »

 C’est ému aux larmes, comme beaucoup des personnes présentes à Zy’Va ce soir-là, que l’adjoint à la mairie de Nanterre, chargé de la sécurité et de l’habitat, André Cassou, a déclaré à Latifa Ibn Ziaten « votre famille prend toute sa place dans la communauté nationale. Votre fils mérite un profond respect. Madame, vous êtes l’honneur du pays. »

C’est sous les applaudissements de l’audience et dans une ambiance toute particulière que Latifa Ibn Ziaten s’en est allée continuer son combat pour la jeunesse et la paix et faire passer son message aux parents et aux enfants, « rue après rue », s’il le faut.

 

Latifa Oulkhouir

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