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L’association 1/4 organise depuis 3 ans la Grande Parade Métèque, événement festif qui célèbre l’immigration de manière positive. Sept communes de la Seine-Saint-Denis* participent à faire vivre ce défilé grâce à des subventions, malgré des financements à la baisse. L’idée est simple : valoriser l’immigration et débattre de manière constructive et positive sur cette thématique. De la même manière, leurs slogans valorisent les déplacements de population : « L’immigration est une chance pour la France » et « On est tous des métèques » ont été scandés le 28 mai, jour de la parade. Pour renforcer cette dernière formule l’association 1/4 tire son nom d’une statistique ; en moyenne 1 français sur 4 a de la famille d’origine étrangère.

Le collectif réunit environ 50 adhérents, artistes, indépendants et  communicants. Ensemble ils préparent la parade tout au long de l’année lors d’ateliers gratuits et ouverts à tous. Durant 1 an, citoyens, artistes et étudiants fabriquent pour le défilé  des chars porteurs de messages. On peut par exemple y lire : « politique de la peur » ou encore « le panda est plus humain que l’homme, car il est blanc, noir et asiatique et qu’il ne peut pas être raciste. »

Des cafés métèques sont aussi organisés toute l’année pour préparer les débats qui auront lieu le jour de la parade. Chacun pourra alors s’exprimer et échanger autour de la question de la migration. Le principe est de mettre en valeur et en perspective les chaines de solidarité mises en place lors de mouvement migratoire. Bien que les élus de Noisy-le-Sec aient décidé de ne plus subventionner l’événement, un café métèque y est organisé. C’est l’occasion pour Jenabu de témoigner de son parcours de la Guinée jusqu’à la France. Monique, elle, témoigne de son enfance et de quelle manière elle a construit sa pensée face à l’arrivée des premiers immigrés.

Le 28 mai, la parade prend forme… La tension et l’excitation montent pour les organisateurs. Après des mois de dur labeur, les costumes et les banderoles sortent enfin au grand jour. Au 39-93 de Romainville, centre culturel, les chars se préparent à affronter la foule. La police municipale, qui encadre ce festival protéiforme, donne son feu vert. Policiers en place, rues mobilisées : les chars peuvent enfin défiler. Une des organisatrices s’exalte : « C’est génial, je suis toute excitée ! Et en plus c’est légal… pour une fois que les policiers sont présents quand on en a besoin ! ». Les badauds observent ce grand rendez-vous festif où le mélange des cultures est à l’honneur. Malgré un temps maussade, la musique brésilienne fait vibrer la parade aux airs de carnaval. Chaque année depuis 3 ans un lancer de pigments est organisé, point d’orgue de l’événement, pour gommer toutes différences entre les citoyens et ainsi nous rappeler qu’après tout, nous sommes tous des métèques !

Mais l’action du collectif ne s’arrête pas là. Accompagné d’autres associations, ils se sont attachés à agir concrètement en faveur des réfugiés. C’est pourquoi ils ont décidé pour la première fois d’aller à Calais en décembre 2015. Dans le cadre d’un projet artistique ART IN THE JUNGLE, quelques artistes ont fabriqué des « Hots spot » (point chaud ndlr). Ce projet fait référence aux points d’accueil crée par l’Union européenne du même nom, consistant à accueillir les migrants et les orienter. L’idée du collectif était de prendre à contrepied ce mécanisme de filtration en réalisant de vrais « points chauds ». C’est-à-dire  à la fois apporter un point de chaleur, grâce à des poêles autour desquelles sont disposés des bancs, et créer un lieu de convivialité et de rassemblement pour les migrants présents sur le site de Calais. Cette expérience inédite a été immortalisée dans un documentaire d’une vingtaine de minutes.

La Grande Parade Métèque est une manifestation culturelle annuelle qui réunit des milliers de personnes dans les rues du 93. Selon les organisateurs « cet événement est quelque chose de positif et unique, mais pas suffisant. Il faudrait désormais agir concrètement pour la question de la migration et des réfugiés ».

Pénélope Champault

*Les Lilas, Montreuil, Pantin, Le Pré Saint Gervais, Romainville, Bagnolet, et le collectif Rêvons la culture de Noisy-le Sec.
 
 

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