Les allées bondées, les sonos qui rivalisent de puissance, une douce odeur de nourriture et de bière, pas de doute nous sommes bien à la fête de l’Huma. Depuis maintenant 20 ans, la fête organisée par le parti communiste français est entrée dans ma routine annuelle. Le deuxième week-end de septembre, alors que certains vont à la techno parade, je me dirige vers le parc de La Courneuve, ses parkings rouges, verts et jaunes et sa grande scène. L’ennui n’est jamais au rendez-vous car la fête de l’Huma représente bien plus qu’un simple festival et ambiance chaque année, pour  petits et grands.

A mon sens, la fête de l’Huma est à une famille communiste ce que L’Aïd el Kebir  est à une famille musulmane. C’est toujours l’occasion de tous se retrouver au stand espagnol de la cité internationale. Entre les stands algériens, sénégalais, chinois et autres, la tente Mundo Obrero est le point de chute de tous les descendants d’Espagnols du coin. Etant petit, j’y retrouvais mon grand-père qui discutait avec d’autres vétérans républicains. Alors que mes oncles et tantes buvaient un étrange breuvage rouge avec morceaux d’orange, nous allions aux manèges du coin après un bon cornet de churros. Au Village des Enfants, spectacle de clown, lectures publics et activités sportives s’enchaînaient pour notre plus grand plaisir.

Les années passent, l’adolescence arrive et par conséquence la présence des parents n’est plus tolérée. Après l’habituel repas au stand de gironde du samedi midi, nous prenions la poudre d’escampette. Première bière au stand irlandais, premiers concerts, la liberté nous tendait les bras. Dans un stand un homme tout de rouge vêtu tempêtait contre le président Chirac. Mais nous on en avait marre, ce genre de discussions, on y avait le droit tous les soirs à table. Du coup, on s’empressait de retourner à la grande scène pour ne surtout pas rater Manu Chao…

Depuis quelques années pourtant, la fête a changé. Ou bien c’est moi. Chaque été je prends plaisir à revoir ces lointains parents qui s’exclament immanquablement : « La dernière fois que je t’ai vu t’étais comme ça. Qu’est ce que tu ressembles à ton père… avec des cheveux ». J’apprends à apprécier les micros concerts de ska/dub/dancehall anonymes au fond du stand du PCF fédération de la Creuse. Les hommes en rouge ne m’ennuient plus et je me surprends à lever le poing gauche et à reprendre leurs slogans. Enfin, j’ai appris à apprécier la saveur de l’étrange breuvage du stand Mundo Obrero, et bien d’autres encore.

Rémi Hattinguais

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