Quelle bonne surprise en entrant dans mon immeuble cette après-midi-là ! Je découvre que mon ascenseur fonctionne à nouveau. C’est pas trop tôt. ! Cela faisait cinq mois qu’il était en panne. Je ne vous raconte pas la galère. Dans la cité Paul Eluard de Bobigny, nos immeubles sont pour certains équipés de trois ascenseurs, qui desservent alternativement les étages. Dans le mien, la dernière fois où les trois ont fonctionné parfaitement, c’était… Je ne m’en souviens plus, tellement c’est vieux. Cela fait près de quatre ans que les locataires et associations de quartier se battent pour avoir des ascenseurs en état de marche. En vain.

Un jour, nous apprenons que nos ascenseurs vont être rénovés incessamment sous peu, mais un seul des trois le sera. Chez nous, à Paul Eluard, se livre une guerre quotidienne pour ces fichues cages qui nous aident à monter chez nous. Je me souviens de l’été passé. La poisse ! Tous les ascenseurs à l’arrêt, une chaleur pas possible et des personnes âgées qui patientaient des heures en bas de l’escalier, le temps qu’un fils ou un neveu veuille bien leur monter leurs courses, jusqu’au 18e étage pour les plus hauts perchées d’entre elles.

La raison de ces ascenseurs en panne : un dérèglement technique. Mais on pensait qu’il s’agissait de l’œuvre de vandales. Aussi, pour attraper les présumés coupables, de petites caméras de surveillance ont été installées au plafond, face aux ascenseurs. A peine posées, elles ont été brûlées, des jeunes n’acceptant pas qu’on les prenne pour des voyous. Des vigiles vinrent ensuite pour surveiller le hall de l’immeuble. Mais ils n’ont rien trouvé de mieux à faire que de ramener une chaise pliante et de s’assoir confortablement, avec une bouteille de Fanta Orange, un magazine ou un journal, discutant avec les jeunes du quartier. Quelle perte de temps, sachant que les ascenseurs étaient déréglés et non vandalisés.

D’autres jeunes hommes portant un t-shirt orange fluo furent chargés de la montée des courses chez les personnes en difficultés. Le premier jour, ils étaient trois, le lendemain deux, puis un… On ne vit plus les t-shirt orange. Alors, je me chargeai de cette tâche, montant le contenu pesant une tonne d’une vieille dame, jusqu’au 10e étage. J’étais parfois portière et porteuse de sacs. Mais cela fait le bonheur des petits gaillards du quartier, qui étaient récompensés en bonbons pour leur aide, voire en argent : 3€ la montée des courses. Pas mal, quand on a 7 ans ! L’immeuble est une grande famille, les locataires se respectent les uns les autres.

Au chargement des courses s’ajoute une autre corvée qui perdure, olfactive, celle-là. Le deuxième sous-sol, où les locataires déposent les ordures ménagères, n’est plus atteignable par aucun ascenseur. Résultat, beaucoup ne prennent pas la peine de descendre à pied leurs ordures, les laissant dans le couloir. L’odeur dans les escaliers est nauséabonde, avec plein de sacs poubelles éventrés, les plus petits s’amusant à mettre des coups de pieds dedans. Et le ménage n’est presque jamais fait, si bien qu’une semaine durant, les déchets se décomposent et sentent de plus en plus fort… Une horreur pour mes petites narines si sensibles.

Enfin, le pire, c’est à midi, quand tout les enfants rentrent déjeuner, et 16h30 lorsqu’ils quittent l’école. Bruit et fureur ! L’unique ascenseur fonctionnant partiellement, d’une contenance maximum de 8 personnes, en embarque 15! Eh bien, cher Papa Noël, comme cadeau, je demande un nouvel ascenseur.

Ines el Laboudi

Ines el Laboudy

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