Les réunions organisées depuis le 6 avril à l’initiative de la mairie dans le cadre de l’opération « Je réussi ma ville avec ma ville », permettent aux collégiens, étudiants, demandeurs d’emplois ou encore salariés de mettre un pied à l’étrier dans la réalisation de leurs projets. Cette aide peut passer, entre autre, par la signature d’un « contrat » en échange d’un engagement pour la ville. Mais plus généralement ces rencontres sont des temps de paroles où chacun peut s’exprimer sur ces colères, ces ambitions, ces déceptions… que l’on habite Bobigny ou non.
Rencontre avec quatre jeunes :
Prisca Abanda M’fono, 19 ans, vit dans une cité à Bobigny
Quel est ton projet de vie ?
Je veux travailler avec les sourds et muets ou dans l’humanitaire, car je n’aime pas les injustices et j’aime comprendre la nature humaine. Michael Jackson m’a donné envie de faire de l’humanitaire, car au-delà de son statut de star, c’était un homme engagé. C’est grâce à mon voyage au Venezuela, car là-bas, j’ai été en contact avec des gens qui n’avaient rien.
Quel est ton bilan scolaire ?
J’ai fait un Bac STG cela m’a beaucoup appris et ouverte sur l’actualité et les problèmes du monde. Actuellement je suis en première année de Licence Sciences du langage qui va me spécialiser en langue des signes française et me permettre d’accéder à mon projet.
Quelle entreprise voudrais-tu rencontrer ?
Ce serait une entreprise à gros profit comme KFC, par exemple. Pour savoir si toutes les entreprises transnationales venaient à se regrouper, pourraient-elles réunir les 10 milliards qui régleraient le problème de la faim dans le monde ?
Combien voudrais-tu gagner plus tard ?
Assez d’argent, juste pour pouvoir vivre et pouvoir subvenir à mes besoins.
As-tu déjà travaillé ? Si oui, quel était ton salaire ?
J’ai déjà gardé des enfants, donné des cours de français et d’histoire niveau première et je travaille dans un KFC. Chez KFC je gagne 600€/mois.
Veux-tu être indépendante de tes parents ?
Oui, c’est pour ça que je travaille pour moi et j’estime qu’à partir du moment où on est apte à aider et à s’autogérer il vaut mieux le faire.
Valérie Leger, 16 ans, vit dans une cité à Bobigny
Quel est ton projet de vie ?
Je veux être avocate en droit des affaires, car j’aime défendre les gens et j’aime ce qui a trait à la justice. Aujourd’hui je prépare le concours d’entrée à Sciences Po, car c’est une école prestigieuse et le projet d’étude proposée m’intéresse beaucoup si jamais j’échoue au concours. J’aimerais faire une licence en droit français et d’anglais afin de préparer un master anglo-américain des affaires pour exercer à l’étranger.
Quel est ton bilan scolaire ?
Je suis en terminale littéraire, je me suis tourné vers cette filière, car j’aime les langues notamment l’anglais. J’ai toujours été une élève très sérieuse depuis la primaire, j’ai même sauté le CE2. Arrivé au collège je me suis reposé sur mes acquis et ça m’a porté préjudice car en 3ème on a pensé me faire redoubler. Arrivée en seconde de justesse j’ai pris conscience des enjeux du bac et je me suis remise à travailler sérieusement. Aujourd’hui j’ai l’ambition de l’obtenir avec mention.
Combien voudrais-tu gagner plus tard ?
8000€/mois, car j’aime l’argent et j’aime viser haut.
As-tu déjà travaillé ? Si oui, quel était ton salaire ?
Je n’ai jamais travaillé, car je suis trop jeune.
Veux-tu être indépendante de tes parents ?
Oui, car je ne compte pas rester sous la tutelle de mes parents toute ma vie et ils n’auront pas les moyen de s’occuper de moi. Et je vais leur rendre tout ce qu’ils m’ont donné depuis que je suis née.
Boris Hodonou, 32 ans, vit chez ses parents à Bobigny dans une cité
Quel est ton projet de vie ?
Faire ce que je peux avec ce que j’ai. Je ne sais pas encore ce que je veux faire comme travail, mais je m’intéresse au développement durable. De plus, je veux quitter la banlieue pour être dans le centre-ville. J’ai déjà vécu en centre-ville à Glasgow et à Helsinki, mais jamais à Paris à cause du problème de logement. Donc j’aimerais retourner vivre en Finlande, car personne ne juge là-bas, or en France nous sommes trop souvent catalogués.
Quel est ton bilan scolaire ?
J’ai une maitrise de Langues Etrangères Appliquées anglais-espagnol. J’ai grandi avec cette phrase « pour avoir un bon avenir il faut faire des études longues ». Mais, personne ne m’a conseillé à l’époque j’ai donc suivi les clichés. Avec la maitrise commerciale et marketing on aborde pleins de sujets théoriques, mais on ne connait rien.
Combien voudrais-tu gagner plus tard ?
Avec mon expérience j’ai réalisé que l’argent ne ferait jamais le bonheur, donc l’argent ce serait juste pour vivre la vie que je mène.
As-tu déjà travaillé ? Si oui, quel était ton salaire ?
Mon premier boulot chez un courtier m’a apporté 1 180€/mois. A Glasgow j’étais prof assistant à mi-temps et je gagnais 900 livres (environ 1000 euros). Puis en Finlande je gagnais 1600€/mois net.
Veux-tu être indépendant de tes parents ?
A 32 ans oui ; Je l’’étais à l’étranger, mais en France je n’y arrive pas. J’avais demandé une aide de logement à Bobigny, mais je n’ai eu la réponse qu’un an plus tard.
Mehdi Chafik, 18 ans, lycéen à Louise Michel, vit dans une cité à Bobigny
Quel est ton projet de vie ?
Je veux être dans la direction d’une entreprise afin de gérer le personnel, la finance et l’administration, dans le domaine tertiaire.
Quel est ton bilan scolaire ?
En maternelle et primaire j’ai été dans une école privée au Maroc. Au collège, j’avais de très bonnes notes ; 15 de moyenne en 3ème, j’ai donc eu le brevet sans effort particulier. A mon arrivée en seconde, l’environnement de ma classe m’a défavorisé. Mon redoublement en seconde m’a permis de prendre conscience de plusieurs choses. En première l’esprit du bac commençait à naitre, et là je travaille pour avoir le bac Economique et Social.
Quelle entreprise voudrais-tu rencontrer ?
Je voulais rencontrer la direction du développement économique de la ville et faire connaissance avec les personnes qui peuvent m’avancer dans mes recherches.
Combien voudrais-tu gagner plus tard ?
Pour commencer par rapport au stage je privilégie les expériences plutôt que l’aspect financier. Plus je travaillerais plus je gagnerais de l’argent. 2 500 € serait un bon salaire pour un débutant.
As-tu déjà travaillé ? Si oui, quel était ton salaire ?
En stage il y a quelques années, mais comme je n’ai pas d’expérience professionnelle cela reste une faiblesse pour moi.
Veux-tu être indépendant de tes parents ?
Oui, c’est clair. Et aussi je veux leur rapporter tout ce qu’ils m’ont donné pendant que j’étais sous leur responsabilité.
Sabrina Khamina
Pour en savoir plus : http://www.bobigny.fr/jsp/site/Portal.jsp?page_id=800