Notre groupe de trois personnes s’est intéressé à la mobilité dans Bondy et dans le quartier de la gare (photo). Nous avons commencé notre travail en interviewant des gens sur les quais du RER pour connaître leurs trajets quotidiens, les modes de transports qu’ils utilisent et où ils se rendent.

Nous leur avons demandé de dessiner leur trajet quotidien sur une feuille. Certains ont refusé, mais plusieurs ont accepté de le faire. Nous avons reçu différentes esquisses, souvent une seule ligne du point de départ jusqu’à la gare, mais certains ont dessiné des points de repère, des lieux importants dans leur vie quotidienne à Bondy. Des « cartes mentales » de Bondy en somme, qui nous ont permis de voir comment les Bondynois perçoivent leur ville et leur entourage.

Quand nous leur avons demandé le lieu préféré à Bondy, les gens n’ont pas su répondre. La majorité, parmi la douzaine de personnes interrogée, a dit que ça n’existait pas. J’ai trouvé ça étonnant, même frappant. Ces réponses m’ont fait penser que les Bondynois n’ont pas de relation avec leur ville. A part leur propre maison ou appartement, ils n’apprécient pas l’environnement où ils vivent. Je me demande pourquoi.

En me promenant dans Bondy, j’ai appris à connaître une ville tranquille avec une typologie d’habitation variée. De nombreux pavillons, bien tenus avec de jolis jardins, fermés par des clôtures. Des grands ensembles aussi, où rien n’est marqué comme appartenant à quelqu’un. Pas de clôtures, pas de jardins privés. Tout est commun, ce qui fait que l’ensemble n’appartient à personne.

Peut-être que si les Bondynois que nous avons croisés à la gare avaient eu plus de temps pour réfléchir à cette question sur leur lieu préféré, ils auraient pu donner une réponse. Ce que j’ai compris, par leurs réponses, c’est qu’il n’y a pas assez d’espaces publics à Bondy, pas assez de lieux de repos, de lieux de rencontre, de lieux pour passer du temps. Dans les cités pavillonnaires, les seuls espaces publics sont formés par les rues devant les clôtures. Dans les grands ensembles, c’est confus parce que la limite entre privé et public est difficile à définir.

A Bondy, les deux principaux espaces publics urbains, la place du marché de la gare et la place de l’hôtel de ville, sont souvent déserts. Peut-être est-ce à cause de la proximité de Paris que les gens ne restent pas à Bondy pour passer du temps. Peut-être est-ce seulement une question d’aménagement de l’espace ou le manque d’activités qui fait que les gens ne sont pas attirés ici.

Je pense que la problématique de la banlieue en général consiste à savoir comment donner une identité forte à une ville dont l’existence dépend de la proximité d’une autre ville bien plus grande et de son inscription dans une métropole. Comment rendre une ville de la banlieue attirante pour que les gens n’aient pas besoin d’aller voir ailleurs ? Et comment encourager les habitants à développer l’environnement où ils vivent?

Salla Oikkonen

Précédents articles de la série Happy Bondy :
Bondy-dissection-architecturale
Et-si-le-salut-de-la-ville-etait-en-banlieue
Une-ville-ses-chateaux-ses-palais-ses-temples-2
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Salla Oikkonen

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