Rennes, Marseille, Carcassonne ou encore Lyon, autant de villes dans lesquelles la population se mobilise pour venir en aide à Mayotte. En Île-de-France, l’un des rendez-vous a été donné dans le restaurant comorien Wusipi de Paris, dans le 20ᵉ arrondissement. C’est entre les tables et entouré de l’odeur de plats qui sortent de la cuisine que des personnes viennent déposer denrées alimentaires non périssables, bouteilles d’eau, vêtements, ou encore produits d’hygiène. Depuis mardi 17 décembre et jusqu’au samedi 21 décembre, le restaurant organise une collecte de dons.
Nous sommes dans l’obligation de faire de notre mieux pour les aider
Pour Achiraffi Ghalil gérant du restaurant, face à cette catastrophe, venir en aide d’une quelconque façon était une évidence. « C’est une question de fraternité humaine », explique-t-il. Avant de préciser que tous les Comoriens ont de la famille à Mayotte. « On est comorien, ce sont nos frères ! » Un sentiment que partage Albechir, venu l’aider bénévolement avec la collecte aujourd’hui. « C’est important pour moi d’être là aujourd’hui, parce que Mayotte fait partie des Comores, ce sont nos frères et nos sœurs », abonde-t-il. Pour lui qui est né et a grandi aux Comores, plus que de la solidarité, « nous sommes dans l’obligation de faire de notre mieux pour les aider. »
Une participation importante pour les collectes de denrées
24 heures après le début de la collecte, le fond de la salle est déjà rempli avec les dons qui arrivent au fil de la journée. Beaucoup ont répondu à l’appel lancé sur les réseaux sociaux, notamment Hafath et Saïd qui viennent déposer plusieurs sacs en famille. Hafath a entendu parler de la collecte sur Snapchat grâce à une amie qui l’a partagée. D’origine mahoraise et comorienne, si elle ne peut pas se rendre sur place, elle tient à aider son île comme elle le peut. Tout comme Saïd, qui a eu des nouvelles de leur famille récemment et se réjouit de ces collectes. « Pour le moment, la famille va bien, mais les dégâts sont une tragédie. Du coup, on a amené tout le nécessaire pour tout le monde. » Et effectivement, à l’intérieur des sacs, on trouve de la nourriture, des couches, du savon, du dentifrice…
Une tragédie dont nous ne connaissons pas la réelle ampleur compte tenu du réseau qui a été lourdement impacté. Sans compter la nourriture du restaurant, c’est aussi ce manque d’information et de moyen de communication qui a poussé Félicie à venir. « Vu ce qu’on voit comme images et le peu d’images qu’on voit, il faut aider ! Je me suis dit” prends la route et vas-y !” ».
Des dons d’argents défiscalisés davantage pour inciter à donner
En plus des vêtements, chaussures pour hommes, femmes et enfants, elle a aussi fait un petit don à la Fondation de France. Concernant les dons, le gouvernement a annoncé une réduction d’impôt de 75 % (au lieu de 66 % habituellement) pour les dons et versements effectués du 17 décembre 2024 au 17 mai 2025. Cette mesure concerne les dons, dans la limite de 1 000 euros, « au profit des associations et des fondations reconnues d’utilité publique œuvrant sur place ».
De son côté, le gérant du restaurant tient à préciser qu’il n’accepte pas d’argent : « On a eu des propositions, mais je refuse ». Il redirige alors les personnes vers des structures qui font des collectes d’argent comme la Croix-Rouge ou encore l’association Mvukisho Ye Masiwa ». D’autres associations comme le Secours Populaire, le Secours Catholique, la Fédération Nationale de la Protection Civile… œuvrent aussi sur place.
L’idée est vraiment d’optimiser les forces pour que ça arrive le plus vite
« Il vaut mieux optimiser plutôt que de faire une multitude de petites structures et de semer la zizanie », estime Achiraffi Ghalil. Pour acheminer la collecte vers l’archipel, il compte sur ses fonds propres et sur d’autres citoyens qui vont donner spécifiquement pour ça. Comme vont le faire d’autres acteurs qui réceptionnent les collectes en Île-de-France. La première étape sera d’abord de tout faire parvenir à des sociétés d’import-export situées à Lyon ou Bordeaux (par camion ou via la Poste), pour que mardi prochain, le 24 décembre, des conteneurs en provenance de plusieurs villes de France puissent partir en bateaux en direction de Mayotte.
Achiraffi Ghalil est en lien avec d’autres collectes de la région, « l’idée est vraiment d’optimiser les forces pour que ça arrive le plus vite ». Pour l’heure, il n’est pas encore possible de faire décoller ou atterrir des avions commerciaux, l’aéroport étant fermé jusqu’à nouvel ordre. Les denrées devraient donc arriver en bateau d’ici un peu moins de deux mois, voire au mieux une trentaine de jours.
Christiane Oyewo