Liste PS-EELV-FDG : une « Fusion technique »
Une fois n’est pas coutume, l’invitée, Clémentine Autain, porte parole d’ensemble, une des composantes du Front de Gauche et tête de liste pour ce parti aux dernières élections, n’a pas vociféré contre le billet de Medhi Meklat et Badroudine Said Abdallah, qu’elle a qualifié de « très bel édito ». Il faut dire qu’il était moins à charge qu’à l’habitude. Une jeune femme politique de gauche dans le paysage politique est chose rare. Mais elle est aussi la grande perdante de l’histoire aux régionales, et nombre d’observateurs analysent la fusion avec la liste PS comme une manœuvre de survie pour l’extrême gauche. Pour l’invitée, il s’agissait avant tout d’une « fusion technique », car elle « ne voulait pas que la droite gagne ». Premier échec, l’objectif de cette stratégie étant aussi d’ « avoir des élus dans la durée ». Elle nie toute alliance et s’inscrit dans « le courant qui conteste la politique gouvernementale ».
« Représenter le prolétariat contemporain »
Après un scrutin au cours duquel plus de six millions de Français ont voté Front National, parmi lesquels de nombreux jeunes et de nombreux ouvriers, elle tente d’expliquer le désamour de ces derniers pour la gauche. Les raisons sont nombreuses. Elle évoque « le déclin Européen de la grande aspiration du XXe siècle », ou encore « l’échec de la social démocratie » pointant ainsi en France le Parti socialiste aux manettes depuis 2012. Si à l’étranger des organisations comme Siriza en Grèce ou Podemos en Espagne parviennent à réunir, c’est selon elle lié à « la violence des politiques d’austérité qui ont généré des mouvements de grève générale en Grèce ». Elle évoque également « une mémoire du fascisme » dans ces pays. Son souhait en France est de « représenter le prolétariat contemporain ». Mais elle souligne que ce prolétariat est très difficilement mobilisable aujourd’hui car éclaté. Marx aurait certainement considéré que le monde ouvrier est passé de la « classe pour soi », soudée et mobilisée, à la « classe en soi » qui ne partage plus que des conditions d’existence.
« Il faut anéantir Daech »
Pour Clémentine Autain, la France post-attentat est « face à un problème pour le vivre ensemble ». Pour elle « nous avons la responsabilité politique de lutter contre les amalgames ». Elle n’occulte pas le FN, qui « dans la façon dont il progresse est presque une menace de guerre civile ». Concernant la politique internationale, elle est claire : « Il faut anéantir Daech, c’est un projet très dangereux », et pour cela, il est nécessaire d’internationaliser les forces démocratiques. Mais cela va de pair avec la nécessité de « se mettre au clair sur les relations dans ces pays là ». Aujourd’hui, elle note que la France « ne soutient pas ceux qui se battent pour leur liberté ». Elle explique aussi que « Daech prospère à l’échelle internationale sur la baisse des grandes idéologies ». Le there is no alternative Thatcherien serait donc un élément explicatif du succès terroriste. Pour elle, « les humains ont besoin de transcendance ».
« Nous irons manifester même s’il y a l’état d’urgence »
La militante considère que l’état d’urgence est une menace pour les droits individuels et collectifs, et est utilisé à d’autres fins que la lutte contre le terrorisme. « Quand on voit des agriculteurs bios qui d’un coup sont perquisitionnés, des manifestants pour la COP21 qui font 24 heures de garde à vue, on se demande ou on est », et d’ajouter « ils veulent notre démocratie, et finalement c’est une deuxième victoire pour Daech ». Pas question pour le Front de Gauche de ne plus descendre dans la rue. « Nous irons manifester même s’il y a l’état d’urgence ».
Mathieu Blard
Diffusion le dimanche 20 décembre sur LCP à 13h et sur France Ô à 19h.
 

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