Le chômage flirte dangereusement avec les chiffres records atteints en 1997, soit 3,2 millions de sans emplois. Parmi ces millions, les jeunes, plus spécialement les moins de 25 ans, pour qui le chômage est un contrat à durée indéterminée.

Quel crime ont-ils commis ? Ambiance précaire sur fond de mélancolie ! Ils habitent la même ville Noisy-le-Sec. Chacun aux antipodes de cette commune, ils ne se sont peut-être jamais croisés. Mais une chose les lie : le chômage ! Martin, 22 ans, chômeur depuis deux ans livre ses déboires !

Les constats commencent tous sans exception par des mots ! Ces mêmes mots ont un sens, une définition : « Le chômage c’est un CDI (chômage à durée indéterminée) ! C’est une longue inactivité, j’ai l’impression d’être un train qui a déraillé du système ! », confie-t-il avec une certaine gêne. Tout commence à l’école, titulaire d’un Bac pro vente et comme tous ces gamins il a des rêves plein la tête : « je voulais dans un premier temps, grâce à mes stages, toucher l’étranger ! Dans un second, je me voyais m’y installer et faire du commerce ! »

Il se voyait déjà comme pleins de demandeurs d’emploi, en haut de la fiche. Le retour à la réalité sonne comme un coup de tonnerre ! Il se retrouve plongé dans d’incessantes recherches. Fini l’exploration et bonjour le quotidien rythmé par le bouche-à-oreille, le porte-à-porte, le tour des agences d’intérim et bien sûr les envois de CV à la pelle. Un travail de longue haleine, mais toujours les yeux rivés sur l’actualité.

« La hausse du chômage ne m’étonne pas, avec la crise c’est normal qu’on s’enlise dans un gouffre », lance-t-il résigné. Son avis ne semble pas aussi tranché qu’il n’y paraît, il relance avec une once d’espoir : « le gouvernement essaye de prendre ses responsabilités avec le contrat de génération, mais il n’y en aura peut-être pas assez ! »

Samba 24 ans, chômeur depuis 1 an et demi nous parlent de son calvaire ! Il faut toujours mettre des mots sur un mal-être, sur un fardeau : « le chômage c’est une punition ». Il prend son souffle et marque une longue pause : « quand tu es au chômage et que tu touches des indemnités, c’est le minimum vital pour survivre ! ».

On se berce d’illusions dans ce schéma classique nommé école ! Armé d’un Bac pro comptabilité, il chantait La Vie En Rose : « J’envisageai de créer ma propre entreprise ! » L’audace est présente, mais le projet tombe à l’eau ! On se requinque avec un scotch sur un tube de Gainsbarre, Aux Armes et Caetera !

Puis on se replonge dans le combat, on cherche corps et âme oubliant ses critères de bases : « le temps m’a rendu moins exigeant ! ». Le mécanisme est réglé comme du papier à musique, réveil, vérification des mails, une tonne de rendez-vous non concluants ! Fort de son jugement, il réalise : « la journée, je suis dans le réel à force de courir après les rendez-vous ! L’après-midi je suis au cœur du virtuel, je balance des mails à la seconde ! ».

Une vie à contre-courant loin de la dolce vita, avec la télévision comme seul rempart à l’exclusion : « je ne suis pas du tout surpris de l’inflation du chômage, je pense qu’il y a beaucoup de personnes et pas assez de boulot ». Il n’a pas dit son dernier mot ! Il enfile ses gants, la punchline va partir : « demain j’ai la certitude de quitter le statut de chômeur ! L’État me servira-t-il de béquille pour me remettre sur pied ou vais-je devoir m’en sortir seul ? »

Quel crime ont-ils commis ? Est-ce la mauvaise orientation scolaire, les mauvais diplômes ou la mauvaise adresse ? Suite à la publication des derniers chiffres, Monsieur Sapin, je sais que vous avez les boules, le moral en berne ! Mais loin des chiffres et des pourcentages se cachent des hommes ! Trouvez-nous enfin comment défaire cette camisole !

Lansala Delcielo

 

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