Le geste de la direction n’aura pas permis de trouver une fin au conflit. Lors de la dernière réunion de négociation du vendredi 1er décembre, la société H. Reiner a fait un petit pas en direction des salariés grévistes sur le panier repas, une des principales revendications des salariés en grève. Alors qu’il s’élève à 1, 90 euros aujourd’hui, la direction propose de le réévaluer immédiatement à 3 euros puis à 4 euros en juillet 2018. « Insuffisant », estime Norredine Toumi, secrétaire général FO des personnels de nettoyage des trains et gares d’Ile-de-France et partie prenante des négociations. Les salariés réclament un panier-repas à 4 euros dès aujourd’hui.

Points de blocage : convention collective, clause de mobilité, prime vacances et effectifs

Autre revendication portée par les grévistes : le changement de convention collective. Actuellement, les salariés sont liés à la convention collective nationale des entreprises de propreté moins avantageuse, selon eux, que la convention manutention ferroviaire. « La direction a accepté le passage à cette convention progressivement sur douze mois », rapporte Norredine Toumi. Trop long, estiment les syndicats, qui souhaitent eux passer sous la dite convention au 15 février 2018.

La fameuse clause de mobilité des agents du groupe pose toujours problème. Selon les salariés et les syndicats, cette clause décidée par leur nouvel employeur les contraindrait à être déplacés d’une gare à une autre jusqu’au dernier moment. « Lors de l’avant dernière réunion de négociation le 26 novembre, la direction s’était engagée à la supprimer. Or, vendredi 1er décembre, elle est revenue sur cet engagement. Ce n’est pas respectueux”, estime Norredine Toumi.

Selon le représentant FO, la direction n’a pas non plus voulu répondre aux autres revendications des agents à savoir l’augmentation de la prime vacances ou encore le maintien des effectifs.

« Les salariés en grève sont déterminés »

Patrick Liboux, délégué Sud Rail à la SNCF qui a le mandat de sa fédération pour mener les négociations aux côtés des salariés grévistes, est catégorique : « Il n’y aura pas d’accord signé tant que toutes les conditions requises ne seront pas réunies, et c’est loin d’être le cas ». Même tonalité du côté de Diadie Diakhité, responsable CFDT manutention ferroviaire à la SNCF, qui accompagne les grévistes dans le mouvement social : « Il faut que la direction H. Reinier comprenne que les salariés grévistes ne reprendront pas le travail tant que leurs revendications ne seront pas acceptées. Il en va de leur dignité. Et ils sont déterminés ». En solidarité avec les grévistes, les cheminots Sud-Rail, qui réclament l’embauche en CDI par la SNCF des salariés H.Reiner et l’arrêt du recours à la sous-traitance, ont déposé un préavis de grève sur les lignes Paris Nord pour mardi 5 décembre 19h jusqu’au 15 décembre 8h.

Sollicitée à plusieurs reprises, l’agence de communication mandatée par H. Reiner pour la gestion de ce dossier n’avait pas de détail à nous donner sur l’avancée des discussions.

Une cinquième réunion de négociations est programmée pour ce lundi 4 décembre à 15h.

Recours à la force pour nettoyer la gare de Saint-Denis : « une atteinte au droit de grève »

Dans la nuit de vendredi 1er au samedi 2 décembre, les forces de l’ordre sont intervenues, à la demande de la SNCF, pour expulser les salariés en grève et nettoyer la gare de Saint-Denis où voyagent chaque jour 90 000 personnes. Depuis un mois, déchets et détritus s’y étaient accumulés. Une décision qui fait fulminer Norredine Toumi. « C’est ni plus ni moins qu’une atteinte en bonne et due forme au droit de grève ! C’est une décision scandaleuse! » Une colère partagée par Alain Belhocine, agent de nettoyage depuis 17 ans. « Je fais le piquet de grève depuis le début du mouvement à Saint-Denis avec mes collègues. Maintenant, la gare vient d’être nettoyée grâce au concours de la force publique. Ce n’est pas une attitude respectueuse du droit de grève de la part de la SNCF« , estime celui qui a connu quatre entreprises prestataires au gré des marchés publics remportés. Pour Alain, l’action d’ONET et de la SNCF ne fera qu’augmenter la motivation et la détermination des grévistes. 

« Ce n’est jamais avec plaisir que la SNCF voit ses gares occupées et ça ne l’est pas plus lorsqu’il faut prendre la décision d’une action des forces de l’ordre. Il n’y avait hélas plus d’alternative au bout de vint-neuf jours d’occupation », nous indique, par mail, la direction médias et opinions de l’entreprise ferroviaire qui précise que « l’accumulation des déchets a fini par générer un véritable problème de salubrité et de sécurité publique« . La SNCF a également indiqué ne pas carter la possibilité de faire nettoyer les deux autres gares de Sarcelles et Ermont-Eaubonne. « Nous ne nous ferons pas avoir une deuxième fois. Maintenant, on se relaie pour surveiller Sarcelles et Ermont-Eaubonne afin que cela ne se reproduise plus », précise Alain.

Mohammed BENSABER

Lire aussi : Depuis  26 jours, ces agents ont cessé de nettoyer des gares d’Ile-De-France pour de meilleures conditions de travail

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