Hamid B. rentre du travail, il est bientôt 6 heures, il passe par le parking du DNG (Da north gang, nom d’une partie de la cité des Pyramides). Hamid a la quarantaine. Cela fait 25 ans qu’il habite dans ce quartier. Il est marié et père de quatre enfants. Son nom (qu’il souhaite taire) et son prénom impressionne toujours paraît-il, car il n’a a priori pas la « tête » d’un Maghrébin, mais celle, comme le disent certaines personnes, d’un « Français de souche ». Il est maître d’hôtel, et à son travail on l’appelle Rémi, parce que « ça fait mieux », dit-il. Hamid parle de tout, de« guerre », de « discrimination », des « vacances », du « voile », du « niqab » et même de « travail ». Il semble un peu tourmenté.
A propos de travail, il évoque, en passant, un souci : il aurait un handicap. Un handicap qui ne se voit pas, du moins ne l’ai-je pas vu et il a survolé le sujet. C’est ce handicap qui l’oblige à changer de métier, raconte-t-il. Il entame une reconversion, il en parle avec beaucoup d’énergie, il a l’air ambitieux, positif. Positif comme un jour nouveau, une clé du bonheur, ou une gomme qui effacerait ses problèmes.
Son prochain nouveau métier : « représentant indépendant en communication ». Waow ! Quel titre ! Enfin, plutôt : quel titre ? Qu’es-ce que ça veut dire ? C’est un activité d’« auto-entrepreneur ». Très bien. « Du marketing de réseaux », continue-t-il. Ça reste encore flou. Il veut travailler pour ACN, dit-il. ACN fait penser au nom d’une chaîne de télévision ou à un club sportif. C’est autre chose : « La plus grande société directe de services de télécommunication », fondée aux Etats-Unis. Ces temps-ci on en parle beaucoup en mal. A tort ou à raison, je n’en sais rien, mais visiblement Hamid n’aime pas qu’on dénigre ACN, dont le principe commercial repose sur l’acquisition de clients.
« C’est dommage que France 2, Arte et même Le Parisien maintenant, en parlent comme d’une secte », dit-il. Il croit que si les médias se sont donné le mot pour critiquer ACN, c’est parce que « cette société commence à faire de l’ombre aux autres sociétés ». Il conseille donc vivement à ces médias d’aller voir de plus près pour y croire. Plusieurs fois invités à des présentations, puis à des formations organisées par ACN, il dit avoir eu le temps de peser le pour et le contre. Il a opté pour le « pour ».
Pour, car il paye un loyer de 800 euros par mois. Sa femme ne travaille pas, et bien que volontaire et déterminée, souligne Hamid, elle peine à en trouver. Elle manque d’expérience. A cela s’ajoutent les tâches qu’endossent un père de famille. Probablement trop lourdes pour son dos. ACN, est l’espoir. Son espoir. Cet été, Hamid consacrera les deux mois d’été au démarrage de sa petite entreprise. C’est pour lui un pas vers le bonheur. Un bonheur tout simple : partir un jour en vacances avec sa famille, remplir son rôle d’époux et de père, se divertir et préserver sa santé. En attendant, ses enfants iront à la maison de quartier, au cinéma, à la piscine et feront des activités dans la cité.
Silvia Sélima Angenor