Quel est le point commun entre Inoxtag, Wejdene, Hakim Jemili et Rokhaya Diallo ? Oumar Diawara les a tous interviewés ! Bel accomplissement pour celui qui, adolescent, était abonné à Star Club et rêvait de pouvoir lui aussi, un jour, interviewer des célébrités.

C’est au lycée qu’Oumar, originaire des Hauts-de-Seine, commence à s’intéresser au journalisme. Celui qui se décrit comme ayant « toujours été très curieux » se renseigne alors sur les façons d’accéder à ce métier. L’objectif est clair : intégrer en master une des 14 écoles de journalisme reconnues par la profession.

Après son bac ES, il poursuit ses études en licence d’histoire à La Sorbonne, cursus qui lui permet de développer sa culture générale et ses compétences rédactionnelles. Mais Oumar sent qu’il lui manque un truc : une expérience professionnelle dans le journalisme. Dès sa L1, il décide de toquer à différentes portes pour maximiser ses chances d’intégrer une rédaction. Parmi elles, celle du Bondy Blog, ouvertes à toutes et tous. « J’ai simplement envoyé un mail pour demander s’il était possible d’écrire un article, on m’a répondu en m’invitant à participer à une conférence de rédaction », raconte-t-il.

 

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Un enfant du Bondy Blog

« Je suis arrivé au Bondy Blog en vrai touriste, s’amuse-t-il. Je n’avais pas d’expérience, pas de réseau, pas de connaissances sur le monde médiatique. Je ne savais même pas ce que signifiait une ligne éditoriale ! Mais malgré cela, on m’a très rapidement fait confiance. »

Début 2015. La France vit des heures très sombres. Quelques jours après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, Oumar se rend au marché de Neuilly-sur-Seine pour prendre le pouls des habitants de la ville. Il rend ensuite compte de ses observations dans un article publié sur le site du BB, le premier d’une très longue série. Pendant toute sa licence, l’aspirant journaliste continue d’écrire sur divers sujets, liés à l’actualité culturelle, sociétale ou encore politique. Et ce, dans le but de booster ses compétences journalistiques.

Oumar garde son objectif en ligne de mire : réussir le concours d’une école de journalisme reconnue par la profession. En parallèle de sa L3, il intègre la Prépa Égalité des Chances, pilotée par l’ESJ Lille et le Bondy Blog, dont l’objectif est de préparer gratuitement les étudiants boursiers à ces concours exigeants et sélectifs. « Je passais mes journées à suivre l’actualité à fond pour les concours, et à côté, j’avais quand même une licence d’histoire à valider… C’était la pire année de ma vie », reconnaît Oumar.

En travaillant de manière acharnée, on peut rattraper ce retard

Cette année-là, il prend clairement conscience de « l’aspect discriminant des concours » qui accentuent la reproduction sociale. « Je ressentais un sentiment d’infériorité par rapport à certains qui me semblaient beaucoup plus cultivés que moi… Mais bon, en travaillant de manière acharnée, on peut rattraper ce retard », affirme Oumar en ajoutant qu’il lui arrivait même de feuilleter La Culture générale pour les nuls pendant son année de prépa.

À l’issue des concours, il intègre le CFJ – l’une des plus prestigieuses écoles de journalisme –, et décroche une alternance à FranceTV Slash. Les dirigeants de ce nouveau média lui confient une tâche : interviewer des célébrités. « On était une petite équipe et il y avait tout à construire : c’est ce que j’ai adoré parce que ça m’a permis de développer ma propre émission ».

L’art de l’interview made by Oumar

Dans ce domaine, Oumar a un modèle : Mouloud Achour. « Ce que j’aime dans ses interviews, c’est la bienveillance dont il fait preuve parce que ça met à l’aise les interviewés et ça donne de supers moments », reconnaît-il. Peu de temps après le début de son alternance, il lance l’émission « Moonwalk » : une vingtaine de minutes d’échange avec une personnalité populaire auprès des jeunes pour revenir sur son parcours et ainsi donner des exemples de réussite. « Le tout, dans la bienveillance », tient à ajouter le jeune journaliste.

Pour organiser les premiers tournages, Oumar galère. Réussir à entrer en contact avec des artistes aux millions de followers, ce n’est pas toujours simple. « Pour Soprano, j’avais contacté plein de membres de son label et quand j’ai finalement pu l’interviewer, on a tapé une barre parce qu’il s’était rendu compte que j’avais contacté tout le monde ». Il se fait ainsi, petit à petit, son propre réseau.

Oumar prend énormément de temps pour préparer ses interviews. Il passe ses journées à regarder, lire ou écouter les interviews déjà données par la personnalité avec qui il va échanger. Il apprend toutes ses questions par cœur, pour ne pas avoir de fiche sur lui et faire de son interview un véritable moment d’échange, pas un interrogatoire.

« Pour réussir une interview, tout se joue dans la phase de préparation, résume-t-il. Quand t’es face à l’interviewé et que tout est clair dans ta tête, t’es détendu et il le ressent, ce qui fait que la discussion devient beaucoup plus naturelle et agréable pour tout le monde. »

L’importance des réseaux sociaux

Lorsque les premières émissions ont été publiées sur YouTube, il ne pouvait pas s’empêcher de lire tous les commentaires. Il se souvient qu’au départ, il faisait tout pour « adopter une posture journalistique », que ce soit dans la manière de parler et de s’habiller. « J’avais la vingtaine et je me retrouvais d’un coup exposé devant des centaines de milliers de personnes, donc je voulais vraiment faire les choses bien. Je mettais des chemises n’importe comment. Parfois, je prenais des vestes de mon frère, s’amuse-t-il. Mais avec le temps et l’expérience, j’ai appris à être beaucoup plus à l’aise. »

Ce qui ne change pas, en revanche, c’est qu’il continue d’être très attentif aux retours du public sur son travail, que ce soit sur YouTube ou sur ses réseaux sociaux personnels. « Je ne fais pas ces interviews pour mon petit plaisir personnel. Le but est qu’elles plaisent aux gens qui vont les regarder donc forcément ça m’intéresse de savoir ce qu’ils pensent de mon taff, c’est ce qui me permet de m’améliorer. »

Vers de nouvelles aventures

Les réseaux sociaux ont d’ailleurs pris une grande importance dans son quotidien depuis qu’il a intégré FranceTV Slash. Il a appris à les utiliser pour fidéliser sa communauté et mettre en valeur son travail journalistique, ce qui lui a permis de bénéficier de nouvelles opportunités professionnelles. Depuis quelques mois, il assiste Léna Mahfouf dans la production de son podcast « Canapé Six Places » en tant que consultant éditorial. En clair, il aide Léna dans la dimension interview du podcast : sélectionner les thèmes à aborder, préparer les questions, etc.

En juin dernier, Oumar a décidé de mettre fin à « Moonwalk » après « quatre années passionnantes ». « Je ne voulais pas attendre que l’émission floppe pour m’arrêter et là, je sentais que c’était le bon moment ». Depuis, il continue de produire du contenu sur Instagram pour FranceTV Slash et travaille en parallèle sur une nouvelle émission. Bien qu’il souhaite diversifier son travail, le journaliste de 26 ans souhaite se concentrer sur ce qui lui plaît le plus dans ce métier : les interviews.

Ayoub Simour

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