Avertissement : ces personnages sont imaginaires. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite.

« Une occasion unique de se recentrer sur soi-même »

Dès que le président a annoncé les mesures de confinement, t’as saisi ton carnet tout chamarré acheté 2 euros chez HEMA pour te faire un planning et une to-do list. Tu t’appelles Elsa, tu vis avec Marc et chaque soir, il envoie des signaux en morse à la fenêtre du salon pour espérer que quelqu’un le sauve du rythme d’enfer que tu t’imposes et que tu lui imposes. Le matin tu te lèves à 8h en faisant du yoga, ensuite tu prépares quelque chose de comestible principalement composé de graines d’avoine. Tu réponds à quelques mails, déjeune devant une série puis l’après-midi c’est cours d’activités manuelles ou développement personnel. Le 5ème jour, t’as regardé Marc et tu lui as dit « mais sommes-nous vraiment heureux ? » Il a répondu « on peut faire un atelier PornHub ? »

Deux frères

La vérité c’est que vous êtres confinés dans le confinement. Vos parents en avaient marre de vous du coup ils vous ont interdit de sortir de votre chambre sans autorisation et en dehors de certains horaires. Dans votre chambre, il y a un lit superposé et une table qui fait office de bureau dans un coin avec une chaise de patron du CAC40. Vous êtes trop jeune pour connaître Prison Break du coup vous êtes incapables de sortir une seule bonne vanne sur cette situation. Les cours à la maison ? Ca fait longtemps qu’ils ont sauté. Comme la plateforme n’a pas voulu fonctionner, au bout de 15 minutes vous êtes partis. Une règle ancestrale qui s’applique même à l’enseignement à distance. Quand il y en a un qui agace trop l’autre, il luit dit « je vais appeler maman, elle va te gifler » et l’autre de répondre « elle peut pas, il y a les gestes barrières ».

« Le confinement ? Ca n’a rien changé à ma routine »

Chez toi, t’as un stock de vitamine D. C’est ta marque de fabrique. Ce stock c’est ton petit soleil intérieur comme tu aimes à dire. Tu t’appelles Adam, t’as 22 ans et il faut un pied de biche pour parvenir à te sortir de chez toi d’habitude. T’as su qu’on était en confinement il y a seulement deux jours quand il a fallu que t’ailles faire quelques courses. Enfin, quand ta mère t’a demandé si tu pouvais pas aller les faire. Oui parce que tu habites ou plutôt cohabites avec tes parents qui ont été assez sympa pour t’aménager le sous-sol où tu disparais 23h40/24. Tu pries chaque soir avec ta manette de PS4 entre les mains que le confinement dure toute la vie. C’est la première fois que t’es en communion avec autant de gens.

« Han faut trop que j’le mette en story »

On va dire que tu t’appelles Lina, la petite trentaine, que tu bosses dans la communication, que t’es en coloc avec deux autres personnes dans le 18ème et que clairement ton temps passé sur Instagram augmente aussi vite que le coronavirus se propage. Avant le confinement, tu avais certaines règles sur le contenu que tu publiais. Tu te respectais et par la même respectais tes followers. Aujourd’hui tout ça, c’est de l’histoire ancienne. Et vas-y que tu te lances dans les lives en featuring avec tes rouleaux de papier toilette, que tu publies des Boomerang de tes pieds et que tu n’épargnes à personne la moindre recette que tu fais. Tes pâtes au gruyère ? Instagrammable de fou. « Han faut trop que j’le mette en story » est ta phrase préférée depuis le début de ce confinement. Celle de tes colocs c’est « t’es sûre ? »

« Vu qu’on est confinés, plus besoin de se laver les mains non ? »

Toi c’est Édouard et t’as passé tout ce début de confinement allongé. Tu es célibataire, tu vis seul et tout ce qui te guette c’est l’escarre. Au début, quand on t’a dit qu’il fallait te laver les mains toutes les heures, t’as dit ok. Mais depuis le confinement tu t’es dit « bah ça sert plus à rien maintenant non? » T’as commencé par ne plus te laver les mains « je les mets dans mon caleçon, aucun être vivant ne résiste là-dedans de toute façon ». Puis par ne plus te laver tout le corps. Tu te dis que ça ne sert à rien vu que tu ne vois personne. T’es quand même allé t’asperger la nuque avec un peu d’eau au 7ème jour. Jour où t’as commencé à arrêter de mettre des caleçons. Tu te sens libre.

Nota bene : toutes ces personnes ont convenu de se réunir à la fin du confinement pour faire un petit dégradé à blanc à celles et ceux qui ont déserté la capitale. Ca se passera au niveau du rond-point de la Porte Maillot (date à confirmer…)

Latifa OULKHOUIR

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