Le surnom, « nickname » en anglais, se distingue en deux catégories, le sobriquet qui est de nature moqueur et l’hypocoristique qui lui est plus affectif.  À ne pas confondre avec l’allias que pourrait afficher un rappeur par exemple ou le pseudo. Le surnom, le blaze sous toutes ses formes, est fréquent, très utile et très utilisé. Bien plus qu’une désignation substitutive du véritable nom d’une personne, il sert parfois à témoigner une affection verbale entre copain, copine ou concubin. Mais à Saint-Denis (93) par exemple, on s’appelle rarement par p’tit chat ou autre chouchou, loulou.
Nos surnoms naissent souvent d’une histoire de vanne, d’une partie de chambrette entre potes aux heures de grande galère en bas d’une tour, sur un parking ou simplement assis sur un banc. Les retours de cours de récré se font parfois très taquins ! A l’école les surnoms sont méchants ! Les enfants peuvent être cruels. Et aussi cruellement ingénieux en matière de sobriquet. Les professeurs n’y échappent évidement pas. On y retrouve les meilleurs: Mc intosh parce qu’il fait souvent l’intello, Pénélope car il est un peu efféminé, Limousin du fait qu’il a une tête longue comme une limousine, Sammy yeux verts dents jaunes (tout est dit), Findus pour la ressemblance avec un poisson, Clou de girofle car fin avec une grosse tête.
A l’instar de « Snatch » avec « Tony dents de plomb », « Boris le hachoir » ou encore « Francky quatre doigts », dans la ville de ma vie, Saint-Denis, le surnom sert surtout à brouiller les pistes nominatives même si parfois le prénom est conservé comme une base à laquelle on ajoute un terme mettant généralement en relief les particularités physiques ou morales. Cela donne par exemple Yassine dents bleues, Mohamed le ouf, Hakim grosse fesse, Sébastien gros yeux, le Blanc, Gwada, Le Balafré, Bergerac et j’en passe. Mais comme dans « Snatch » son origine peut être son surnom ! Turkish, L’Allemand, Russkov
Oui, brouiller les pistes, car l’identité est un peu taboue, chez nous. C’est pas de la paranoïa de jeunes. Mais il n’y a que Zorro qui signe les crimes de son nom. Pardon, mais Le Corbeau était rusé comme un renard et n’allait surement pas signer ses lettres de son nom ! Il n’est pas peintre, ou poète (tel Edgard Allan Poe). Je fais référence au film d’Henri George Clouzot (1943), son art était criminel et très peu conventionnel.
Certains nous sont inspirés par le 7e art et je décerne oscar, césar du meilleur surnom à la banlieue. Alonzo, Zépequeno, Dadinio, Manolo, Sossa, Body, Rico, Brastdell, Stringuer Bell, Cesar, Lucciani, Lattrache, Vador , Minimoi, etc… Les films et les séries de lascars marquent et heurtent les esprits, mais aussi le nom ou l’identité à ses heures. Les dessins animés aussi participé à notre renouveau identitaire, plus particulièrement Dragon Ball Z : Picolo, Babidy, Krilin, Hercule, Freezer etc.. Il y en a dans nos quartiers plus qu’au Japon !
Issu juste d’une attitude originale ou parfois hors du commun. Comme après un événement marquant par exemple. Là, je citerai Copilote, surnom donné après une course poursuite dans laquelle Sofiane était passager avant d’un véhicule pris en chasse et avait un peu trop exprimé sa peur à ce moment-là. Hassan crotte de nez, car il n’arrêtait pas de se moucher étant petit. Ou encore Costard qui dés son plus jeune âge, allait tous les dimanches à la messe, sur son 31.
Certains ont du sens et d’autres une histoire
Le sport, le foot, les célébrités, le rap nous ont plus qu’inspiré. Ronaldinho, ce footballeur brésilien, qui a joué au PSG notamment, avait des dents qui ressemblaient à des carrés de sucre en morceaux. Dans nos stades, beaucoup de Ronhi ont la bouche sucrée en plus d’avoir un pied gauche exceptionnellement salé ! Mon voisin avait lui des sourcils qui ressemblaient à des scratchs nous l’avons surnommé Domenech ! Il y avait une fille, une jolie métisse au collège qui avait une dent cassée, nous l’avons appelé Rohff, toute notre scolarité !
Une petite dédicace à Baloteli, génie du foot. Attaquant hors pair, fier de porter ce surnom, chaque action ratée il râlait comme le vrai joueur. Mimant ses gestes à la perfection, il nous régalait par sa comédie. Au passage dans l’univers carcéral le surnom est une institution. Personne n’y échappe. Matons, arrivants, anciens, les détenus s’essayent même à la poésie ! Il n’y a qu’à voir Prison break, tous les détenus portent un surnom. De Gueule d’ange au Disjoncté en passant par T-bag; ou encore Lacazette à la Santé, FBI à Villepinte, Obama à Nanterre, Roselmack ou encore Balasko à Fleury Merogis. Un flic, genre bad cop, de notre ville se faisait quant à lui surnommer Gant coupé, un autre Tête d’Afrique.
Certains surnoms sont aussi en ligue des champions. Parmi eux on retrouve Marc Landers pour un présumé ou encore Thomas Price, car il porte toujours une casquette! Disons le sans mettre de gants: Ray « sugar » Robinson a boxer de ses points l’élégance et le charme de son surnom.Un peu moins charmant, Rackham le rouge, Jack Sparrow, Barbe rousse, Samir goutte de sang, Vizighot, Attila, Hercule, Blood. La grande piraterie l’utilise pour faire peur !
Arme de dissuasion massive, le surnom peut terrifier ou juste afficher un bagage sanguinaire de grande ampleur. Certains ont du sens et d’autres une histoire. Les plus connus sont peut-être Malcom X, Mohamed Ali, Genghis Khan ou Anne Franck. Quelques fois un plaisir pour l’ouïe : La brioche, pour un mec qui est gros comme un pain de campagne ; Jambon-Beur pour un pote algérien clair de peau qui a les joues roses quand il fait froid ; Oasis, car il a la morphologie d’une canette et enfin l’un de mes préférés : Momo sexy fly, il a une attitude de séducteur.
Samir Benguennouna

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