C’est dit ! Chez Jean-Sébastien, Eduardo apprécie l’ouverture d’esprit et « la capacité à dialoguer avec tous les peuples, quelles que soient leur culture et leur couleur de peau ». Chez Eduardo, Jean-Seb aime « la détermination, la modestie, son nez et ses lunettes » (contrairement à ce que laisse croire la photo, il en porte bel et bien). Quand ils regarderont ces lignes dans quelques mois, auront-ils changé d’avis ? Peut-être.

Car dans les mois qui viennent, leur amitié va être mise à rude épreuve : en avril, les deux potes vont se lancer dans une traversée de l’Afrique en voiture. Leur objectif : rallier l’Afrique du Sud en partir de l’Algérie, pour être pile poil à l’heure du coup d’envoi de la Coupe du monde de foot. Pour pimenter leur voyage, ils seront filmés en quasi-permanence. Chaque semaine, une vidéo de 2-3 minutes sera diffusée sur You Tube. « Ça sera un document journalistique car on va traverser des points chauds du continent, mais aussi de la téléréalité car Eduardo et moi allons nous battre et nous embrasser tout le temps », plaisante Jean-Sébastien. Succès d’audience garanti.

L’idée du projet, baptisé « Nous irons à la Coupe du Monde », a germé l’an dernier dans le cerveau de Jean-Sébastien (Brettes de son nom). Le fondateur de la boîte de prod Reeltag, arrivé à New York en 2000 sur un coup de tête, assure qu’il a deux passions dans la vie : « Le foot et l’Afrique » – il a passé une partie de son enfance en Côte-d’Ivoire. « Je m’étais juré de retourner en Afrique quand il y aurait une Coupe du monde là-bas. »

La FIFA a exaucé son vœu. Eduardo Fontan alias « Edu », lui, était le boss de Jean-Sébastien quand celui-ci travaillait comme barman à son arrivée à New York. Sa motivation ? Retrouver son Gabon natal. Celui-là même qu’il a quitté à l’âge de huit ans. « Ça sera intense, dit l’intéressé à propos de l’escale programmée au Gabon. Heureusement que Jean-Seb sera là pour faire l’interprète car je ne parle pas français », lance-t-il à son compère.

Sur le chemin, les deux amis s’arrêteront dans les villes et villages où ont grandi les footballeurs de leur « dream team » africaine. Dans leur coffre, un ballon de foot. Certains pays qu’ils traverseront participeront à la coupe du monde, l’occasion de tâter le ballon avec les locaux. « L’idée, c’est de se mettre en forme pour être recruté par une équipe professionnelle à notre retour », blague Jean-Sébastien qui reconnait n’être fan de ballon rond que lors des grandes occasions. Eduardo, lui, redoute déjà les tacles vissés : « Quand ils vont voir la camera, les jeunes vont s’imaginer que le Real Madrid vient les recruter. Il faudra faire attention, ils vont se déchainer ! »

Des dangers sur les 8000 km route, il y en aura. Surtout que leur balade n’a rien d’un stage de remise en forme à Tignes : leur itinéraire inclut le Sahara occidental, l’Angola et la République du Congo, des contrées qui font davantage parler d’elles pour leurs déboires économiques et politiques que pour leurs paysages de rêve. Heureusement, entre deux check-points et groupes de rebelles, il y aura de belles rencontres, des repas en musique, la route qui plonge dans des paysages de carte postale, le sourire des enfants, l’excitation grandissante à l’approche de la terre promise… « On va sans doute s’engueuler au moment où l’un voudra tourner à droite et l’autre à gauche », concède Jean-Seb. « Quoi qu’il se passe, il ne faudra pas attendre pour parler des choses qui fâchent », ajoute Eduardo.

Si tout se passe bien, les deux baroudeurs devraient arriver à Johannesburg à temps pour le match d’ouverture. Ironie du sort : ils n’ont pas de billets pour le stade. Qu’importe, « on essayera d’en trouver », disent-ils. Avec une préférence pour les matches des Eléphants de Côte-d’Ivoire chez Jean-Seb. Pour Eduardo, ce sera l’Espagne, grande favorite du tournoi. « Si la France joue contre la Côte d’Ivoire en finale, je serai neutre », avertit Jean-Sébastien. « Le Ghana aussi est très fort, comme la Côte-d’Ivoire. J’aime bien le Brésil aussi », indique Eduardo. Le premier épisode de leur saga est prévu pour le 12 avril.

Alexis Buisson (New York)

Pour suivre leur aventure www.wgwc.tv

Alexis Buisson

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