Sandwich au salami et bananes : c’est l’heure de la pause pique-nique. Alors que ses enfants dévorent leur repas, l’élégante Aranza rigole : « On marche beaucoup, on fait pas mal de visites, alors j’espère qu’ils vont tenir le coup. En tout cas, jusqu’ici ils ont survécu ! » Pas toujours facile de voyager avec de jeunes enfants. Aranza et son compagnon Carlos en savent quelque chose : depuis la naissance de leur progéniture – Inhoa, 6 ans, et Ikea, 7 ans –, les deux baroudeurs ont dû ralentir le rythme.

« On continue de voyager en Europe, explique Carlos, parce que j’ai de la famille en Italie et Aranza a des proches en Suisse. » Cet été, la petite famille a donc quitté le Pays Basque espagnol pour deux semaines de vacances, direction les Pays-Bas, puis la Belgique et enfin Paris.

Une ville qui suscite des divergences au sein du couple. « J’adore Paris ! J’essaye déjà de convaincre mes enfant de venir y faire leurs études », s’enthousiasme Aranza dans un large sourire. Carlos ne partage pas son engouement. « On a quitté Madrid parce que la ville était trop grande, trop rapide. Et Paris est encore pire », estime-t-il. A 39 ans, ce père de famille à l’allure décontractée aspire désormais à une vie plus calme. Il y a sept ans, lui et sa compagne ont donc posé leurs valises dans un appartement de la banlieue de Bilbao, au nord de l’Espagne.

« Vous connaissez Bilbao ? » demande Aranza. Née dans la province basque il y a 40 ans, elle a été témoin de la renaissance urbaine de cette ville de 400 000 habitants. « Il y a quelques années c’était plein d’usines, se souvient-elle pendant que son fils s’amuse avec une pochette d’appareil photo. Aujourd’hui, ça a beaucoup changé : les services ont remplacé l’industrie. Il y a de plus en plus de tourisme, surtout depuis qu’ils ont construit le musée Guggenheim. »

Est-ce parce qu’elle a grandi dans une ville proche de la frontière française qu’Aranza semble si attachée à la France ? « A l’époque, mes parents ont appris le français comme deuxième langue. Moi, j’ai quelques notions, mais mes enfants ne le parlent pas du tout, regrette-t-elle. Je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas plus d’échanges entre Français et Espagnols, alors qu’on est dans une région frontalière. »

Une question qui ne s’est jamais posée pour Carlos, originaire de Murcia, dans la province du même nom, voisine de l’Andalousie. Après avoir grandi dans le sud méditerranéen, c’est à Madrid qu’il a atterri pour ses études d’informatique. C’est là, aussi, qu’il a rencontré Aranza, « il y a seize ou dix-sept ans ». Quelques secondes de flottement, un regard complice, puis des rires : « On ne se souvient jamais des dates », s’amusent Aranza et Carlos, qui avouent n’être « pas officiellement mariés ».

Ce qui ne les a pas empêchés de construire ensemble vie de famille et vie professionnelle. « Je travaille comme informaticien, confie Carlos. Et je suis depuis quatorze ans dans la même boîte, ce qui est plutôt rare dans ce secteur en Espagne. » Egalement informaticienne, Aranza a dû mettre sa carrière entre parenthèse. « Depuis que les enfants sont nés, je travaille à mi-temps, comme ça je peux m’occuper d’eux. C’est assez commun chez nous », explique-t-elle. Moins de voyages, moins de travail en entreprise : finalement, ralentir le rythme, ça a aussi du bon. Il n’y a qu’à voir le sourire d’Aranza.

Aurélia Blanc

Aurélia Blanc

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