A Paris, les sièges de campagne des deux principaux candidats à l’élection présidentielle, Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis, se trouvent à Barbès. La communauté algérienne y est importante. Mais le quartier de la Goutte d’or fait aussi référence à l’histoire de la guerre d’Algérie, lieu où les Algériens  se sont organisés durant la guerre d’Indépendance. Reportage.

Il est 21 heures au siège de campagne d’Ali Benflis. Les sympathisants du candidat se sont réunis dans le local pour vivre l’élection. Au siège, des portraits du candidat sont affichés quasiment sur tous les murs. Un grand drapeau algérien est aussi accroché. De nombreux tracts et brochures sont disposés sur plusieurs tables. Pour ces sympathisants, les enjeux sont de taille. Il disent vouloir lutter contre la fraude et l’abstention des Algériens.

C’est Saïd Maili, coordinateur de campagne d’Ali Benflis, qui est au commande du GQ. Son téléphone ne cesse de sonner tout au long de la soirée. En ligne, les membres de son parti qui se trouvent dans plusieurs villes de France et à l’étranger lui donnent les premières tendances. Il les note directement sur son ordinateur. Après moults coups de fil, Saïd Maili annonce les premiers résultats réalisées en France par son camp. Et l’heure n’est pas à la fête, les mines sont figées et tristes. C’est Abdelaziz Bouteflika qui est en tête en France. « Au moins cinq ou six circonscriptions sont favorables au président sortant, à notre grande déception et à notre grand étonnement, vu tout le travail fait par nos bénévoles » regrette Saïd Maili, qui enchaîne en répondant à des appels de la presse.

D’après les premiers éléments fournis par les observateurs qui ont été placés dans les différents bureaux de France, le verdict est sans appel. Le coordinateur de la campagne de Benflis ne cesse de le répéter à ses sympathisants et à la presse : «  Il n’y a aucune explication du fait des premières pronostics, j’ai toujours dit, depuis le début de la semaine, qu’il n’y avait aucune garantie de transparence, car beaucoup de consulats ont refusé de mettre des scellés numérotés et refusé le fait de pouvoir contrôler les empreintes et signatures le soir et le matin . Il faudra revoir une refonte du système électoral des Algériens à l’étranger à l’avenir pour qu’il y ait une meilleure transparence et pour cesser de voir des gens crier à la fraude quand il y a une défaite d’un candidat. Il faudrait organiser cette élection sur trois jours. » confie t-il.

Au téléphone, Saïd Maili indique aux observateurs qui soupçonnent des fraudes de l’indiquer sur les procès verbaux des urnes. Au cour de la soirée, le coordinateur de campagne de Benflis reçoit un appel d’Algérie de l’un de ses soutiens qui lui fait savoir que l’électricité et l’Internet ont été coupés au siège d’Ali Benflis à Alger. Selon certains sympathisants de Benflis, c’était pour empêcher Benflis de prononcer les premières résultats. Mais aucune preuve pour montrer qu’il s’agit d’un acte commis par le camp de Bouteflika.

Pour ne rien louper, les sympathisants regardent la chaîne France 24 en arabe qui retransmet le déroulement de l’élection. Les soutiens de Benflis commentent les images qui montrent Bouteflika à l’époque où il était ministre des affaires étrangères. Mais également, au moment où Abdelaziz Bouteflika a voté le matin même en chaise en compagnie de son frère et de son neveu.

IMG_20140417_230159Plus tard dans la soirée,  après une intervention télévisée sur la chaîne France 24, Mohamed Boukrouf, représentant officiel du candidat Benflis est arrivé au bureau de campagne en compagnie de sa garde rapprochée pour saluer les sympathisants de Benflis.

L’un des partisans de Benflis raconte comment il a vécu cette campagne intense : «  Je dirais que la campagne a été rude et violente. On ne s’attendait pas à ce que le candidat Benflis ait autant de monde derrière lui. Du coup, les autorités algériennes ont essayé de le diaboliser en disant que Benflis souhaitait des violences en Algérie, ce qui n’était pas représentatif de ses propos. Lui s’est adressé aux autorités locales pour leur dire que la fraude était « haram » (un péché). A l’heure où je vous parle, il y a une tendance qui se dégage. L’un et l’autre sont au coude-à-coude, il y a certaines wilayas où le candidat indépendant Benflis est en tête, le président Bouteflika est probablement en tête dans d’autres. Celui qui peut faire des pronostics sur la défaite ou le deuxième tour est à mon avis un prétentieux, car rien est définitif à l’heure actuelle » conclut-il.

Abdelaziz Bouteflika est probablement le gagnant de cette élection. Mais en attendant les résultats officiels, prévus ce vendredi 18 avril vers 17 heures, les partisans d’Ali Benflis espèrent que les scores seront serrés, et pourquoi pas voir la tenue d’un d’un second tour.

Hana Ferroudj

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