Plus que trois semaines. Trois petites semaines avant mon départ pour le grand Nord et mon semestre d’échange à l’Université d’Helsinki. En rangeant mes pulls, boots et manteaux dans mes valises je ne peux m’empêcher de repenser au parcours du combattant qu’il m’a fallu accomplir pour en arriver là.

Tout remonte à il y a un peu plus d’un an. Etudiante à la Sorbonne, je me renseignais sur les possibilités que m’offraient des masters d’Ecole Supérieur de Commerce. Séduite par certaines des formations, je poussais plus loin et recherchais les qualités requises. Alors que je me reconnaissais en partie dans la liste proposée, une ligne brisa mon élan : « Sera fortement apprécié tout étudiant ayant séjourné plusieurs mois à l’étranger ».

La panique s’est saisie de moi. L’étranger ? Le 93 ça compte? Non sérieusement, je n’avais jamais séjourné plus  de deux semaines dans un pays étranger, et jamais hors d’Europe. Ma mère me proposa bien d’aller faire un stage chez mes cousins d’Alger mais je n’étais pas certaine de l’effet que cela aurait sur mon CV. Quelque peu découragée, je fis la rencontre lors de ma rentrée universitaire du responsable Erasmus de mon  UFR. Après avoir prononcé un discours aux accents un peu tiède sur le programme d’échange il diagnostiqua: « si l’envie vous prenait de vouloir partir venez me voir, on en discutera ».

Bien que la formule m’ait quelque peu refroidi, je me rendis à la permanence avec la (maigre) liste des accords d’échange et une tonne de questions. Le responsable écarta d’une phrase mes prétentions aux accords dans des pays anglo-saxons : les Etats-Unis étaient ouverts à tous les UFR de Paris 1 et en tant qu’étudiante en sciences sociales, ma moyenne ne ferait pas le poids face à celles d’étudiants en sciences dures pouvant monter jusqu’à 16. Il me restait ainsi le choix entre l’Espagne, la Roumanie ou la Finlande.

Je ne peux à ce moment de mon récit m’empêcher de penser aux étudiants de Sciences Po Paris. Avec près de 300 universités partenaires, ces jeunes bénéficient d’équipes de dizaines de conseillers qui les orientent pour leur année obligatoire passée à l’étranger.  De mon côté, je commençais à avoir le sentiment que tout le poids administratif de la Sorbonne s’opposait à mon départ.

A la moitié des questions, notamment celles concernant les bourses, le responsable me redirigea vers une autre secrétaire du service internationale qui me reconduit d’un ton exaspéré vers un ultime bureau. Fatiguée d’être prise pour une balle de ping-pong qu’on se renvoie, je m’adressais aux élèves rencontrés à la maison internationale. C’est alors que je compris que j’étais l’une des rares à bénéficier des bourses. La majorité des élèves qui m’entourait était issu de classes sociales  aisées.

A y repenser, la plupart de mes camarades boursiers à qui j’exprimais mon envie de partir accueillait avec surprise la nouvelle. « Pour quoi faire ? Mais tu vas payer comment ? ». Au-delà des questions financières, la mobilité étudiante est certainement plus aisée pour des enfants dont les parents ont à un moment ou à un autre travailler, étudier ou grandit à l’étranger. Le fait est que ces étudiants se rendent majoritairement dans des universités publiques,  où les pôles internationaux sont réduits comme peau de chagrin

. Le semestre d’étude à l’étranger reste une expérience bizarre, allogène à l’université française, que ce soit dans le  discours des professeurs, des responsables ou dans l’esprit des étudiants.

La lourdeur des démarches administratives ne faisait rien pour m’encourager et lorsque je dus trouver un cours équivalent à chacune de mes matières je faillis jeter l’éponge. Après avoir trimé plusieurs semaines sur le site de l’université d’Helsinki je réussis à trouver des cours plus ou moins équivalent à mes amphis de droit du travail et autre gestion financière. Dans trois semaines mon avion décollera d’Orly. Enfin, si d’ici là je n’ai pas encore un énième rebondissement à vous conter.

Inès Hamici

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