La rencontre annuelle « Banlieues d’Europe » s’est donc déroulée à Munich. Pourquoi cette ville en particulier ? Ulrich Glaess est le responsable de l’association International Munich Artlab (IMAL). C’est la septième année qu’il participe aux rencontres « Banlieues d’Europe ». Mais cette fois-ci, c’est un peu particulier pour lui car il a été choisi pour accueillir l’évènement. Vingt-sept ans à travailler avec des jeunes lui ont donné l’idée avec des amis de créer un centre de formation en 2001 pour ceux qui avaient perdu le contact avec la vie professionnelle et ne se sentaient plus motivés.

Dans ce centre, ils sont formés pour mettre au point une comédie musicale, appuyés par un réseau de professionnels qui leur donnent un coup de pouce. Comédiens, chanteurs, acteurs, il y en a pour tous ceux qui aiment la scène. Néanmoins, les jeunes qui veulent participer mais qui préfèrent rester dans l’ombre ne sont pas en reste : ingénieur du son, métiers de l’image, création des décors, la comédie musicale offre la possibilité d’apprendre un métier dans un large spectre de l’audiovisuel et du monde du spectacle.

Un peu plus de quatre-vingt par session, ces jeunes s’investissent le temps de la création de la comédie musicale, soit entre un an et demi et deux ans. Une fois au point, le groupe a l’honneur de faire une tournée en Allemagne et reçoit un diplôme de formation qui n’est pas reconnu par l’Etat. La bonne notoriété de l’IMAL en Allemagne permet cependant aux jeunes qui en sortent de se faire remarquer et de trouver du boulot. Les meilleurs ont réussi à faire des figurations dans des films, des pubs et d’autres à mettre un pied dans le monde de la musique. Et si le spectacle ne les attire pas, l’IMAL leur donne à s’épanouir dans des activités comme la peinture, la sculpture, ou encore la vidéo. Certains de ces jeunes ne sont pas forcément sans diplômes avant d’intégrer le Centre, seulement, ils ne savent pas quoi en faire. Et c’est là que l’IMAL intervient.

Pour avoir une idée de ce que donne en « image » le fruit de leur travail, nous sommes conviés à assister à leur dernière représentation. Tout a été écrit et composé de A à Z par les jeunes, encadrés par des professionnels. Si la pièce est une fiction, elle s’inspire beaucoup de la réalité. L’histoire est celle de jeunes activistes qui entrent dans un jeu dangereux, se radicalisant jusqu’à former la Fraction armée rouge, groupe des années 70-80 plus connu sous le nom de bande à Bader. Puis, subitement, les terroristes se transforment en clowns anti-guerre : la violence et la terreur font place au ridicule et à l’absurde – « celui qui rit a le pouvoir ».

Dans la pièce, on assiste à un sabotage du Bundestag (Chambre du peuple) à Berlin. Neuf mois plus tard, à la télé cette fois-ci, ce sont des manifestants qui, depuis le toit du Parlement, critiquent la politique allemande qu’ils jugent entièrement tournée vers l’économie. Je dois bien l’avouer : j’appréhendais. Mais si, ne parlant pas allemand, je n’ai pas compris un traître mot, j’ai pris beaucoup de plaisir à regarder cette pièce qui n’a rien d’amateur. Je l’ai même plus appréciée que certaines pièces de théâtre en français.

Chou Sin

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