Le Hadj est proche, le Hadj est là. Comme chaque année, des milliers de musulmans français sont en partance pour le pèlerinage de La Mecque, en Arabie Saoudite. Les valises sont faites. Mais dedans, on y trouve quoi ? Qu’emporte un pèlerin dans ses bagages ? A quoi doit-il renoncer ? Comment se prépare-t-on à ce long périple, accomplissement du cinquième pilier de l’islam ? Le Bondy Blog a mené l’enquête. « J’appréhende ce voyage, je ne connais pas ce pays, alors j’écoute les conseils de ma sœur, un hadja* qui s’est déjà rendue à La Mecque », raconte Fatima, une mère de 46 ans qui s’apprête à partir à son tour.

Vrai que le Hadj – le pèlerinage, donc – n’a pas grand-chose à voir avec des vacances au bled, synonymes, elles, de valises pleines à craquer et de razzia arrivé sur place. Pour la ville sainte saoudienne, c’est tout un cérémonial. Tongs, baskets, maillot de bain, on oublie ! « La tenue pour l’homme est très stricte, explique Rabah, 66 ans, musulman français qui a déjà accompli le pèlerinage deux fois. Dans sa valise, il doit mettre des sandales et des vêtements sacrés tel que le Ihram (qui désigne l’entrée dans l’univers sacré, ndlr), tenue exigée à l’entrée de la Mosquée. »

Ce vêtement se compose de deux pièces d’étoffes blanches : celle qui couvre le haut du corps s’appelle Rida et celle qui couvre le bas du corps, Izar, « un ensemble que l’on peut notamment trouver à Barbès ou sur place, à La Mecque », ajoute Rabah. Pour les femmes, c’est moins compliqué, pour une fois ! Ni couleurs, ni chaussures spéciales exigées, mais on évitera les talons. « J’ai prévu bien sûr plusieurs hijab, des tuniques. Des amies qui sont déjà hadja m’ont dis que je pouvais même emporter des baskets », explique Fatima. Des baskets avec un voile et une longue tunique : plutôt original.

« J’ai aussi entendu dire que l’on ne mangeait pas très bien, alors, vous allez rire, mais je pensais apporter avec moi quelques provisions », poursuit Fatima. Ah ! Quand le bled refait surface… Les mamans arabes ont toujours tendance à croire que là où elles vont, il n’y a rien. Et même lorsqu’elles sont sûres d’y trouver quelque chose, c’est plus fort qu’elles : vas-y que je te ramène ma cafetière, et pourquoi pas aussi une cocote, des gâteaux… « On ne sait jamais », comme elles disent.

Se préparer au pèlerinage, c’est aussi penser à se faire vacciner et à demander un visa. Deux démarches obligatoires. S’il ne s’y soumet pas, le pèlerin ne pourra pas embarquer de France à l’aéroport. Les explications du professeur d’islamologie Sami Abdeslam, présentateur de l’émission « Parler Islam » sur la radio France Maghreb : « Le visa est délivré gratuitement par le consulat d’Arabie Saoudite en France. Côté médical, il faut faire le vaccin contre la méningite. Trois millions de personnes venue du monde entier se retrouvent à La Mecque, autant dire que les risques de maladies sont très élevés. » Fatima, encore anxieuse, a donc tout bon avec son « forfait VVHC » : visa, vaccin, hijab et Coran. Rabah et le professeur Abdeslam, deux habitués de La Mecque, partent, eux, le cœur léger et avec un minimum de bagages.

Mais tout cela a un prix. Pour un pèlerinage d’un mois, il faut prévoir large : 5000 euros, selon Fatima. Cette somme comprend tout : le vol aller-retour, l’hôtel, un guide sur place, l’achat des inévitables souvenirs pour la famille, ainsi que les communications téléphoniques pour donner de ses nouvelles. Le pèlerinage n’est pas à la portée de toutes les bourses msulmanes de France.

Zineb Mirad

*Hadja, féminin de hadj : terme qui désigne la personne qui a effectué le pèlerinage de La Mecque.

Zineb Mirad

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