COUPE DU MONDE. A l’extérieur des stades, le pays vibre différemment. Entre les nombreuses manifestations anti-coupe que la police essaye de mater dans l’oeuf, la pauvreté et autres trafics, Inès découvre l’envers de la carte postale.

Bom dia, voilà une semaine que j’ai débarqué dans le Pelourinho à Salvador de Bahia. L’ambiance dans le pays est vraiment digne d’une coupe du monde comme toutes les précédentes d’ailleurs. Au-delà de toute la beauté du football, son ambiance sur la terre sainte du ballon rond et la joie des supporters et Brésiliens, il a fallu se confronter à une réalité dont on entendait vaguement parler avant le lancement de la coupe. La pauvreté et les violences, même dans les quartiers touristiques et festifs, ne cessent de frapper mes yeux chaque jour. Enfants comme adultes, la mendicité est quotidienne, les gens qui dorment aux coins des rues ou en plein passage à forte affluence aussi.

J’ai pu constater que les touristes étaient les cibles idéales, comme on l’annonçait depuis le début. J’en ai d’ailleurs payé les frais moi-même en ayant été agressé pour mon téléphone (que je n’ai plus, il en a de la chance ce voleur). J’ai porté plainte à 9h30 du matin et je suis revenue 8 heures plus tard pour récupérer mes documents. À ma grande surprise, mes papiers étaient perdus au milieu d’une trentaine de plaintes déposées durant ce laps temps dans cet unique quartier du Pelourinho. Plus ou moins violentes, beaucoup d’objet sont : portable, appareil photo, bijoux, etc. Même dans le quartier touristique et censé être “sécurisé”, les agressions se comptent par dizaine chaque jour.

DSC_0522DSC_0522Le soir de la cérémonie d’ouverture où le Brésil jouait face à la Croatie, celui donc où j’ai subi les violences d’un jeune, j’ai pu voir d’horribles choses au pied de ma pousada. Durant le match, la bière coulait à flots dans le quartier et l’urine aussi… Sans complexe, hommes comme femmes, urinaient à même le sol, contre les murs pour les hommes et accroupies entre deux voitures pour les demoiselles. Malgré la présence de toilettes publiques (avec une bonne demi-heure d’attente), une file d’attente s’est formée pour les “urinoirs à ciel ouvert”. Pendant plusieurs heures et jusque tard dans la nuit, la musique résonnait et l’urine coulait le long des pavés. Une vision d’horreur, accompagnée de l’odeur. Et comme-ci cela ne suffisait pas, il y avait des jeunes parfois de même pas quinze ans, qui prenait tranquillement des rails de cocaïne adossés à une voiture, ou fumait du crack en marchant au rythme de la musique.

La marijuana est normale ici et je dois même avouer que c’est “soft” compte tenu de l’énorme consommation dont je suis témoin. Pas plus tard que ce lundi, j’ai vu un couple d’une quarantaine d’années se piquer le bras mutuellement en bordure de route. Ils n’avaient pas l’air dans le besoin ni ne ressemblaient à des toxicomanes comme j’ai pu voir, non. Ils étaient visiblement de classe moyenne, appuyés contre leur voiture dont la portière était ouverte, habillés comme je le suis au quotidien, sac noir à l’épaule et grosse montre autour du poignet. Je vous avais promis de la fête et des couleurs, mais il y a aussi cette face là du Brésil. Qu’il ne faut pas négliger, car nombreux sont ceux qui détestent l’événement, les incidents récents, les expulsions forcées, les meurtres et toute cette fiesta dont jouisse les touristes pendant que de l’autre côté de la rue, des enfants dorment sur des cartons…

Inès El laboudy

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