Dilma Rousseff, Raul Castro, Barack Obama… certains ont eu l’honneur de monter sur la tribune du stade de Soweto pour rendre hommage à Madiba. Certains, sauf Hollande qui est resté à sa place, à côté de son prédécesseur. Un silence étonnant pour la patrie des droits de l’homme.

Je me demande si liberté, égalité, fraternité agrémenté de la périphrase le pays des droits de l’homme fait encore rêver sur la scène internationale. Dans le stade de Soweto devant plus de 60 000 personnes, on rendait un hommage vibrant et émouvant à Nelson Mandela pour sa vie, son œuvre et ses combats. À n’en pas douter le 10 décembre est un jour historique. La presse mondiale a couvert l’évènement. Elle a eu le chic de créer des petites histoires dans la grande Histoire. À savoir le selfie de la Première ministre Danoise, d’Obama et de Cameron.

Cette photo nous a été racontée et mise en scène à la manière d’un vaudeville burlesque, avec Michelle Obama dans le rôle de la femme jalouse et colérique. En tant que spectateur français, j’assistais hélas à un autre drame. J’observais Nicolas Sarkozy à côté de François Hollande et je faisais abstraction du bruit médiatique qui faisait de la présence des deux présidents, côte à côte, une information. Alors que se jouait un vrai drame sous nos yeux. Le drame du silence. Encore fallait-il être capable d’écouter l’écho du silence dans ce brouhaha médiatique…

Voici un élément d’information qui rend ce silence d’autant plus accablant. Chaque année la France met un pays à l’honneur en promouvant sa diversité culturelle. Ce « pays ami » devient l’invité officiel de la France. Il a l’occasion de présenter les différentes facettes de sa culture à travers un ensemble de manifestations artistiques, littéraires, cinématographiques… Cette année c’est l’Afrique du Sud qui est à l’honneur. Vous souvenez-vous des feux d’artifices arc-en-ciel, à la Tour Eiffel en l’honneur de l’Afrique du Sud ? Les 28 mai et 14 juillet dernier la Tour Eiffel à été illuminée aux couleurs de la nation arc-en-ciel. La mairie de Paris avait pris la responsabilité de « placer la Ville lumière sous le signe de la liberté, l’égalité, la fraternité et de rendre hommage à Nelson Mandela ».

Pourtant, durant la cérémonie à Soweto, ni François Hollande ni Nicolas Sarkozy n’ont été invités à prendre la parole, à monter sur l’estrade pour rendre hommage à Madiba au nom de la France et parler de la saison sud-africaine en France. Sans chauvinisme aucun, je constate que le pays des droits de l’homme a dû se contenter d’assister en grande muette à la cérémonie d’hommage d’un combattant de la liberté. Je garde à l’esprit que la devise d’un pays est une promesse qu’elle fait à ses habitants et aux autres nations. Cette devise est un idéal qu’elle offre au monde entier.

Face à ce silence loin d’être innocent à Soweto, je me demande encore quel est le poids de la France au niveau diplomatique. Face à ce silence loin d’être innocent en Afrique, je me demande si la grande donneuse de leçon qu’est la France, ne devrait pas revêtir l’humble uniforme de l’écolier, qui en silence s’assoit sur les bancs à nouveau, pour apprendre, pour comprendre et pouvoir agir au mieux par la suite. Dans le but de (re)devenir un Grand de ce monde et faire rêver. Aujourd’hui nous avons une France belliqueuse qui est sur plusieurs fronts. Elle affiche ostensiblement son hard power (la puissance dure, les armes, la force…) tel un culturiste dans un concours de pectoraux huilés. Mais qu’en est-il du soft power ? Ce pouvoir qui permet d’influencer indirectement le comportement d’autres nations grâce à son rayonnement c’est-à-dire la culture, les valeurs et l’idéologie.

Le French way of life fait-il encore rêver ou la France a-t-elle été ce qu’elle ne sera plus : une nation phare et avant-gardiste ?

Balla Fofana

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