En six mois de vie à Amsterdam, j’ai déjà déménagé trois fois. De sous-location en colocation à court terme, sans oublier la case « appartement de fonction », j’ai testé trois quartier de la capitale. En principe, j’en essaie un quatrième à compter du 2 janvier et ce, pour trois mois. Mes proches pensent que je me suis transformée en tortue. Je leur réponds que oui, c’est mon animal préféré mais que non, ces déménagements à répétition ne sont en aucune manière une volonté de mimétisme de ma part. Tout au plus une technique de survie dans une capitale dont la densité de population dépasse les 4 500 habitants au km2.

En 2009, donc, un logement décent s’il vous plait ! Trouver un logis demande du temps, des bases de néerlandais, un budget important et une fine dose de culot et de chance. Mes prérogatives, sur lesquelles je ne lâcherai pas – enfin sauf si au 30 décembre je suis toujours sans abri – sont de vivre dans un quartier vivant à moins d’une heure de mon bureau. Je mettrai à contribution mon expérience acquise ces derniers mois et ma capacité à relativiser : « Qu’est ce qui peut m’arriver au fond ? Si je ne trouve rien d’intéressant, je logerais dans une auberge de jeunesse pendant quelques semaines le temps de trouver un toit. »

Première solution : la colocation. Elle reste le meilleur moyen de ne pas perdre la moitié de son revenu sur le compte de l’heureux propriétaire. Si la plupart du temps, les choses se passent très bien entre adultes consentants, il m’est aussi arrivé de vivre des situations inconfortables, voire dangereuses. Quand je me suis aperçue que ma colocataire, un peu maniaque, avait un couteau de boucher caché dans sa table de chevet, je me suis dit qu’il était temps de mettre fin à nos prises de têtes quotidiennes. À 28 ans et après une petite dizaine d’expériences de colocation, j’ai envie de laisser traîner ma vaisselle dans l’évier et nettoyer la salle de bain quand ça me chante.

L’autre possibilité est de passer par un professionnel, mais dans une ville si densément peuplée, le prix du mètre carré est vertigineux lui aussi. La demande locative étant très forte, les agences immobilières n’hésitent pas faire monter les enchères. 1 200 euros pour un appartement avec une chambre dans un quartier sympa. 600 euros pour une chambre de 9 m2 dans un appartement en colocation. Un studio de 20m2 ça lui irait très bien à la demoiselle, si possible en un seul morceau…

Vendredi dernier, j’ai visité un « one bedroom » à 575 euros toutes charges comprises. Pour accéder au salon, il fallait traverser le garage, où la propriétaire entrepose sa moto. «  Je préfère qu’il n’y ait pas trop de monde à venir dormir ici. Bon c’est OK pour quelques jours bien sur, mais je n’aime pas trop voir des inconnus chez moi. » Et moi qui pensait qu’après avoir déboursé 575 euros, net d’impôts puisqu’elle ne signe pas de contrat, j’étais chez moi et que l’étrangère c’était elle !

Une autre pratique assez développée est de sous-louer son logement social. On reconnaît les annonces à l’interdiction formelle d’utiliser la dite adresse pour s’inscrire à la mairie. Le propriétaire d’un F3 flambant neuf m’explique : « Si tu utilises cette adresse pour t’inscrire auprès de la municipalité, je vais devoir payer des taxes à la ville et le loyer va augmenter. » Lorsque je m’enquiers du prix des taxes, sa réponse reste évasive. En septembre dernier, le journal de Volkskrant rapportait la décision de justice prise contre une de ces bénéficiaires. Elle a remboursé les profits tirés des sous locations illégales et a perdu son logement.

Au moment où je me lamente de la difficulté de se loger dans cette jolie ville, Maria, ma colocataire, m’envoie le lien d’une annonce. Un F3 à 1 300 euros, dans le quartier de Westerpark. Le contrat ne débute qu’au 1er février. Alors je prends le studio à 600 euros pour trois mois ou je cherche une sous-location pour un mois en attendant d’emménager ? Choix cornélien ! Direction www.google.nl, hostels + Amsterdam, ça devrait m’aider à me décider.

Bouchra Zeroual

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