Il y a des noms qui sont difficiles à porter en ce moment, un étudiant de ma classe en a fait les frais. Il porte le nom d’un président despotique qui a été tout récemment chassé de son pays sous la pression de la rue. Au moment de l’appel en classe, il a subi les regards inquisiteurs de mes camarades. Le connaissant déjà, je lui glisse : « C’est pas le bon moment pour s’appeler Ben Ali. » Il rit jaune.

Il n’a rien à voir avec la famille de l’ancien président tunisien, mais depuis quelques semaines, il doit parfois s’en justifier. « Il y a quelques semaines, raconte-t-il,  personne ne faisait attention à mon nom, mais maintenant tous le monde le connait et le déteste du fait des derniers évènements. »  Jusqu’à récemment, très peu de personnes voyaient le régime de Ben Ali comme une dictature. On connaît tous quelqu’un qui est allé en vacances en Tunisie.

Je viens de découvrir qu’une autre personne dans mon lieu d’étude s’appelle Ben Ali. Un ami d’origine tunisienne me dit en plaisantant : « J’espère qu’ils n’auront pas de problème pour aller au bled. Ils n’ont rien avoir avec le clan Ben Ali-Trabelsi, ils sont du coté du peuple ! » Maintenant, j’attends avec impatience le prochain qui connaîtra la même mésaventure. Un Moubarak , étudiant égyptien ou un Abdallah Saleh yéménite.

Amine Benmouhoud

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