« Tu peux m’inviter sur Clubhouse ? ». Si vous avez un iphone et de la discussion vous avez probablement entendu cette phrase. Clubhouse est le tout nouveau réseau social en vogue en ce moment. L’application d’échange vocal en direct, a été lancée en mars 2020 au début de la crise sanitaire, par les Américain Paul Davison et Rohan Seh à San Francisco. Elle fonctionne sur un système de cooptation qui permet à chaque utilisateur d’inviter une ou plusieurs personnes via son numéro de téléphone.

Sur ce réseau social on trouve des “rooms”, qui sont des groupes de discussion où tout le monde peut accéder et échanger à l’oral. Pour le moment réservée aux utilisateurs d’iphone, la plateforme est en train de travailler sur une version Android afin de permettre à plus d’internautes d’accéder à ce réseau social.

La nature même de l’application fait que l’on développe vite une addiction.

J’utilise Clubhouse depuis plus de 2 semaines maintenant et j’ai constaté plusieurs choses, notamment le point fort de l’application qui est l’exhaustivité des sujets proposés dans ces fameuses “rooms”. La communauté francophone s’est en effet développée ces dernières semaines, ce qui permet d’accéder à une pluralité de rooms avec des sujets de discussion variés.

La nature même de l’application fait que l’on développe vite une addiction car il-y-a une réelle facilité à discuter avec plusieurs personnes et également avec des personnalités politiques, médiatiques, ou artistiques qui commencent à investir l’application. La possibilité de manquer une discussion intéressante, de ne pas pouvoir la rattrapper aussi, augmente l’addiction.

Grâce à Clubhouse, j’ai eu l’occasion de rencontrer des cinéphiles racisés comme moi et on a eu l’occasion d’échanger notamment sur ce sentiment de manque de représentation dans le cinéma en général.

Je me surprends donc désormais à activer les notifications lorsque je souhaite être prévenue de l’heure à laquelle commencent certaines rooms qui pourraient potentiellement m’intéresser. Dans les rooms francophones populaires, on trouve de tout : des thématiques liées aux influenceurs et réseaux sociaux, de la politique avec parfois quelques scandales , mais aussi des thématiques parfois ignorées par les médias comme l’intersectionnalité, les récits liés à l’immigration, ou aux quartiers populaires dans des espaces où la parole se partage souvent avec équité entre les personnes concernées.

Je consacre généralement mon temps sur l’application à des rooms sur le cinéma ou la politique mais aussi des rooms pour simplement discuter et faire de nouvelles rencontres. Grâce à Clubhouse, j’ai eu l’occasion de rencontrer des cinéphiles racisés comme moi et on a eu l’occasion d’échanger notamment sur ce sentiment de manque de représentation dans le cinéma en général.

Donc Clubhouse, pour le moment et pour moi, ce sont des échanges particulièrement intéressants dans une période où chacun est confiné ou isolé.

Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas l’application ou qui ont déjà expérimenté les nuits blanches sur Clubhouse, voici un petit aperçu des rooms auxquelles j’ai pu assisté afin de vous donner un exemple de ce que l’on peut trouver sur ce nouveau réseau social :

– 22 heures  : ‘Journalistes et étudiants on discute ensemble’. Cette room réunissait plusieurs étudiants et des journalistes afin d’avoir un échange et de donner des conseils pour réussir dans le milieu du journalisme. Dans la conversation des personnalités connues comme Rémy Buisine de Brut, Djamel Mazi, Myriam Bounafaa, Yacine Arbaoui de France Info notamment.

– 22h52 : ‘La littérature doit-elle être accessible à la populace?’ : c’était une room initiée par Samir dit Maître confiseur sur les réseaux sociaux, écrivain et Cyril, blogueur littéraire et culturel. Dans cette room, on a eu un échange autour des livres, et la discussion a permis d’évoquer le fait que certains livres connus et appréciés ne le sont pas forcément pour tout le monde et que chacun doit lire ce qu’il a envie sans subir d’injonctions sur les essentiels à lire. La question du snobisme ressenti par beaucoup au sein de la room y était également évoquée.

On a eu différents témoignages de plusieurs personnes qui expliquent comment elles ont été amenées à apprécier la lecture alors qu’auparavant elles n’étaient pas forcément des adeptes.

– Fin de soirée : ‘détente de fin de journée’, animée les humoristes Panayotis Pascot et Merwane Benlazar qui réalise justement les premières parties de spectacles de Panayotis. Dans cette room, pas de sujet précis mais simplement des échanges et des rencontres entre les différentes personnes présentes. Chacun se présentait et racontait ce qu’il faisait dans la vie, et surtout comment il allait dans cette période où le lien social est difficile à développer.

Donc Clubhouse, pour le moment et pour moi, ce sont des échanges particulièrement intéressants dans une période où chacun est confiné ou isolé, et qui limite les rencontres entre des nouvelles personnes. En attendant d’inviter les gens à la maison, on s’invite sur clubhouse, faute de mieux.

Farah El Amraoui

Articles liés

  • ‘Face à la rue’ : à Lyon, l’instrumentalisation de Morandini est mal vécue

    Pour son premier papier au BB, Camelia El Cadi s'est intéressée au tournage sous haute tension du dernier numéro de 'Face à la Rue' de Jean-Marc Morandini avec l'eurodéputé et président du Rassemblement National Jordan Bardella. Un tournage qui a laissé des traces chez les habitants de la Guillotière. Témoignages.

    Par Camelia El Cadi
    Le 03/12/2021
  • Assia Hamdi, un livre pour l’égalité dans le sport féminin

    Avec son livre 'Joue-la comme Megan', la journaliste sportive Assia Hamdi raconte la bataille des sportives pour la défense de leurs droits et leur liberté. La journaliste explore différentes problématiques liées au sport féminin : l’égalité salariale, l’injonction à la féminité ou encore les questions liées au corps féminin comme les menstruations ou la grossesse. Interview.

    Par Emeline Odi
    Le 25/10/2021
  • Les clés de l’insertion d’Hachemy Kane

    S'insérer par le podcast : c'est le pari d' Hachemy Kane, engagé sur le terrain en Seine-et-Marne et créateur du podcast 'les clés de l'insertion'. Un rendez-vous fait de rencontres et d'introspection pour inspirer les jeunes et leur permettre de trouver leur voie. Vidéo.

    Par Hervé Hinopay
    Le 20/10/2021