L’avenir lui semble promis. En janvier 2022, Manssita Traoré remportait le “Titi d’or” qui récompense la meilleure joueuse et le meilleur joueur du centre de formation parisien. Moins d’un an après, elle signe son premier contrat professionnel avec le Paris Saint Germain, en novembre dernier. À seulement 19 ans , elle se fait déjà sa place au sein de l’effectif XXL du PSG.

Alors que nous arrivons au centre d’entraînement du PSG à Bougival, Manssita Traoré affronte ses coéquipières dans un match de tennis de table endiablé. Avant de filer à son entraînement de l’après-midi, la titi parisienne prend le temps de répondre à nos questions. Interview.

Tu as commencé le football à l’âge de 11 ans au SFC Neuilly-sur-Marne puis à Noisy-le-Grand. Qu’est-ce qui t’a poussé à en faire ?

Depuis toute petite, j’aime jouer au foot au parc ou chez moi. Même à l’école, j’avais toujours cette envie de jouer au ballon. J’ai commencé à Gagny, mon oncle tenait un club et m’a demandé si je voulais tester le football. Depuis ce jour, j’ai toujours voulu y jouer. Dès que j’ai touché le ballon, j’ai su que c’était pour moi.

Les autres garçons semblaient ne pas vouloir de moi dans leur équipe. Moi, je préférais ne rien dire et prouver sur le terrain

Je suis assez rapide comme joueuse. J’aime beaucoup avoir les ballons en profondeur et percuter balle au pied. Dans ma famille, c’est mon frère qui est à fond dans le foot, il en faisait aussi. Quand je jouais avec mon frère ou mes cousins, les autres garçons semblaient ne pas vouloir de moi dans leur équipe. Moi, je préférais ne rien dire et prouver sur le terrain. Il n’y a que le terrain qui parle.

À cette époque, est-ce qu’il y avait beaucoup de filles de ton âge qui faisaient du football  ?

Il n’y en avait pas trop, je jouais souvent avec les garçons. Quand j’étais à Gagny, il y avait une équipe féminine senior. Je ne jouais que les matchs avec elles, mais je m’entrainais avec les garçons. Je n’aimais pas trop jouer avec elles parce qu’elles n’avaient pas trop l’esprit de compétition. Mais au final, on a réussi à monter une bonne équipe et un vrai collectif. On est parties en demi-finale de la coupe de Paris !

À Neuilly-sur-Marne, j’ai joué avec les garçons jusqu’à l’âge de 14/15 ans. Ensuite, j’ai joué avec les filles. Elles étaient plus grandes que moi, elles avaient environ 20 ans.

Ensuite, je suis partie à Noisy-le-Grand. Toutes les filles qui étaient à Neuilly-sur-Marne ont basculé à Noisy. On a créé une bonne équipe. Parmi toutes ces années, je pense que la dernière année à Neuilly-sur-Marne a été ma préférée. On était comme une petite famille, on a beaucoup joué ensemble.

Quand tu as débuté dans le football, est-ce que tu te voyais devenir pro ?

J’avais du mal à me projeter parce que je ne connaissais pas le monde professionnel. À 16 ans, je suis partie à l’INSEP (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, ndlr), et le monde pro a commencé à me faire peur. Je devais dormir sur place, donc j’étais loin de ma famille. La séparation a été difficile, horrible même. J’avais vraiment du mal à passer le cap, mais j’ai réussi au fur et à mesure avec l’aide de ma famille.

Je suis quelqu’un de très famille. Ma mère, mes tantes, mes frères… tous suivent ma carrière. Même ceux qui ne regardent pas le football sont derrière moi. Sans eux à mes côtés, je pense que ça aurait été compliqué. J’appelle tous les soirs ma mère et mon grand frère aussi ! À chaque fois que je sors de l’entraînement, il me demande comment ça s’est passé.

Qui sont tes modèles dans le football ?

Quand j’étais petite, j’étais fan de Kadidiatou Diani (attaquante au PSG, ndlr) et Élodie Thomis (ancienne footballeuse à l’Olympique Lyonnais, ndlr). Je kiffais les regarder à la télé ! J’aime beaucoup leur style de jeu : elles sont techniques, puissantes, rapides et dribblent bien. J’aimais bien Ronaldo et aujourd’hui, j’aime bien Mbappé, il est très fort. Mais je ne m’identifie pas à eux comme avec Diani et Thomis.

Est-ce que tu aimerais être un modèle pour les jeunes filles qui voudraient faire du football ?

J’aimerais bien oui ! C’est vrai que le football féminin se développe de plus en plus. Il y a beaucoup de jeunes filles qui font du football maintenant et devenir leur modèle plus tard, j’en serais très contente.

Est-ce que tu suis les autres championnats européens de football féminin ? Le dernier championnat à devenir pro a été l’Italie en 2022. Selon toi, pourquoi c’est important que le championnat français devienne à son tour professionnel ?

Je regarde un peu le championnat anglais (Women’s Super League). Pour moi, c’est très important la professionnalisation du football féminin français. Toutes les femmes, quel que soit le club, doivent être considérées au même niveau. Que tu joues à Dijon, ou au PSG, c’est important d’avoir ce statut de professionnel de haut niveau.

Tu as marqué ton premier but (en pro) face à Bordeaux. Raconte-nous un peu comment tu l’as vécu ?

Ça a été un vrai soulagement pour moi ! Juste avant la rencontre face à Bordeaux, il y a eu le match contre Wolfsburg (1-1 quart de finale retour Ligue des Champions). J’étais rentrée en fin de rencontre et j’avais eu une occasion que je n’ai pas pu mettre au fond des filets. J’étais encore frustrée par rapport à cette action manquée, donc ça m’a vraiment soulagée.

Actuellement, tu es en Équipe de France U23, est-ce que tu penses déjà à l’Équipe de France d’Hervé Renard ?

J’essaie toujours de voir plus haut. Je me dis que rien n’est impossible, tout dépend de moi et de mes performances. Si j’ai la possibilité d’être appelée, pourquoi pas ! Après, je ne me dis pas que l’Équipe de France est encore loin, mais je sais qu’il faut que je bosse énormément pour y être. En club comme en équipe de France, j’ai les mêmes objectifs, à chaque fois que j’ai du temps de jeu, je veux apporter à l’équipe, être décisive et non passive.

Propos recueillis par Émeline Odi

Crédit photo : PSG 

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