« C’est une marche pour Nahel ? – Non, pour Monzomba », se voit répondre une dame devant la gare de Garges-Sarcelles. Ses amis, ses voisins sont venus marcher pour obtenir des réponses. Depuis son décès, les proches de Monzomba sont maintenus dans le flou.

Sur le pont qui sépare les deux villes, dans la nuit du 3 au 4 juin dernier, le jeune homme noir de 28 ans a perdu la vie suite à une course-poursuite avec la police.

Sa famille peine encore à reconstituer les circonstances exactes de sa mort. Selon les sources policières de l’AFP, le jeune homme aurait été pris en chasse par des agents de la Courneuve après avoir grillé un feu rouge au volant de sa moto. Toujours selon cette version, Monzomba aurait chuté de sa moto et percuté « seul » une glissière de sécurité, entre 4 et 5 heures du matin.

On a perdu notre fils et on ne veut pas nous donner de renseignements !

« Tu vois là, il n’y a pas de dos d’âne, ni d’obstacles, comment a-t-il pu mourir d’un coup, interroge le père de Monzomba, Gaoussou Diarra, en indiquant le pont.

« On a perdu notre fils et on ne veut pas nous donner de renseignements ! On a besoin de réponses pour faire notre deuil », poursuit-il. Le jour du drame, c’est le voisinage qui alerte la famille du décès de son fils. Vers 11 heures, son père décide de se rendre au commissariat. Selon lui, les policiers confirment la mort de son fils après avoir exigé sa carte d’identité, mais refusent de lui donner des éléments sur les circonstances du décès.

Un important dispositif policier pour encadrer la marche

Autour de la marche, un dispositif policier conséquent a été déployé. Quatre motards des forces de l’ordre cerclent la tête du cortège et plusieurs policiers ferment la marche. Au milieu, les manifestants scandent : « Pas de justice, pas de paix », « Police partout, Justice nulle part », « Police, assassin ». 

Assa Traoré et son comité accompagnent la marche. Cette dernière qui a été éducatrice dans cette ville prend la parole et raconte : « Quand j’arrive sur Sarcelles, Monzomba est jeune, je suis encore en école d’éducatrice (…) Aujourd’hui, la question que l’on doit se poser c’est : où sera le prochain mort ? » 

 C’était un bon, il était bon vivant et toujours souriant

La marche fait étape dans le quartier Lochères, à Sarcelles, où Monzomba avait ses habitudes. « C’était un bon, il était bon vivant et toujours souriant », décrivent ses proches.

Point d’orgue du cortège, le parvis de la mairie de Sarcelles devient la scène de tensions.  À l’approche de l’hôtel de ville, les policiers tentent de repousser la marche. Un face-à-face tendu s’engage, mais retombe rapidement. Les mots de Gaoussou Diarra ferment la marche : « Aucun jugement ne pourra me rendre mon fils ».

Nadhuir Mohamady

Articles liés