Bondy influence Paname, Bondy influence le monde. Lors de la rencontre entre la France et le Maroc en demi-finale du mondial, une star est née. Presque par accident. Avant la rencontre, Didier Deschamps décide contre toute attente de miser sur Randal Kolo Muani en remplacement d’Ousmane Dembélé.

Natif de Bondy, Randal Kolo Muani aura mis exactement quarante-quatre secondes à donner raison à l’entraîneur, marquant dès son premier ballon. Un but à l’image de sa jeune carrière : fulgurante. Car malgré les accrocs, le numéro 12 des Bleus ne se loupe jamais lorsqu’une occasion se présente à lui.

Enfant de Bondy, comme Kylian Mbappé, il naît lui aussi en décembre 1998. Son arrivée en équipe de France fait monter à 3 le nombre de Bondynois chez les Bleus. En effet, il faut aussi compter William Saliba. Mais contrairement à ses deux coéquipiers, il n’a jamais porté le maillot de l’AS Bondy. Lui commence son histoire avec le ballon rond du côté de Villepinte, à l’est de la Seine-Saint-Denis.

Introverti et frêle, le jeune Randal est loin d’avoir le statut de pépite au FC Villepinte. On lui décèle une certaine aisance technique, mais dans l’immense réservoir de talent qu’est le 93, le futur international n’est pas celui qui impressionne le plus. Pour preuve, il ne joue même pas en équipe première et n’envisage pas un seul instant de devenir pro. Randal évolue par la suite à Tremblay-en-France, ville voisine de Villepinte, avant de rejoindre Torcy dans le Seine et Marne. Mais là-bas, c’est le début des galères.

Ne pas céder aux sirènes du foot business

Une croissance hyper rapide à l’âge de quinze ans engendre la maladie d’Osgood-Schlatter. Une pathologie du genou provoquant des inflammations douloureuses. L’ascension de Randal est menacée. Timide en dehors du terrain, Randal est une toute autre personne sur le rectangle vert : teigneux et acharné, il se bat pour retrouver sa place sur le terrain. Une détermination payante puisque deux clubs italiens de deuxième division lui proposent de passer un essai. Il a alors dix-sept ans.

Randal se retrouve donc de l’autre côté des Alpes grâce à un agent rencontré quelques mois plus tôt. Ce dernier lui promet monts et merveilles en Italie. De quoi susciter de vives inquiétudes de son père, qui souhaite préserver son fils d’un agent qu’il estime véreux. Son père le force à revenir à Villepinte, ce qu’il vivra comme un échec : « Il m’avait pris un billet de train pour le lendemain à 10h. J’ai pleuré toute la nuit, fin du rêve », raconte-t-il dans un entretien accordé à Vista.

Nantes, l’éclosion de Randal

L’adolescent revient dans le 93, et choisit un nouvel agent. Après un essai infructueux au Stade Rennais, ce dernier lui annonce que le FC Nantes souhaite lui faire passer un test. Randal ne manquera pas cette occasion en or.

Il rejoint les Canaris d’abord en centre de formation en 2015, puis signe en pro en 2018. En Loire-Atlantique, le villepintois devient un joueur majeur en enchaînant les performances de hautes volées. Lors de sa dernière saison à la Beaujoire, Randal contribue grandement aux bonnes performances de son club grâce à douze buts et quatre passes décisives. En mai dernier, quelques semaines avant de rejoindre l’Eintracht Francfort, il remporte la Coupe de France sur ses terres à Saint-Denis.

Ses excellentes performances lui valent d’être appelé chez les Espoirs en octobre 2020. Il y retrouve des joueurs de sa génération comme Dayot Upamecano ou encore Mattéo Guendouzi qui cumulent déjà plusieurs matchs en professionnel. L’année suivante, il est sélectionné pour participer aux jeux de Tokyo.

2022, l’année de la consécration

Son rêve de gosse se réalise enfin en septembre dernier. Didier Deschamps décide de convoquer Randal pour affronter l’Autriche et le Danemark. Une convocation inespérée au vu de son parcours. À 17 ans, il n’avait toujours pas disputé de match en professionnel, à l’inverse de certains coéquipiers du même âge. Et pourtant, le voilà qui honore sa première sélection face à l’Autriche, en remplaçant Kylian Mbappé.

Après un début de saison convaincant en Allemagne, l’année 2022 a réservé une belle surprise à Randal. En stage avec son club au Japon, il se retrouve sélectionné, à la dernière minute, pour disputer la Coupe du Monde au Qatar. Au cours de la compétition, il sera titulaire lors de la défaite en poules contre la Tunisie. L’apogée arrive lors de la rencontre face au Maroc, grâce à son but survenu à la suite d’une action initiée par Kylian Mbappé. Tout un symbole.

On retrouve ici son sang-froid devant la cage et son professionnalisme. Des qualités déjà appréciées par ses coéquipiers et son entraîneur – Antoine Kambouaré qu’il considère comme son second père – à Nantes.

En brillant de la sorte en demi-finale, la carrière de Randal Kolo Muani a pris une nouvelle dimension. Sera-t-il l’autre natif de Bondy à remporter le trophée tant convoité ? Réponse ce dimanche.

Félix Mubenga

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