15 heures. Châtelet. Le Café Rive Droite est déjà plein à craquer, alors qu’il reste encore une heure avant le coup d’envoi du match. Les plus ponctuels sont au chaud à l’intérieur. Quelques retardataires ont pu s’installer en terrasse, mais les autres suivent la rencontre debout, à l’extérieur.

Des dizaines de drapeaux rouges frappés d’une étoile verte flottent aux alentours de ce café situé en plein cœur de Paris. Les chants à la gloire du Mountakhab (l’équipe nationale) résonnent dans tout Châtelet, avant même l’entame du match.

Ici, les supporters marocains sont venus en masse pour soutenir leur pays. Ils savent que ce 6 décembre peut être gravé à vie dans leur mémoire, comme l’a déclaré la veille le sélectionneur marocain Walid Regragui  : « On peut entrer dans l’histoire ».

L’épopée folle de l’équipe marocaine

Le parcours du Maroc dans cette Coupe du Monde est impressionnant. Les Lions de l’Atlas ont décroché la première place dans un groupe composé d’équipes de taille, dont la Croatie (vice-championne du monde) et la Belgique (troisième au dernier Mondial). Une première depuis 36 ans.

En 1986, les Marocains s’étaient inclinés face à l’Allemagne (1-0). Cette fois-ci, face à l’Espagne (demi-finaliste du dernier Euro), l’objectif est clair : aller chercher, pour la première fois de leur histoire, une place en quarts de finale de la Coupe du Monde.

Tous derrière les Lions de l’Atlas

15h55. Tous les supporters marocains présents à Châtelet entonnent avec ferveur l’hymne national. Quelques secondes avant le coup d’envoi, l’un d’eux prend l’initiative de joindre les paumes de ses mains pour faire des douâas (invocations) et demander à Dieu d’apporter son aide aux Lions de l’Atlas. Invocations appuyées par les autres supporters, qui répondent en chœur « amin » (amen) à chacune d’elles.

Au coup de sifflet de l’arbitre, la tension est à son comble. Les supporters sifflent les premières touches de balle des Espagnols et applaudissent celles des Marocains. Quand les Lions de l’Atlas mènent une contre-attaque, ils les encouragent à distance en criant « sir, sir t’marqui ! » (allez, va marquer). Et viennent les cris de joie à la vue du dribble somptueux réalisé par Sofiane Boufal à la 22e minute.

Pendant plus de deux heures, les supporters du Mountakhab donnent de la voix. À la mi-temps, l’un d’eux dégaine même une darbouka – instrument à percussions très utilisé au Maroc – pour ambiancer le bar. Il ne passe pas une minute sans qu’un « dima Maghrib » émane de la foule, suivi de hurlements de joie.

18h40. Les deux nations ne sont pas parvenues à se départager en plus de 130 minutes de jeu. Place à la séance de tirs au but. « Je suis tellement stressé, on dirait que c’est moi qui vais tirer… » lâche, paniqué, un supporter marocain. Le public scande le nom du gardien Yassine Bounou pour l’encourager.

Une qualification historique fêtée de la plus belle des manières

18h46. Achraf Hakimi s’élance… panenka ! Moment de délivrance pour tout un peuple. De Doha à Rabat, en passant par Madrid, Bruxelles et évidemment Paris. Les supporters présents au Café Rive Droite sortent fêter la victoire du Maroc dans les rues de Châtelet.

Je n’ai jamais ressenti des émotions pareilles de toute ma vie

Tous se dirigent ensuite vers la ligne 1 pour se rendre aux Champs-Élysées. Fumigènes, drapeaux, chants, klaxons… Les supporters sont en transe. « Je n’ai jamais ressenti des émotions pareilles de toute ma vie », exulte un supporter marocain.

Des enfants, des jeunes hommes, des jeunes femmes, des plus âgés… Des gens qui ne se sont jamais vus de leur vie dansent ensemble et se prennent dans les bras. Certains ont grandi en France, d’autres ont grandi au bled, mais ils partagent tous cet amour pour leur pays d’origine.

Une victoire célébrée pour l’Afrique entière

Beaucoup de personnes originaires d’autres pays africains se sont joints aux Marocains pour les festivités. Sur les Champs, on voit évidemment défiler les drapeaux marocains, mais aussi ceux de l’Algérie, de la Tunisie ou encore du Sénégal. « J’ai pas les mots, je suis trop ému… Vive le Maroc », s’exclame un jeune homme portant un bonnet aux couleurs du Sénégal.

Cette qualification historique pour le Maroc est une victoire pour l’Afrique. Car c’est seulement la quatrième fois qu’un pays africain atteint les quarts de finale d’une Coupe du Monde.

Samedi, le Maroc affrontera le Portugal. À l’issue de ce match, une potentielle place en demi-finale du Mondial, encore jamais atteinte par une sélection africaine. Allez les Lions de l’Atlas, continuez de nous faire rêver !

Ayoub Simour

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