« Citoyennes et citoyens, sans oublier nos petits citoyens en herbe, faites donc couler l’encre de vos stylos ! » Le ton de la journée est donné dès la première ligne de cette nouvelle dictée pour tous. Il est 14 heures lorsque la chanteuse et humoriste Camille Lellouche donne le top départ aux 67 candidats venus s’affronter dans ce lieu symbolique qu’est la bibliothèque nationale de France. L’artiste aura aussi la tâche de lire le texte de texte Sonia Salhi, professeur de français, aux candidats.

Les participants répartis sur plusieurs tables blanches donnent l’impression de se retrouver dans une épreuve du baccalauréat. La concentration est à son maximum et les premières ratures apparaissent sur quelques copies.

Cette compétition est gratuite, initiée depuis 2013 par Abdellah Boudour, le fondateur de l’association force des mixités. Seule une inscription au préalable est nécessaire et quatre catégories ont été mises en place pour l’équilibrer et favoriser une diversité dans les profils (primaire, collège, lycée, adulte).

Ma fille a fait une belle dictée sans trop de fautes et ça apporte de la confiance aux enfants

Dans la grande salle réservée pour cette dictée, on remarque d’emblée plusieurs membres d’une famille regroupés tous ensemble autour d’une table. Venus avec leurs quatre enfants, Samira et Youssef ont effectué la dictée à Bondy pour la première fois il y a quelques semaines. Une expérience très appréciée. « Mes filles ont trouvé l’exercice très intéressant, elles étaient ravies et sont pressées de le refaire. On veut surtout donner envie aux enfants d’écrire et de bien savoir s’exprimer parce que c’est important », détaille avec un large sourire cette mère de famille. « Notre aînée est en CM2 et elle fait souvent des dictées donc c’est un bon exercice. En plus, elle a fait une belle dictée à Bondy sans trop de fautes et ça apporte de la confiance aux enfants », ajoute fièrement la jeune femme de 39 ans.

Des compétiteurs des quatre coins de l’Île-de-France

Un peu plus loin, au premier rang, deux adolescents patientent avant le coup d’envoi de la dictée. Bilal, 20 ans et Hatim,17 ans, originaires des Mureaux ont effectué leur première dictée la semaine dernière. Une expérience gagnante pour les deux jeunes hommes avec respectivement deux et quatre fautes. « J’ai vu une affiche à propos de la dictée pour tous et j’ai entraîné Hatim. En plus, je suis bon en orthographe et c’est important de savoir écrire correctement », relate Bilal, étudiant en licence informatique.

Je trouve ça enrichissant de pouvoir partager la culture française dans plusieurs villes

Dans les premiers rangs de la salle, Kenza et Martine sont en pleine discussion, mère et fille sont des habituées de l’exercice. Passionnée de poésie et de lecture, Kenza souhaite devenir professeur de français. « J’aime vraiment tout ce qui est rédaction, le français et la dictée est en adéquation mon projet professionnel. Je trouve ça enrichissant de pouvoir partager la culture française dans plusieurs villes », affirme la jeune femme de 19 ans.

À ses côtés, sa mère appuie son propos. « Elle a toujours été attirée par ces exercices quand elle était plus jeune, elle remportait souvent les concours de poésie », déclare celle qui effectue du soutien scolaire. Deux rangs plus loin, Zakaria trépigne d’impatience, le jeune homme aux cheveux noir ondulé a découvert le concours grâce à sa mère. « Maman a vu sur Facebook une information sur le concours et elle m’a dit vient, on va le faire et ça nous a plu. Pour la dictée de Noisy-le-Sec, j’ai eu 0 fautes et en plus, on gagne de beaux cadeaux », se réjouit ce collégien de 13 ans.

 

Un objectif commun : progresser en orthographe et en écriture

Si la bonne ambiance règne dans la salle entre les candidats. Tous expliquent vouloir mettre à profit cet exercice. Avec un double objectif : progresser en orthographe et en écriture. C’est le cas de Kahina. « Je veux vraiment m’exercer, car j’écris beaucoup et il faut que je travaille mon orthographe », glisse l’élève de 4ᵉ. Un discours similaire pour Ikrame. « J’aime le français et la grammaire et c’est une bonne occasion de m’entraîner. En plus j’ai eu l’occasion de faire le projet Voltaire (service en ligne de formation à l’orthographe et à l’expression) que je recommande absolument et ça m’a énormément aidée. »

Cette compétitrice dans l’âme regrette encore ses deux fautes lors de la précédente dictée à Noisy-le-Sec. Elle montre d’ailleurs sa dernière copie. « Regardez, c’étaient des fautes bêtes », reconnaît-elle en souriant.

Camille Lellouche, une lectrice enjouée

La lectrice du jour Camille Lellouche s’est employée pour aider les candidats. Liaisons très marquées, répétition de phrases et de paragraphes. Un exercice très apprécié par celle qui a grandi à Vitry-sur-Seine. « C’était vraiment trop cool, une très belle expérience. L’orthographe, c’est quelque chose qu’on pratique quotidiennement et c’est important d’être bien préparé à ça et d’avoir un bon niveau et j’ai essayé de les détendre ! », explique-t-elle.

À la fin des corrections, pour chaque catégorie, deux candidats sont à égalité chez les primaires. En effet, on assiste à une lutte acharnée entre Yasmine et Oweiss pour désigner le gagnant sous les yeux attendris de leurs parents. Et c’est Yasmine, 10 ans qui triomphe au grand dam d’Oweiss, consolé et encouragé par Abdellah Boudour. Mais à la dictée pour tous, les participants sont tous gagnants puisque plusieurs livres leur sont offerts à la sortie.

Aïssata Soumaré

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