Tout commence en 2005. Maria a alors 34 ans. Cette jeune mère de deux enfants, une fille et un garçon, consulte un endocrinologue suite à une grande prise de poids, dû notamment à un dérèglement de la thyroïde. Le Mediator lui est prescrit comme « coupe-faim » dès la première consultation. La posologie étant matin, midi et soir, elle voit son poids baisser progressivement, cependant des palpitations étranges apparaissent. C’est un traitement à vie auquel elle a affaire avec des ordonnances établies trois à six mois à l’avance.

Au début les consultations ont lieu tous les  trois mois. C’est à sa deuxième visite chez le médecin, que la jeune mère évoque ses fameuses palpitations. Le médecin diminue la posologie à deux comprimés par jour puis rapidement à un par jour. Le schéma est clair : chaque fois que le poids chute le médicament est supprimé et dès qu’il repart à la hausse, le Mediator lui est à nouveau prescrit.

Comme à son habitude, Maria se rend à la pharmacie afin de renouveler son traitement mais un jour de novembre 2009 on lui annonce que le Mediator n’est plus commercialisé. Elle ne comprend pas alors pourquoi son médecin ne l’en a pas informé. Elle subit donc une reprise de poids mais continue les consultations chez son endocrinologue et lui demande la raison pour laquelle ce médicament n’est plus commercialisé. Elle a droit à une réponse évasive et mais ne se soucie pas plus que ça de la situation. Elle a une totale confiance en son médecin. La vie continue son cours.

Mais la vie est parfois brutale, comme ce jour où Maria entend à la radio que le Médiator aurait pu atteindre son métabolisme. Des questions l’envahissent alors. Elle prend conscience que ce médicament a pu lui faire du mal. Dès cet instant, elle attribue chaque douleur, chaque anomalie dans son corps à ce médicament. Au mois de septembre 2010, elle fait une crise d’allergie à la pénicilline, un antibiotique, auquel elle n’avait jamais été allergique jusqu’ici. Dès que le scandale est apparu elle a tout de suite lié son allergie à des effets du Mediator. Sa crainte ne s’arrête pas là, dans les journaux, à la télé, elle évite le sujet pour ne pas s’inquiéter davantage encore. Au fond d’elle-même, elle le sait, il va falloir qu’elle agisse comme les 110 personnes qui ont porté plainte contre le laboratoire Servier. Elle ne sait pas de quoi demain sera fait, mais ce qu’elle sait par-dessus tout, c’est qu’elle est « victime » d’une pilule qui lui faisait du mal sans quelle s’en rende compte, et ceci depuis on longtemps.

Son objectif, pour les prochains jours, est de demander un historique de son dossier médical afin d’avoir assez de « preuves » pour porter plainte. En décembre 2010, elle a reçu un courrier de l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) lui conseillant vivement de consulter son médecin traitant afin de chercher tout symptôme ou signe évocateur d’une atteinte d’une valve cardiaque. Maria souffre en effet de forts essoufflements à l’effort ainsi que de fatigue inexpliquée. Cela la motive fortement dans sa démarche, même si elle appréhende un peu : « Je ne comprends pas, je n’étais pas comme ça avant… », dit-elle.

Le quotidien d’une victime, dans le cas du Mediator, est parsemé d’embuches. Est-ce que le médecin va accepter de lui donner son dossier médical ? Un agent de la sécurité sociale a en effet confié à Maria que les médecins étaient au courant de ce que pouvait provoquer ce médicament, tout comme le laboratoire, direz-vous. Sa démarche amènera-t-elle à quelque chose de concret ? En tant que fille, je la soutiendrai dans la mesure du possible car c’est une affaire à ne pas prendre a la légère, vu le nombre de décès qui s’est accru depuis quelques jours.

Jessica Fiscal

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