L’apologie du métissage pourrait se résumer au simple titre éloquent d’une chanson d’Idir, la France de toutes les couleurs, qui a fait le tour du monde.

La peur de l’autre. Le poids de la famille, des coutumes, des traditions, des mœurs, de la société, de la religion, se fait sentir même du côté des familles françaises et européennes et non pas seulement du côté des familles outre-Méditerranée.

Quand des familles originaires d’Afrique ou d’ailleurs veulent succomber à l’appel des sirènes, à l’origine des mariages arrangés ou des mariages forcés à la pelle, certaines familles françaises, européennes se confinent dans leur entre-soi pour préserver une prétendue couleur de peau qui les caractérise. L’Histoire des peuples s’est nourri des brassages de populations avant et depuis l’Antiquité. Aujourd’hui, les paramètres du refus de l’autre sont divers : ils relèvent d’une nature religieuse, ethnique aussi malgré des efforts pour y remédier. Se reconnaître comme des êtres humains qui appartiennent à l’Humanité et non classifiés selon une couleur de peau, devient un terrain ardu et scabreux à franchir pour l’accepter pour ceux qui s’y refusent. D’ailleurs, cette classification issue d’un imaginaire lié à la supériorité des peuples occidentaux sur les autres peuples, ne devrait plus exister car elle rend caduque tout progrès au sein d’une société sur un plan social, économique, politique, idéologique ou religieux pour d’autres. Le premier domaine colonial français marqué par l’esclavage et les traites, tirait les origines de cette classification stérile et criminelle en sus de raisons économiques liés aux richesses enfouies dans les pays sous le joug des pays occidentaux. Comment oublier aussi que le PIB de chaque pays occidental doit énormément à l’or, aux diamants, aux hydrocarbures que recèle l’Afrique ?

Prenons, ensuite, l’exemple illustre de l’armée de l’empire du Japon, qui bat celle du tsar de Russie, en 1905, et dont une défaite se déroula dans l’île de Sakhaline. Un immense séisme secoua l’autocratie russe car son armée posait les armes devant leurs ennemis d’antan dont l’expansion fut parachevée en Chine en 1895. C’était une immense secousse de sept sur l’échelle de Richter car les Russes qui évaluaient leur supériorité à leur couleur de peau aussi, se voyaient mis à mal devant cette défaite militaire hors norme, qui dépassait leur entendement.

Que penser de cette funeste idée de supériorité d’un peuple sur un autre si ce n’est qu’elle représente un long cortège sinistre, lugubre, funeste accompagné de son lot de problèmes relatif à l’intolérance, au racisme ?

Dépasser cet entre-soi

Au-delà des préjugés, des a-priori, nul ne peut ignorer la richesse des métissages. Il n’y a pas que les métissages culturels qui ont pignon sur rue. Les couples métissés ont de beaux jours devant eux s’ils accroissent leur nombre jour après jour. La responsabilité en incombe aux concernés qui aspirent à s’affranchir des codes socio-ethniques imposés par des familles par souci du qu’en dira-t-on, sans se préoccuper du bonheur de leurs enfants et de leurs futurs petits-enfants. Des espaces de dialogue et d’échange auraient tout à gagner pour promouvoir l’échange d’expériences réussies à ce sujet. Ainsi, lutter contre cette machine des rumeurs sera possible de manière étendue et généralisée. Tant que les uns et les autres resteront confinés dans leur entre-soi, rien de positif ne peut aboutir. Les métissages sont au cœur d’une problématique qui peut être résolue. Éviter les frictions, les divisions, la désunion, ne peut s’effectuer que dans l’existence d’un projet commun et partagé en vue de désinhiber certaines personnes dominés par leur peur de l’autre. Sur la question des métissages, il s’avère nécessaire d’y travailler dans les écoles dès la plus tendre enfance des élèves afin de leur transmettre de manière constructive, année après année, les bienfaits des métissages.

Pour que diversité se décline en divercité, il est nécessaire de s’y pencher et de chercher à résoudre cette équation de l’altérité tant décriée. Une société riche de métissages ne peut qu’être un exemple de progrès et de bonheur à grande échelle.

L’amour, plus fort que les préjugés

Lutter contre les préjugés demeure un combat de tous les instants. Quand cette lutte revêt la forme de l’amour, elle n’en est que plus belle et plus admirable aux yeux d’autrui. Le temps où les parents devraient laisser leurs enfants choisir pour eux-mêmes, est loin d’être acquis. C’est pourquoi, un travail en amont sur les préjugés des parents au sujet des métissages, s’avère plus que nécessaire. Ce ne sont pas les parents qui souffrent mais les enfants et leur progéniture lorsque leurs enfants se voient imposer un mariage arrangé ou un mariage forcé. Dans les familles africaines, les femmes en font plus souvent les frais que les hommes. Ne vaudrait-il mieux pas que les femmes, comme les hommes, de tout horizon, s’affranchissent du carcan véhiculé par les traditions, les coutumes, la famille, la société pour promouvoir des métissages à grande échelle ?

Ouafia Djebien

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